domingo, 30 de julio de 2023

Santa Teresa de Lisieux y Emeterio García Setién: Por qué te amo, María

POURQUOI JE T'AIME, Ô MARIE !

 

Dernière poésie de Sœur Thérèse de l'Enfant-Jésus.

Air: La plainte du Mousse.

Oh! je voudrais chanter, Mère, pourquoi je t'aime!

Pourquoi ton nom si doux fait tressaillir mon cœur!

Et pourquoi de penser à ta grandeur suprême

Ne saurait à mon âme inspirer de frayeur.

Si je te contemplais dans ta sublime gloire,

Et surpassant l'éclat de tous les bienheureux;

Que je suis ton enfant, je ne pourrais le croire...

Marie, ah! devant toi je baisserais les yeux.

 

Il faut, pour qu'un enfant puisse chérir sa mère,

Qu'elle pleure avec lui, partage ses douleurs.

O Reine de mon cœur, sur la rive étrangère,

Pour m'attirer à toi, que tu versas de pleurs!

En méditant ta vie écrite en l'Evangile,

J'ose te regarder et m'approcher de toi;

Me croire ton enfant ne m'est pas difficile,

Car je te vois mortelle et souffrant comme moi.

 

Lorsqu'un Ange des cieux t'offre d'être la Mère

Du Dieu qui doit régner toute l'éternité,

Je te vois préférer, quel étonnant mystère!

L'ineffable trésor de la virginité.

Je comprends que ton âme, ô Vierge immaculée,

Soit plus chère au Seigneur que le divin séjour.

Je comprends que ton âme, humble et douce vallée,

Contienne mon Jésus, l'Océan de l'amour!

 

Je t'aime, te disant la petite servante

Du Dieu que tu ravis par ton humilité.

Cette grande vertu te rend toute-puissante,

Elle attire en ton cœur la Sainte Trinité!

 

Alors l'Esprit d'amour te couvrant de son ombre,

Le Fils égal au Père en toi s'est incarné...

De ses frères pécheurs bien grand sera le nombre,

Puisqu'on doit l'appeler: Jésus, ton premier-né!

 

Marie, ah! tu le sais, malgré ma petitesse,

Comme toi je possède en moi le Tout-Puissant.

Mais je ne tremble pas en voyant ma faiblesse:

Le trésor de la Mère appartient à l'enfant...

Et je suis ton enfant, ô ma Mère chérie!

Tes vertus, ton amour ne sont-ils pas à moi?

Aussi, lorsqu'en mon cœur descend la blanche Hostie,

Jésus, ton doux Agneau, croit reposer en toi!

 

Tu me le fais sentir, ce n'est pas impossible

De marcher sur tes pas, ô Reine des élus!

L'étroit chemin du ciel, tu l'as rendu visible

En pratiquant toujours les plus humbles vertus.

Marie, auprès de toi j'aime à rester petite;

Des grandeurs d'ici-bas je vois la vanité.

Chez sainte Elisabeth recevant ta visite,

J'apprends à pratiquer l'ardente charité.

 

Là, j'écoute à genoux, douce Reine des Anges,

Le cantique sacré qui jaillit de ton cœur;

Tu m'apprends à chanter les divines louanges,

A me glorifier en Jésus, mon Sauveur.

Tes paroles d'amour sont de mystiques roses

Qui doivent embaumer les siècles à venir:

En toi, le Tout-Puissant a fait de grandes choses:

Je veux les méditer, afin de l'en bénir.

 

Quand le bon saint Joseph ignore le miracle

Que tu voudrais cacher dans ton humilité,

Tu le laisses pleurer tout près du tabernacle

Qui voile du Sauveur la divine beauté.

Oh! que je l'aime encor ton éloquent silence!

Pour moi, c'est un concert doux et mélodieux

Qui me dit la grandeur et la toute-puissance

D'une âme qui n'attend son secours que des cieux...

