LA PEAU DU FANTÔME
Je traîne mon espoir avec mon sac de clous,
je traîne mon espoir étranglé à tes pieds,
toi qui n'es pas encore,
et moi qui ne suis plus.
Je traîne un sac de clous sur la grève de feu
en chantant tous les noms que je te donnerai
et ceux que je n'ai plus.
Dans la baraque, elle pourrit, la loque
où ma vie palpitait jadis ;
toutes les planches furent clouées,
il est pourri sur sa paillasse
avec ses yeux qui ne pouvaient te voir,
ses oreilles sourdes à ta voix,
sa peau trop lourde pour te sentir
quand tu le frôlais,
quand tu passais en vent de maladie.
Et maintenant j'ai dépouillé la pourriture,
et tout blanc je viens en toi,
ma peau nouvelle de fantôme
frissonne déjà dans ton air.
LA PIEL DEL FANTASMA
Arrastro mi esperanza con mi bolsa de clavos,
arrastro mi esperanza estrangulada a tus pies,
tú que aún no eres,
y yo que ya no soy.
Arrastro una bolsa de clavos por el arenal de fuego
mientras canto todos los nombres que voy a darte
y los que ya no tengo.
En el cobertizo se pudre el guiñapo
en el que antaño palpitaba mi vida;
todas las tablas están clavadas
y se pudre en el jergón
con sus ojos que no podían verte,
sus oídos sordos a tu voz,
su piel demasiado tosca para sentirte
cuando lo rozabas,
cuando pasabas como una ráfaga de enfermedad.
Y ahora me he despojado de la podredumbre,
y todo blanco entro en ti,
mi piel flamante de fantasma
se estremece ya en tu aire.
Traducción, para Literatura & Traducciones, de Carlos Cámara y Miguel Ángel Frontán