jueves, 26 de junio de 2025

Stéphane Mallarmé y Tomás Segovia: Tristeza de verano

 

TRISTESSE D’ÉTÉ

Le soleil, sur le sable, ô lutteuse endormie,

En l’or de tes cheveux chauffe un bain langoureux

Et, consumant l’encens sur ta joue ennemie,

Il mêle avec les pleurs un breuvage amoureux.

 

De ce blanc flamboiement l’immuable accalmie

T’a fait dire, attristée, ô mes baisers peureux

“Nous ne serons jamais une seule momie

Sous l’antique désert et les palmiers heureux !”

 

Mais la chevelure est une rivière tiède,

Où noyer sans frissons l’âme qui nous obsède

Et trouver ce Néant que tu ne connais pas.

 

Je goûterai le fard pleuré par tes paupières,

Pour voir s’il sait donner au coeur que tu frappas

L’insensibilité de l’azur et des pierres.

STÉPHANE MALLARMÉ

TRISTEZA DE VERANO


El sol, sobre la arena, luchadora dormida,

En tus cabellos de oro caldea un baño lánguido

Y, consumiendo incienso en tu enemigo pómulo,

Entremezcla a los llantos un brebaje amoroso.

 

Del blanco llamear la calma inamovible

Te hizo, triste, decir, oh mis besos miedosos,

"No seremos los dos nunca una sola momia

Bajo el desierto antiguo y las palmas dichosas."

 

Pero tu cabellera es como un río tibio

Donde ahogar sin temblores la obsesión de nuestra alma

Y encontrar esa Nada que no conoces tú.

 

Probaré los afeites llorados por tus párpados,

A ver si saben dar al corazón que heriste

La insensibilidad del cielo y de las piedras.

Traducción de TOMÁS SEGOVIA