 

Plus tard, à Bethléem, ô Joseph, ô Marie,

Je vous vois repoussés de tous les habitants;

Nul ne veut recevoir en son hôtellerie

De pauvres étrangers... la place est pour les grands!

La place est pour les grands, et c'est dans une étable

Que la Reine des cieux doit enfanter un Dieu.

O Mère du Sauveur, que je te trouve aimable!

Que je te trouve grande en un si pauvre lieu!

 

Quand je' vois l'Eternel enveloppé de langes,

Quand, du Verbe divin, j'entends le faible cri...

Marie, à cet instant, envierais-je les Anges?

Leur Seigneur adorable est mon Frère chéri!

Oh! que je te bénis, toi qui sur nos rivages

As fait épanouir cette divine Fleur!

Que je t'aime, écoutant les bergers et les mages,

Et gardant avec soin toute chose en ton cœur!

 

Je t'aime, te mêlant avec les autres femmes

Qui, vers le Temple saint, ont dirigé leurs pas;

Je t'aime, présentant le Sauveur de nos âmes

Au bienheureux vieillard qui le presse en ses bras;

D'abord en souriant j'écoute son cantique;

Mais bientôt ses accents me font verser des pleurs...

Plongeant dans l'avenir un regard prophétique,

Siméon te présente un glaive de douleurs!

 

O Reine des martyrs, jusqu'au soir de ta vie

Ce glaive douloureux transpercera ton cœur.

Déjà tu dois quitter le sol de ta patrie,

Pour éviter d'un roi la jalouse fureur.

Jésus sommeille en paix sous les plis de ton voile,

Joseph vient te prier de partir à l'instant;

Et ton obéissance aussitôt se dévoile:

Tu pars sans nul retard et sans raisonnement.

 

Sur la terre d'Egypte, il me semble, ô Marie,

Que dans la pauvreté ton cœur reste joyeux;

Car Jésus n'est-il pas la plus belle patrie?

Que t'importe l'exil?... Tu possèdes les cieux

Mais à Jérusalem une amère tristesse,

Comme un vaste océan, vient inonder ton cœur...

Jésus, pendant trois jours, se cache à ta tendresse.

Alors c'est bien l'exil dans toute sa rigueur!

 

Enfin tu l'aperçois, et l'amour te transporte...

Tu dis au bel Enfant qui charme les Docteurs:

«O mon Fils, pourquoi donc agis-tu de la sorte?

«Voilà ton père et moi qui te cherchions en pleurs!...»

Et l'Enfant-Dieu répond—oh! quel profond mystère!—

A la Mère qu'il aime et qui lui tend les bras:

«Pourquoi me cherchiez-vous?... Aux œuvres de mon Père

«Je dois penser déjà!... Ne ne le savez-vous pas?»

 

L'Evangile m'apprend que, croissant en sagesse,

A Marie, à Joseph, Jésus reste soumis;

Et mon cœur me révèle avec quelle tendresse

Il obéit toujours à ses parents chéris.

Maintenant je comprends le mystère du Temple,

La réponse, le ton de mon aimable Roi:

Mère, ce doux Enfant veut que tu sois l'exemple

De l'âme qui le cherche en la nuit de la foi...

 

Puisque le Roi des Cieux a voulu que sa Mère

Fût soumise à la nuit, à l'angoisse du cœur,

Alors, c'est donc un bien de souffrir sur la terre?

Oui!... souffrir en aimant, c'est le plus pur bonheur!

Tout ce qu'il m'a donné, Jésus peut le reprendre,

Dis-lui de ne jamais se gêner avec moi;

Il peut bien se cacher, je consens à l'attendre

Jusqu'au jour sans couchant où s'éteindra ma foi.

 

Je sais qu'à Nazareth, Vierge pleine de grâces,

Tu vis très pauvrement, ne voulant rien de plus;

Point de ravissements, de miracles, d'extases

N'embellissent ta vie, ô Reine des élus!

