viernes, 21 de febrero de 2020

Eugénie de Guérin y Miguel Antonio Caro: Dos poemas sacados del Journal

Aux flots revient le navire...

Vuelve el barco a las olas,
Vuelve el pardillo al soto;
Y yo a mi lira siempre,
Siempre a mi lira torno.

Dios, de una alma sensible,
La hizo aliento sonoro;
De Dios las alabanzas,
Ave de paso, entono.

De simples cantarcillos
Yo mis cantos compongo;
De bullidoras fuentes
La música recojo.

La voz de opaca selva
En escuchar me gozo,
La tórtola que gime,
Del trueno el eco ronco;

Al zumbador insecto
Entiendo, al eco sordo;
Y al balbucir del niño
Me inclino, y le respondo.

Atiendo yo en la iglesia
Al órgano armonioso
Cuando al sacro banquete
Asiste el virgen coro.

¡Almas que amáis el cielo!
Yo escucho vuestros votos,
Yo con vuestros suspiros
Piadosos himnos formo.

***

Aux flots revient le navire,
La colombe à ses amours ;
À toi je reviens, ma lyre,
À toi je reviens toujours.

Dieu, de qui tu viens, sans doute,
Te fit la voix de mon cœur,
Et je lui chante, en ma route,
Comme l’oiseau voyageur.

Je compose mon cantique
Des simples chants des hameaux ;
Je recueille la musique
Qu’en passant font les ruisseaux.

J’écoute le bruit qui tombe
Avec le jour dans les 1es bois,
Les soupirs de la colombe
Et le tonnerre aux cent voix.

J’écoute quand il s’éveille
Ce qu’au berceau dit l’enfant,
Ce qu’aux roses dit l’abeille,
Ce qu’aux forêts dit le vent.

J’écoute dans les églises
Ce que l’orgue chante à Dieu,
Quand les vierges sont assises
À la table du saint lieu.

Âmes du ciel amoureuses,
J’écoute aussi vos désirs,
Et prends des hymnes pieuses
Dans chacun de vos soupirs.

Que mon désert est grand, que mon ciel est immense !...

¡Qué grande mi desierto!
Mi cielo inmensidad.
¿Qué águila sin cansarse
Tal vuelta habrá de dar?

Caben en este cerco
Mil ciudades y más;
Mi corazón no cabe,
Y abalánzase allá.

¿Adónde, adónde tiende?
¡Oh, la meta enseñad!
Sigue el fúlgido rastro
De exhalación fugaz;

Veloz espacios cruza
Que no soñó el mortal,
Y en pos del ángel vuela,
Y a Dios buscando va.

***

Que mon désert est grand, que mon ciel est immense !
L’aigle, sans se lasser, n’en ferait pas le tour ;
Mille cités et plus tiendraient en ce contour ;
Et mon cœur n’y tient pas, et par delà s’élance,

Où va-t-il ? où va-t-il ? Oh ! nommez-moi le lieu !
Il s’en va sur la route à l’étoile tracée;
Il s’en va dans l’espace où vole la pensée ;
Il s’en va près de l’ange, il s’en va près de Dieu !...