viernes, 27 de agosto de 2021

François Coppée y Teodoro Llorente: San Vicente de Paúl

MONSIEUR VINCENT DE PAUL

 

Monsieur Vincent de Paul, aumônier des galères,

Vieux prêtre humble de cœur et de mœurs populaires,

Quand il vient à Paris, demeure à l’hôpital

Du couvent qu’a fondé Madame de Chantal.

Sa chambre n’a qu’un lit et deux chaises de paille,

Et l’unique tableau pendu sur la muraille

Représente la Vierge avec l’enfant Jésus.

Tout entier aux projets pieux qu’il a conçus,

Le saint prêtre, est toujours en course ; il se prodigue,

Et revient tous les soirs, épuisé de fatigue.

Le zèle ne s’est pas un instant refroidi

De l’ancien précepteur des enfants de Gondi.

Quand il a visité la mansarde indigente,

Il s’en va demander l’aumône à la Régente.

Il sollicite, il prie, il insiste, emporté

Par son infatigable et forte charité,

Recevant de la gauche et donnant de la droite.

Pourtant il est malade et vieux ; et son pied boite,

Car, afin d’obtenir la grâce qu’il voulait,

Il a traîné six mois la chaîne et le boulet

D’un forçat innocent dont il a pris la place.

Déjà dans les faubourgs la pauvre populace,

Qui connaît bien son nom, et qui le voit passer

Le long des murs, alors qu’il vient de ramasser

Un nouveau-né jeté sur la borne et qu’il sauve,

Commence à saluer ce bonhomme au front chauve

Et le suit en chemin d’un œil reconnaissant.

 

Mais ce soir, vers minuit, le bon monsieur Vincent,

Regagnant son logis chez les Visitandines,

Au moment où les sœurs sont à chanter matines,

Traîne son pied boiteux d’un air découragé,

Tout le jour, bien qu’il soit souffrant, qu’il soit âgé,

Sous une froide pluie il a couru la ville.

Certes, on l’a reçu d’une façon civile ;

Mais il demande trop, même aux meilleurs chrétiens,

Pour ses enfants trouvés et ses galériens ;

Et plus d’un poliment déjà s’en débarrasse.

Tout l’argent de la reine est pour le Val-de-Grâce,

Et Mazarin, si fort pour dire : « Je promets »,

Devient, en vieillissant, plus ladre que jamais.

C’est donc un mauvais jour ; mais enfin le pauvre homme

Revient en se disant qu’il va faire un bon somme.

Il se hâte, parmi la bruine et le vent,

Lorsque, arrivé devant la porte du couvent,

Il aperçoit par terre et couché dans la boue

Un garçon d’environ dix ans ; il le secoue,

L’interroge ; l’enfant depuis l’aube est à jeun,

N’a ni père ni mère, est sans asile aucun,

Et répond au vieillard d’une voix basse et dure.

 

« Viens ! » dit Vincent, mettant la clef dans la serrure.

 

Et prenant dans ses bras l’enfant qui le salit,

Il monte à sa cellule et le couche en son lit ;

Puis, songeant qu’à minuit, en janvier, le froid pince

Et que sa courtepointe est peut-être bien mince,

Il ôte son manteau tout froid du vent du nord

Et l’étend sur les pieds du petit qui s’endort.

Alors, tout grelottant et très mal à son aise,

Le bon monsieur Vincent s’accouda sur sa chaise,

Et, devant le tableau pendu contre le mur,

Il pria. Mais, soudain, la madone au front pur,

Qui parut resplendir des clartés éternelles,

S’anima. Dans ses yeux aux profondes prunelles,

Brillèrent des regards qu’ils n’avaient jamais eus,

Et, dégageant son cou des bras du doux Jésus

Qu’elle tenait d’abord serré sur son épaule,

Elle tendit l’enfant à saint Vincent de Paule

Et, d’un accent rempli de céleste bonté,

Lui dit : « Embrasse-le. Tu l’as bien mérité ».

FRANÇOIS COPPÉE


SAN VICENTE DE PAÚL

 

Vicente de Paúl es un piadoso

y anciano capellán de las Galeras,

de corazón humilde y candoroso,

de caridad sin tregua y sin reposo,

y franco y popular en sus maneras.

En París, cuando viene,

le prestan unas monjas aposento

en el hospitalillo del convento:

cama y dos sillas duras allí tiene,

y por todo regalo y todo aliño,

un cuadro de la Virgen con el Niño.

A merced del impulso que en él arde,

trajina haciendo bien mañana y tarde.

Si visitó con paternal cariño

la guardilla indigente,

a Palacio después sin vano alarde

va y demanda limosna a la Regente.

Pide, ruega tenaz, su empeño muestra,

por todos los que sufren se desvive,

y da con santo afán su mano diestra

lo que la otra recibe.

Pero está cada día

más viejo, más enfermo, y anda cojo.

Por alcanzar su caridad ardiente

la gracia que pedía

para un forzado, que juzgó inocente,

tomó su puesto, y con amarga pena

seis meses arrastró, cansado y flojo,

la bala de cañón y la cadena.

Allá en los populosos arrabales,

las gentes que le ven volver sombrío

a la ciudad, y entrar por los portales

llevando en el manteo arrebujado

algún recién nacido yerto y frío

que halló en cualquier rincón abandonado,

y de la muerte salva,

van repitiendo el nombre

del viejecillo aquel de cerviz calva,

y son amigas ya de tan buen hombre.

 

Pero esta noche, cuando el toque lento

retumba de las doce campanadas,

y las monjas entonan los maitines,

vuelve triste Vicente a su convento,

arrastrando las piernas, fatigadas

de tanto andar con fracasados fines.

Corrió París entero sin fortuna,

sufriendo lluvias y pisando lodos;

no le reciben mal en parte alguna;

pero tanto pidió, que casi todos

van haciéndose atrás con buenos modos.

La Reina guarda todo su dinero

para la Val-de-Gracia; Mazarino,

en prometer ligero,

cada vez, para dar, es más mezquino.

Mala fue la jornada;

pero el anciano, de alma resignada,

piensa echar un buen sueño, y más erguido,

apresura el regreso a su posada.

 

Al llegar a la puerta, ve un chicuelo

en el lodo tendido;

y se inclina sobre él con santo celo.

Aletargado está y entumecido;

lo llama, lo acaricia, ruega, insiste...

¡Pobre muchacho! ¡qué vivir tan triste!

Llevársele los padres a Dios plugo;

no tiene hogar ni albergue;

no comió en todo el día un mal mendrugo.

 

Al llamamiento de Vicente suave,

la frente adusta yergue,

y contesta con voz áspera y dura.

"Ven", dice el viejo, y la oxidada llave

mete en la rechinante cerradura.

 

En los brazos tomando sin reproche

al niño aquél, que suciedad derrama,

 

 

subió a su celda y lo acostó en su cama;

y pensando después que a medianoche

es febrero muy frío, y que está helado

el huérfano infeliz mal arropado,

lleno de buen deseo

tiende a sus pies el húmedo manteo.

 

El, tiritando trémulo, se sienta

en incómoda silla,

frente al cuadro que hermosa representa

la Virgen sin mancilla,

y comienza a rezar. ¡Oh maravilla!

Anímase la Imagen; con destello

dulcísimo sus ojos parpadean;

separa blandamente de su cuello

los brazos de Jesús, que lo rodean;

a San Vicente de Paúl ofrece

el Niño que sonríe y resplandece,

y le dice con labio conmovido:

—"Toma: Bésalo tú; lo has merecido".

Traducción de TEODORO LLORENTE