Le nombre des petits est bien grand sur la terre,

Ils peuvent, sans trembler, vers toi lever les yeux;

Par la commune voie, incomparable Mère,

Il te plaît de marcher pour les guider aux cieux!

 

Pendant ce triste exil, ô ma Mère chérie,

Je veux vivre avec toi, te suivre chaque jour;

Vierge, en te contemplant je me plonge ravie,

Découvrant dans ton cœur des abîmes d'amour!

Ton regard maternel bannit toutes mes craintes:

Il m'apprend à pleurer, il m'apprend à jouir.

Au lieu de mépriser les jours de fêtes saintes,

Tu veux les partager, tu daignes les bénir.

 

Des époux de Cana voyant l'inquiétude

Qu'ils ne peuvent cacher, car ils manquent de vin,

Au Sauveur tu le dis, dans ta sollicitude,

Espérant le secours de son pouvoir divin.

Jésus semble d'abord repousser ta prière:

«Qu'importe, répond-il, femme, à vous comme à moi?»

Mais, au fond de son cœur il te nomme sa Mère,

Et son premier miracle il l'opère pour toi!

 

Un jour que les pécheurs écoutent la doctrine

De Celui qui voudrait au ciel les recevoir:

Je te trouve avec eux, Mère, sur la colline;

Quelqu'un dit à Jésus que tu voudrais le voir.

Alors ton divin Fils, devant la foule entière,

De son amour pour nous montre l'immensité;

Il dit: «Quel est mon frère, et ma sœur, et ma mère,

«Si ce n'est celui-là qui fait ma volonté?»

 

O Vierge immaculée, ô Mère la plus tendre!

En écoutant Jésus tu ne t'attristes pas,

Mais tu te réjouis qu'il nous fasse comprendre

Que notre âme devient sa famille ici-bas.

Oui, tu te réjouis qu'il nous donne sa vie,

Les trésors infinis de sa Divinité!

Comment ne pas t'aimer, te bénir, ô Marie!

Voyant, à notre égard, ta générosité?...

 

Tu nous aimes vraiment comme Jésus nous aime,

Et tu consens pour nous à t'éloigner de lui.

Aimer, c'est tout donner, et se donner soi-même:

Tu voulus le prouver en restant notre appui.

Le Sauveur connaissait ton immense tendresse,

Il savait les secrets de ton cœur maternel...

Refuge des pécheurs, c'est à toi qu'il nous laisse

Quand il quitte la croix pour nous attendre au ciel!

 

Tu m'apparais, Marie, au sommet du Calvaire,

Debout, près de la Croix, comme un prêtre à l'autel;

Offrant, pour apaiser la justice du Père,

Ton bien-aimé Jésus, le doux Emmanuel.

Un prophète l'a dit, ô Mère désolée:

«Il n'est pas de douleur semblable à ta douleur!»

O Reine des martyrs, en restant exilée,

Tu prodigues pour nous tout le sang de ton cœur!

 

La maison de saint Jean devient ton seul asile;

Le fils de Zébédée a remplacé Jésus!

C'est le dernier détail que donne l'Evangile:

De la Vierge Marie il ne me parle plus...

Mais son profond silence, ô ma Mère chérie,

Ne révèle-t-il pas que le Verbe éternel

Veut lui-même chanter les secrets de ta vie

Pour charmer tes enfants, tous les élus du ciel?

 

Bientôt je l'entendrai cette douce harmonie;

Bientôt, dans le beau ciel, je vais aller te voir!

Toi qui vins me sourire au matin de ma vie,

Viens me sourire encor... Mère, voici le soir!

Je ne crains plus l'éclat de ta gloire suprême;

Avec toi j'ai souffert... et je veux maintenant

Chanter sur tes genoux, Vierge, pourquoi je t'aime.....

Et redire à jamais que je suis ton enfant!

