IL FERA LONGTEMPS CLAIR CE SOIR
Il fera longtemps clair ce soir, les jours
allongent.
La rumeur du jour vif se disperse et s’enfuit,
Et les arbres, surpris de ne pas voir la nuit,
Demeurent éveillés dans le soir blanc, et
songent...
Les marronniers, sur l’air plein d’or et de
lourdeur,
Répandent leurs parfums et semblent les étendre
;
On n’ose pas marcher ni remuer l’air tendre
De peur de déranger le sommeil des odeurs.
De lointains roulements arrivent de la ville...
La poussière qu’un peu de brise soulevait,
Quittant l’arbre mouvant et las qu’elle revêt,
Redescend doucement sur les chemins tranquilles
;
Nous avons tous les jours l’habitude de voir
Cette route si simple et si souvent suivie,
Et pourtant quelque chose est changé dans la
vie ;
Nous n’aurons plus jamais notre âme de ce
soir...
SERÁ LARGO EL CREPÚSCULO...
Será largo el crepúsculo. Ya va creciendo el
día.
Los rumores diurnos huyen y se dispersan;
sorprendidos los árboles no ven llegar la
noche,
siguen despiertos en la tarde blanca, y
piensan.
Los castaños, al aire denso, cuajado en oro,
sus perfumes exhalan y parecen oírlos;
y nos da miedo andar, mover el aire tierno,
para no despertar los aromas dormidos.
Vienen de la ciudad sordos ecos lejanos...
El polvo, levantado por un soplo del viento,
deja el árbol agónico, triste, que revestía,
y otra vez cae, pausado, sobre el camino
quieto.
Vemos un día y otro, por costumbre, el camino
que impasibles cruzamos en tantas ocasiones,
pero no sé qué cosa cambia en nuestra
existencia:
ya nunca más tendremos el alma de esta noche.