DOS POEMAS DE PLAIN-CHANT
Lecho de amor: detente. Bajo tus altas
sombras,
al tendernos, zarpamos. Allá abajo se
quedan
nuestros pies obedientes. Son caballos
que a veces,
lado a lado dormidos, entrelazan sus
cuellos.
***
Nada me da más miedo que la calma engañosa
de un semblante dormido;
tu sueño es un Egipto donde tú eres la
momia
con su máscara de oro.
¿Qué mira tu mirada bajo el rico atavío
de una reina que muere,
deshecha y repintada por la noche de
amor,
negra embalsamadora?
Abandona, oh mi reina, oh mi pato
salvaje,
los siglos y los mares;
vuelve a flotar aquí, reconquista tu
rostro
que se hunde hacia dentro.
Traducción de OCTAVIO PAZ.
Versiones y diversiones, México, 1973.
Lit d’amour, faites halte. Et, sous
cette ombre haute,
Reposons-nous : parlons ; laissons
là-bas au bout,
Nos pieds sages, chevaux endormis côte à
côte,
Et quelquefois mettant l’un sur l’autre
le cou.
***
Rien ne m’effraye plus que la fausse
accalmie
D’un visage qui dort ;
Ton rêve est une Égypte et toi c’est la
momie
Avec son masque d’or.
Où ton regard va-t-il sous cette riche
empreinte
D’une reine qui meurt,
Lorsque la nuit d’amour t’a défaite et repeinte
Comme un noir embaumeur ?
Abandonne, ô ma reine, ô mon canard
sauvage,
Les siècles et les mers ;
Reviens flotter dessus, regagne ton
visage
Qui s’enfonce à l’envers.