Mai 1897.

POR QUÉ TE AMO, MARÍA


Cantar, Madre, quisiera

por qué te amo .

Por qué tu dulce nombre

me hace saltar de gozo el corazón,

y por qué el pensamiento de tu suma grandeza

a mi alma no puede inspirarle temor.

Si yo te contemplase en tu sublime gloria,

muy más brillante sola

que la gloria de todos los elegidos juntos,

no podría creer que soy tu hija,

María, en tu presencia bajaría los ojos...

 

Para que una hija pueda a su madre querer,

es necesario que ésta sepa llorar con ella,

que con ella comparta sus penas y dolores.

¡Oh dulce Reina mía,

cuántas y amargas lágrimas lloraste en el destierro

para ganar mi corazón, oh Reina!

Meditando tu vida

tal como la describe el Evangelio,

yo me atrevo a mirarte y hasta a acercarme a ti.

No me cuesta creer que soy tu hija,

cuando veo que mueres,

cuando veo que sufres

como yo.

 

Cuando un ángel del cielo te ofrece ser la Madre

de un Dios que ha de reinar eternamente,

veo que tú prefieres, ¡oh asombroso misterio!,

el tesoro inefable de la virginidad.

Comprendo que tu alma, inmaculada Virgen,

le sea a Dios más grata

que su propia morada de los cielos.

Comprendo que tu alma, humilde y dulce valle,

contenga a mi Jesús, océano de amor.

 

Te amo cuando proclamas

que eres la siervecilla del Señor,

del Señor a quien tú con tu humildad cautivas.

Esta es la gran virtud que te hace omnipotente

y a tu corazón lleva la Santa Trinidad.

Entonces el Espíritu, Espíritu de amor,

te cubre con su sombra,

y el Hijo, igual al Padre,

se encarna en ti...

¡Muchos habrán de ser

sus hermanos

pecadores

para que se le llame: Jesús, tu primogénito!

 

María, tú lo sabes: como tú,

no obstante ser pequeña, poseo y tengo en mí

al todopoderoso.

Mas no me asuste mi gran debilidad,

pues todo los tesoros de la madre

son también de la hija,

y yo soy hija tuya, Madre mía querida.

¿Acaso no son mías tus virtudes

y tu amor también mío?

Así, cuando la pura y blanca Hostia

baja a mi corazón,

tu Cordero, Jesús, sueña estar reposando

en ti misma, María.

 

Tú me haces comprender, ¡oh Reina de los santos!,

que no me es imposible caminar tras tus huellas.

Nos hiciste visible

el estrecho camino que va al cielo

con la constante práctica de virtudes humildes.

Imitándote a ti,

permanecer pequeña es mi deseo,

veo cuán vanas son las riquezas terrenas.

Al verte ir presurosa a tu prima Isabel,

de ti aprendo, María,

a practicar la caridad ardiente.

 

En casa de Isabel escucho, de rodillas,

el cántico sagrado, ¡oh Reina de los ángeles!,

que de tu corazón brota exaltado.

Me enseñas a cantar los loores divinos,

a gloriarme en Jesús, mi Salvador.

Tus palabras de amor son las místicas rosas

que envolverán en su perfume vivo

a los siglos futuros.

En ti el Omnipotente obró sus maravillas,

yo quiero meditarlas y bendecir a Dios.

 

A san José, que ignora

el milagro asombroso

que en tu humildad quisieras ocultar,

tú le dejas llorar cerca del tabernáculo

donde se oculta y vela

la divina beldad del Salvador.

¡Oh, cuánto amo, María, tu elocuente silencio!

Es para mí un concierto muy dulce y melodioso,

que canta a mis oídos la grandeza,

y hasta la omnipotencia,

de un alma que su auxilio sólo del cielo espera...

 

Luego, en Belén, os veo, ¡oh María y José!,

rechazados por todos.

Nadie quiere acoger en su posada

a dos pobres y humildes forasteros.

