PRINTEMPS
de Méléagre de Gadara
L’hiver venteux loin de notre air a
disparu,
Pourpre sourit, portant des fleurs, ô
printemps, ta saison ;
La terre sombre tendrement s’est
recouverte d’herbe,
Aux arbres dans leur sève, nouvelle est
la chevelure de feuilles,
Ceux dans la douce boisson, nourricière,
est la rosée de l’aurore,
Les prés rient, pendant que s’ouvre la
rose.
Il
a joie dans sa flûte, le berger parmi les monts qui chante
Et les blancs chevreaux font plaisir au
pâtre des chèvres.
Déjà naviguent sur les vastes flots les
matelots
Au souffle sans péril du zéphyr qui des
voiles fait des seins.
Déjà l’on crie Evohé pour celui qui
porte les raisins, Dionysos ;
Des fleurs en grappe couronnent les
cheveux, des fleurs de lierre.
Aux travaux savants celles qui naissent
des bœufs, les abeilles,
Si beaux, son occupées ; dans leur
ruche posées elles travaillent
La blanche et fraîche et poreuse beauté
de la cire.
Partout les oiseaux, race à la claire
voix, chantent,
Les alcyons sur les flots, les
hirondelles autour des toits,
Les cygnes au bord du fleuve et sous le bois le rossignol.
Si donc dans les forêts la joie vient au
feuillage et si la terre fleurit,
Si siffle le berger, si s’ébattent les
laineux troupeaux,
Si les matelots naviguent, si Dionysos
mène les chœurs,
Si chantent les êtres ailés, si
travaillent les abeilles,
Ne doit-il pas aussi, le poète, au
printemps bien chanter ?
PRIMAVERA
de Meleagro de Gadara
El invierno ventoso lejos de nuestro aire ha desaparecido;
Púrpura sonríe, llevando flores, oh primavera, tu estación;
La tierra sombría suavemente se ha cubierto de hierba,
En la savia de los árboles es nueva la cabellera de hojas.
En esos cuya dulce bebida nutritiva es el rocío del alba;
Los prados exultan mientras se abre la rosa.
Siente en su flauta la alegría el pastor que por los montes canta
Y los blancos cabritos son el júbilo del guardián de las cabras.
Ya los marineros navegan sobre las vastas olas
Al inocente soplo del céfiro que hincha las velas como senos.
Ya gritan ¡Evohé! para el que lleva los racimos, Dionisos;
Ramos de flores coronan los cabellos, flores de hiedra.
En los sabios trabajos, las que nacen de los bueyes, las abejas,
Trabajos tan bellos, se ocupan; posadas en la colmena, moldean
La blanca y fresca y porosa belleza de la cera.
Por todas partes los pájaros, raza de voz clara, cantan,
Los alciones sobre las olas, las golondrinas alrededor de los techos,
Los cisnes al borde del río, y en el bosque el ruiseñor.
Si en las selvas brota la dicha en los follajes y si florece la tierra,
Si silba el pastor y si retozan los lanudos rebaños,
Si los marineros navegan, si Dionisos conduce los coros,
Si los seres alados cantan, si trabajan las abejas,
¿No debe el poeta, acaso, cantar también a la primavera?
Traducción, para Literatura & Traducciones, de Miguel Ángel Frontán.