4
ET 9
Les
quatre pieds des chevaux tremblent sur l'horizon
La
même ligne me sert de couvercle
Le
monde est éteint sous le couvre-feu
Les
fenêtres brillent comme des yeux
On
a des armes pour rire
Et
un cœur pour mourir
Le
général est un vieux monsieur
Sans
habits civils
Une
blague une bonne blague à faire
A
un membre de la famille
C'est
lui qui a pris tout l'héroïsme et le péril
La
cour est une prison sans étage où l'on tourne sans
fin
Plus
qu'une heure
On
monte la soupe et les godillots
La
figure d'un roi nègre décoré de la médaille de
sauvetage
C'est
pour rien
Chez
les sauvages
La
musique est mieux
Nous
sommes trois et je suis au milieu
Où
allez-vous?
Le
plaisir et la mort tournent autour de nous
4 Y 9
Las cuatro patas de los caballos tiemblan sobre el horizonte
La misma línea me sirve de tapa
El mundo está apagado bajo el toque de queda
Las ventanas brillan como ojos
Tenemos armas para reír
Y un corazón para morir
El general es un viejo señor
Sin ropa de civil
Una broma una buena broma para hacer
A un miembro de la familia
Es él quien ha asumido todo el heroísmo y el peligro
El patio es una prisión sin primer piso en la que damos vueltas sin
fin
Sólo falta una hora
Suben el rancho y las botas
La cara de un rey negro condecorado con la medalla de
salvamento
Para nada
Entre los salvajes
La música es mejor
Somos tres y yo estoy en el medio
¿Adónde van ustedes?
El placer y la muerte dan vueltas a nuestro alrededor.
***
ET
LÀ
Quelqu'un
parle et je suis debout
Je
vais partir là-bas à l'autre bout
Les
arbres pleurent
Parce
qu'au loin d'autres choses meurent
Maintenant
la tête a tout pris
Mais
je ne t'ai pas encore compris
Je
marche sur tes pas sans savoir qui je suis
Il
faut passer par une porte où personne n'attend
Pour
un impossible repos
Tout
s'écarte et montre le dos
Un
peu de vide reste autour
Et
pour revivre d'anciens jours
Une
âme détachée s'amuse
Et
traîne encore un corps qui s'use
Le
dernier temps d'une mesure
Plus
tenace et plus déchirant
Un chagrin musical murmure
Y ALLÁ
Alguien habla y yo estoy de pie
Voy a ir allá a la otra punta
Los árboles lloran
Porque a lo lejos otras cosas mueren
Ahora la cabeza se ha apoderado de todo
Pero todavía no te he comprendido
Sigo tus pasos sin saber quién soy
Hay que pasar por una puerta en la que nadie espera
Para un imposible reposo
Todo se aparta y nos vuelve la espalda
Un poco de vacío queda en torno
Y para revivir días pasados
Un alma desapegada se entretiene
Y arrastra todavía un cuerpo que se gasta
El último tiempo de un compás
Más tenaz y más desgarrador
Un dolor musical murmura
***
ENVIE
Vision
bariolée et délicate dans sa tête, tu fuis la mienne. Il possède les astres et
les animaux de la terre, les paysans et les femmes pour s'en servir. L'Océan
l'a bercé, moi la mer, et c'est lui qui a reçu toutes les images. Légèrement,
il effleure les dépouilles qu'il relève, tout s'arrange et je sens ma tête
lourde
qui
écrase les frêles tiges.
Si
tu as cru, destin, que je pouvais partir, il fallait me donner des ailes.
ENVIDIA
Visión multicolor y delicada en su cabeza, tú rehúyes la mía. Él posee
los astros y los animales de la tierra, los campesinos y las mujeres para
servirse de ellos. El Océano lo acunó, a mí el mar, y es él quien recibió todas
las imágenes. Ligeramente, roza los despojos que levanta, todo se arregla y me
siento la cabeza pesada
que aplasta los frágiles tallos.
Si creíste, destino, que yo podía partir, tendrías que haberme dado
alas.
***
ENTRE
DEUX MONDES
L'ombre
danse
Il
n'y a plus rien
Que
le vent qui s'élance
Le
mouvement s'étend du mur
Et
se gonfle
Il
y a des personnages qui naissent
Pour
une minute ou pour l'Éternité
La
nuit seule qui change
Et
moi-même à côté
Quelqu'un
que le remords tracasse
Sur
la route où marque son pas
On
ne voit rien de ce qu'il y a
Le
mur seul fait une grimace
Un
signe de mon cœur s'étend jusqu'à la mer
Personne
d'assez grand pour arrêter la terre
Et
ce mouvement qui nous lasse
Quand
une étoile bleue là-haut tourne à l'envers
ENTRE DOS MUNDOS
La sombra baila
Ya no hay nada más
Que el viento que se precipita
El movimiento se extiende desde la pared
Y aumenta
Hay personajes que nacen
Por un minuto o por toda la Eternidad
La noche es la única que cambia
Y yo mismo al lado
Alguien a quien el remordimiento obsesiona
En el camino donde marca su paso
No se ve nada de lo que hay
Sólo la pared hace una mueca
Una seña de mi corazón se extiende hasta el mar
No hay nadie lo bastante grande para detener la tierra
Y ese movimiento que nos cansa
Cuando una estrella azul allá arriba da vueltas al revés
Traducción de Miguel Ángel Frontán.