¡Sólo para los grandes tienen sitio...!

Y en un establo mísero, rudo y destartalado,

tiene que dar a luz la Reina de los cielos

a su Hijo Dios.

¡Madre del Salvador,

qué amable me pareces, qué grande me pareces

en tan pobre lugar!

 

Cuando veo al Eterno envuelto en los pañales

y oigo el tierno vagido del Verbo entre las pajas,

¿podría yo, María, en ese instante,

envidiar a los ángeles?

¡Su Señor adorable es mi hermano querido!

¡Cómo te amo, María, cuando en nuestra ribera

abres para nosotros esa divina Flor!

¡Cómo te amo, Virgen, cuando escuchas

a los simples pastores, y a los magos,

y guardas y meditas todo eso

dentro del corazón!

 

Te amo cuando te mezclas con las demás mujeres

que dirigen sus pasos al templo del Señor.

Te amo cuando presentas al Niño que nos salva

al venerable anciano que le toma en sus brazos.

Al principio yo escucho sonriendo

su cántico, mas pronto sus acentos

hacen correr mis lágrimas.

Hundiendo en el futuro su mirada profética,

Simeón te presenta la espada del dolor.

 

¡Oh Reina de los mártires, la espada dolorosa

traspasará tu pecho

hasta la tarde misma de tu vida!

Ya te ves obligada

a abandonar el suelo de tu patria

por escapar, huyendo,

del furor sanguinario de un envidioso rey.

Jesús duerme tranquilo

bajo los suaves pliegues de tu velo

cuando José te advierte que hay que partir aprisa.

Y es pronto tu obediencia:

tú partes sin demora y sin razonamientos.

 

En la tierra de Egipto, me parece, ¡oh María!,

que, a pesar de vivir en la suma pobreza,

lleno de gozo y paz vive tu corazón.

¿Qué te importa el destierro? ¿No es, acaso, Jesús

la patria de las patrias, la más bella?

Poseyéndole a él, tú posees el cielo.

Mas en Jerusalén, una amarga tristeza

te envuelve y, como un mar, tu corazón inunda.

Por tres días Jesús se esconde a tu ternura,

y entonces si, sobre tu vida cae

un oscuro, implacable, riguroso destierro.

 

Por fin logras hallarle, y al tenerle,

rompe tu corazón en transporte amoroso.

Y le dices al Niño, encanto de doctores:

“Hijo mío, ¿por qué has obrado así?

Tu padre y yo, con lágrimas, te estábamos buscando”.

Y el Niño Dios responde, ¡oh profundo misterio!,

a la Madre querida que hacia él tiende los brazos:

“¿A qué buscarme, Madre? ¿No sabías, acaso,

que en las cosas que son del Padre mío

he de ocuparme ya?”

 

Me enseña el Evangelio que sumiso

a María y José permanece Jesús,

mientras crece en sabiduría.

¡Y el corazón me dice

con qué inmensa ternura a sus padres queridos

él obedece siempre!

Ahora es cuando comprendo el misterio del templo,

las palabras ocultas del amable Rey mío:

Tu dulce Niño, Madre,

quiere que seas tú el ejemplo vivo

del alma que le busca

a oscuras, en la noche de la fe.

 

Puesto que el Rey del cielo quiso ver a su Madre

sometida a la noche,

sometida a la angustia

del corazón,

¿será, acaso, merced sufrir aquí en la tierra?

¡Oh, sí...! ¡Sufrir amando es la dicha más pura!

Puede tomar de nuevo Jesús lo que me ha dado,

dile que por mí nunca se moleste.

Puede, si a bien lo tiene, esconderse de mí,

me resigno a esperarle

hasta que llegue el día sin ocaso

en el que para siempre se apagará mi fe...

 

Yo sé que en Nazaret, Virgen llena de gracia,

viviste pobremente sin ambición de más.

