sábado, 1 de septiembre de 2012

Marcel Proust: Mentiras



MENSONGES
(1894)

Si le bleu de l'opale est tendre,
Est-ce d'aimer, confusément?
Son clair de lune semble attendre
Un cœur qui saura le comprendre.
La douceur du ciel bleu sourit au cœur aimant
Comme un pardon pour sa démence.
Dans le ciel est-ce encor la nature qui ment,
Est-ce déjà Dieu qui commence?
Si le bleu de vos yeux est triste,
Est-ce d'aimer ce qui n'existe
Pas en ce monde ? Aimer est triste.
Tes yeux sont moins profonds que n'est vide ton cœur;
Le ciel est vide aussi jusqu'en sa profondeur.

Tes yeux vagues, tes yeux avides,
Tes yeux profonds, hélas ! sont vides.
Profonds et vides sont les cieux,
Et la tendresse du bleu pâle
Est un mensonge dans l'opale
Et dans le ciel et dans tes yeux.

Si le bleu de l'opale est tendre,
Est-ce d'aimer confusément?
Son clair de lune semble attendre
Un cœur qui saura le comprendre.
Si le bleu du ciel est si doux,
Est-ce qu'il a pitié de nous ?
Pitié, sympathie et clémence.
Si doux à travers la nue,
Est-ce donc indéfiniment
La matière qui continue,
Ou bien est-ce Dieu qui commence?

Si le bleu de vos yeux est triste,
Est-ce de n'aimer pas, d'aimer?
Est-ce d'aimer ce qui n'existe
Pas dans ce monde ? Aimer est triste.
Un doux regret qui persiste
Bleuit tristement vos yeux verts,
Clair de lune sur les mers.

L'insensibilité de la nature entière
Ainsi semble combler le vide de nos cœurs.
C'est un jeu décevant de l'aveugle matière
Dans l'opale et le ciel et les yeux où, vainqueur
Et tour à tour blessé, semblait rêver l'amour.
La forme des cristaux, trépignant des prunelles
Et l'épaisseur de l'air nous trompait tour à tour,
Essayant de tromper nos douleurs éternelles
A travers la nature, et la femme, et les yeux,
Et la tendresse du bleu pâle,
Est un mensonge dans l'opale
Et dans le ciel et dans vos yeux.

Ediciones De La Mirándola acaba de publicar El caso Lemoine y otros pastiches, de Marcel Proust. En el sitio de la editorial se puede leer la ficha de presentación de la obra y descargar un fragmento gratuito.



MENTIRAS
(1894)

Si el azul del ópalo es suave,
¿Es por amar, confusamente?
Su claro de luna parecer esperar
Un corazón que lo comprenda.
La dulzura del cielo azul le sonríe al pecho amante
Como un perdón por su demencia.
En el cielo, ¿es también la naturaleza, que miente,
Es ya Dios que comienza?
Si el azul de tus ojos está triste,
¿Es por amar lo que no existe,
En este mundo? Amar es triste.
Menos profundos son tus ojos que el vacío que hay en tu pecho;
El cielo está también vacío hasta en su hondura.

Tus ojos vagos, tus ojos ávidos,
Tus ojos profundos, ¡ay!, están vacíos.
Profundos y vacíos están los cielos,
Y la suavidad del azul pálido
Es una mentira en el ópalo
Y en el cielo y en tus ojos.

Si el azul del ópalo es suave,
¿Es por amar confusamente?
Su claro de luna parece esperar
Un corazón que lo comprenda.
Si el azul del cielo es tan suave
¿Es porque tiene piedad de nosotros?
Piedad, simpatía y clemencia.
Tan suave a través de las nubes,
¿Es, pues, indefinidamente
La materia, que continúa,
O bien es Dios, que comienza?

Si está triste el azul de tus ojos,
¿Es por no amar, por amar?
¿Es por amar lo que no existe,
En este mundo? Amar es triste.
Un dulce pesar que persiste
Azula tristemente tus verdes ojos,
Claro de luna sobre los mares.

La insensibilidad de la naturaleza entera
Parece colmar así el vacío de nuestros pechos.
Es un juego engañoso de la ciega materia
En el ópalo y en el cielo y en los ojos, en los que, ya triunfante,
Ya herido, parece que el amor sueña.
La forma de los cristales movedizos de las pupilas
Y lo denso del aire nos engañaban por turno,
Tratando de engañar nuestros perpetuos dolores
Por medio de la naturaleza, y la mujer, y los ojos,
Y la suavidad del azul pálido
Son en el ópalo una mentira,
Así en el cielo como en tus ojos.

 Traducción para Literatura & Traducciones de Miguel Ángel Frontán.