DEVANT UNE COLONNE BLANCHE D'ÉGLISE
Oublies-tu que je me souviens ?
non ! souviens-toi que je t'oublie
Amour la moitié de ma vie
amour... que serai-je demain ?
De l'autre côté de la vie,
de l'autre côté des douleurs,
dans la cathédrale pâlie
haletant après l'heure et l'heure
les colonnes ainsi que des scies
oblitèrent jusqu'à mon cœur.
Doux Sang de Dieu ! vous, à mes pieds ?
le reste de moi, la colonne !
faible et dressé, je Vous le donne :
puisse-t-il servir de colombier
au Saint Époux de la Madone.
Tremble ! tout pardonné je me dresse et je tremble !
affliction d'un dieu ! c'était avant ma mort !
le désir n'était plus : son image est le temple
et la colonne blanche a les pieds dans mon sort.
Douce mère de Dieu !... serais-je encor vivant ?
Colonne, par le temps ! et moi, par mon martyre !
quoi ! vous êtes de pierre ! je le serais, sans Dieu !
La colonne trembla quand Jésus fut martyr,
moi je tremble et des pleurs me viennent vers les yeux
quand le chaud vent de Dieu me vient de l'infini.
Tressaillez ! au-delà de l'atteinte des mains
notre vie à tous deux se repose et s'éteint,
avec précaution vit et meurt et revit.
Pour mon puissant amour et mon plus fort dédain
comme on verrait dans un vaste miroir sans tain
s'attirer et se nuire des poules bigarrées
je vois le lys profond, la rose qui succombe
au poids fécond de ses entrailles, ...
circuler le touriste, photographe égaré
parmi l'herbe fleurie des tombes.
Je suis mourant d'avoir compris
que notre terre n'est d'aucun prix.
DELANTE DE LA COLUMNA BLANCA DE UNA IGLESIA
¿Olvidas que me acuerdo?
¡no! recuerda que te olvido
Amor la mitad de mi vida
amor... ¿qué seré yo mañana?
Del otro lado de la vida
Del otro lado de los dolores,
en la catedral empalidecida
en vilo por la hora y la hora
las columnas como sierras
me obliteran hasta el corazón.
¡Dulce Sangre de Dios! ¿Tú, a mis pies?
el resto de mí, ¡la columna!
débil y erguido, te lo entrego:
que ojalá sirva de palomar
al Santo Esposo de la Madona.
¡Tiemblo! ¡Del todo perdonado, me levanto y tiemblo!
¡aflicción de un dios! ¡era antes de mi muerte!
el deseo ya no existía: su imagen es el templo
y la columna blanca posa sus pies en mi destino.
¡Dulce madre de Dios!... ¿sigo estando aún vivo?
¡Columna, por el tiempo! ¡y yo, por mi martirio!
¿Cómo? ¡estás hecha de piedra! ¡sin Dios, también yo lo estaría!
La columna tembló cuando Jesús fue mártir,
yo tiemblo y las lágrimas me brotan de los ojos
cuando el cálido viento de Dios me llega desde el infinito.
¡Estremézcanse! más allá del alcance de las manos
la vida de nosotros dos descansa y se apaga,
con precaución vive y muere y vuelve a vivir.
Por mi más fuerte amor y mi desdén más fuerte
como uno vería en un vasto espejo de dos caras
gallinas coloridas que se acercan y se atacan
veo el lirio profundo, la rosa que sucumbe
bajo el peso fecundo de sus entrañas, ...
el turista que deambula, fotógrafo perdido
entre la hierba florecida de las tumbas.
Estoy muriéndome por haber comprendido
que nuestra tierra no cuenta para nada.
Traducción, para Literatura & Traducciones, de Miguel Ángel Frontán