Ni éxtasis ni raptos ni milagros

tu vida hermosearon, ¡Reina de los electos!

Muchos son en la tierra los pequeños,

y ellos pueden alzar, sin miedo, a ti los ojos.

Por el común camino, oh Madre incomparable,

caminas tú, guiándonos al cielo!

 

Vivir contigo quiero, Madre amada,

a la espera del cielo,

seguirte en el destierro día a día.

En tu contemplación yo me hundo absorta,

y de tu inmenso corazón descubro

los abismos de amor.

Tu maternal mirada desvanece mis miedos,

y me enseña a llorar, y me enseña a reír.

Lejos de despreciar las fiestas de la tierra,

las fiestas que son santas,

tú, Madre, las comparte y bendices.

 

Al ver que los esposos de Caná

no pueden ocultar al gran apuro

en que se encuentran por faltarles vino,

con maternal solicitud acudes

al Salvador, tu Hijo,

de su poder divino esperando la ayuda.

Jesús parece rechazar tu súplica

en un primer momento:

“Mujer, ¿qué nos importa esto a ti y a mí?”

Mas de su corazón allá en el fondo

madre suya te llama,

y para ti y por ti Jesús realiza

su milagro primero.

 

Te veo un día, Madre, en la colina,

entre los pecadores que escuchan la palabra

de aquel que más nadie

desea recibirles a todos en el cielo.

Alguien dice a Jesús que quieres verle.

Entonces él, Hijo divino tuyo, ante la gente

muestra lo inmensamente que nos ama:

“¿Quién es mi hermano —dice—, quién mi hermana,

y mi madre quién es, sino el que cumple

mi voluntad en todo?”

 

Al escucharle, tú, Virgen Inmaculada,

¡oh Madre, la más tierna!,

no te entristeces, antes bien te alegras

de que nos haga comprender entonces

que aquí abajo, en la tierra, nuestra alma

se hace familia suya.

¡Oh, sí, te alegras, Virgen, de que él nos dé su vida,

el tesoro infinito de su divinidad!

¿Cómo no amarte y bendecirte, viendo

en ti tanto amor, tanta humildad?

 

Tú nos amas, María, como Jesús nos ama,

por nosotros aceptas verte alejada de él.

Amar es darlo todo, darse incluso a sí mismo:

quisiste demostrarlo quedando con nosotros

como fuerte y visible ayuda nuestra.

¡Conocía Jesús tus íntimos secretos

y la inmensa ternura

de tu divino corazón de madre!

Te nos dejó a nosotros,

como refugio fiel de pecadores,

cuando, para esperarnos en el cielo,

abandonó la cruz.

 

Te me apareces, Virgen,

en la sombría cumbre del Calvario,

de pie junto a la cruz,

igual que un sacerdote en el altar,

ofreciendo tu Víctima,

tu Jesús amadísimo,

nuestro dulce Emmanuel,

para desenfadar la justicia del Padre.

Un profeta lo dijo, ¡oh Madre desolada!:

“¡No hay dolor semejante a tu dolor!”

¡Oh Reina de los mártires, quedando en el destierro,

prodigas por nosotros

toda la sangre de tu corazón!

 

La casa de San Juan se hace tu único asilo,

de Zebedeo el hijo reemplaza a tu Jesús...

Y es éste ya el último detalle

que nos da el Evangelio,

de la Virgen María no vuelve ya a hablar más.

Pero, Madre querida, su silencio profundo

¿acaso no revela

que el Verbo eterno —él mismo— cantar quiere

de tu vida los íntimos secretos,

para gozosa gloria de tus hijos,

los santos moradores de la patria del cielo?

 

Yo escucharé muy pronto esa dulce armonía,

iré muy pronto a verte en el hermoso cielo.

Tú que viniste a sonreírme, Madre,

en la suave mañana de mi vida,

ven otra vez a sonreírme ahora...,

pues ha llegado ya de mi vida la tarde.

No temo el resplandor de tu gloria suprema,

he sufrido contigo,

y ahora quiero

cantar en tus rodillas, Virgen, por qué te amo

¡y repetir por siempre y para siempre

que yo soy hija tuya...!

 

SANTA TERESA DEL NIÑOJESÚS Y DE LA SANTA FAZ
Versión de EMETERIO GARCÍA SETIÉN


sábado, 8 de julio de 2023

J.R.R. Tolkien, Matilde Horne y Daniel Lauzon: The Song of Treebeard

THE SONG OF TREEBEARD

 

In the willow-meads of Tasarinan I walked in the Spring.

Ah! the sight and the smell of the Spring in Nan-tasarion!

And I said that was good.

I wandered in Summer in the elm-woods of Ossiriand.

Ah! the light and the music in the Summer by the Seven Rivers of Ossir!

And I thought that was best. To the beeches of Neldoreth I came in the Autumn.

Ah! the gold and the red and the sighing of leaves in the Autumn in Taur-na-neldor!

It was more than my desire.

To the pine-trees upon the highland of Dorthonion I climbed in the Winter.

Ah! the wind and the whiteness and the black branches of Winter upon Orod-na-Thôn!

My voice went up and sang in the sky.

And now all those lands lie under the wave,

And I walk in Ambaróna, in Tauremorna, in Aldalómë,

In my own land, in the country of Fangorn,

Where the roots are long,

And the years lie thicker than the leaves

In Tauremornalómë.


J.R.R. TOLKIEN

The Lord of the Rings. The Two Towers.

LA CANCIÓN DE BÁRBOL


En los sauzales de Tasarinan yo me paseaba en primavera.

¡Ah, los colores y el aroma de la primavera en Nantasarion!

Y yo dije que aquello era bueno.

Recorrí en el verano los olmedos de Ossiriand.

¡Ah, la luz y la música en el verano junto a los Siete Ríos de Ossir!

Y yo pensé que aquello era mejor.

A los hayales de Neldoreth vine en el otoño.

¡Ah, el oro y el rojo y el susurro de las hojas en el otoño de Taur-na-neldor!

Yo no había deseado tanto.

A los pinares de la meseta de Dorthnion subí en el invierno.

¡Ah, el viento y la blancura y las ramas negras del invierno en Orod-na-Thón!

Mi voz subió y cantó en el cielo.

Y todas aquellas tierras yacen ahora bajo las olas,

y caminé por Ambarona, y Taremorna, y Aldalómë,

y por mis propias tierras, el país de Fangorn,

donde las raíces son largas.

Y los años se amontonan más que las hojas

en Tauremornalómë.

Traducción de MATILDE HORNE

 

LA CHANSON DE BARBEBOIS

 

Je marchais au Printemps dans les saulaies de Tasarinan.

Ah ! splendeurs et parfums du Printemps de Nan-tasarion !

Et je disais que c’était bien.

J’errais en Été dans les ormaies de l’Ossiriand.

Ah ! lumière et musique de l’Été des sept rivières d’Ossir !

Et je ne trouvais pas mieux.

Aux hêtraies de Neldoreth, je venais en Automne.

Ah ! le rouge et l’or et le soupir des feuilles de l’Automne de Taur-na-neldor !

C’était plus qu’il ne m’en fallait.

Aux pinèdes du haut Dorthonion, je montais en Hiver.

Ah ! la bise, la blancheur, les branches noires de l’Hiver d’Orod-na-Thôn !

Ma voix s’élevait et chantait dans le ciel.

Et désormais, toutes ces terres gisent sous les flots,

Et je marche à Ambaróna, à Tauremorna, à Aldalómë,

Dans ma contrée, au pays de Fangorn,

Où les racines sont longues,

Où les années s’étendent plus épaisses que les feuilles

À Tauremornalómë.

 

Traduction de DANIEL LAUZON