lunes, 30 de noviembre de 2020

Julia Allard-Daudet: Recuerdos de Barbey d'Aurevilly y de Louise Read

 

RECUERDOS DE BARBEY D’AUREVILLY Y DE LOUISE READ

 

Tras ellos, entran en nuestro apartamento del Hotel Lamoignon en el Marais, Francisque Sarcey, de visita dos o tres veces, y que sería el crítico severo de La Arlesiana, Arthur Ranc, pronto comprometido en la Comuna y autor de la tan curiosa Novela de una conspiración, Castagnary, Robert Mittchel con su espíritu incansable, Alcide Dusolier, caballero del Perigord, más tarde senador, entonces únicamente poeta y portador de un delicioso pequeño volumen: Las poesías de Jean de la Martrille; finalmente, el crítico más ardiente de aquellos tiempos lejanos, Barbey d'Aurevilly, el Condestable de las Letras, como Edmond de Goncourt fue más tarde el Mariscal. Llevaba a la batalla su talento para el estilo, su valentía católica, su creencia en todo ideal; era la suya una figura curiosa, desaparecida junto con tantas otras, que me parece, al recoger estos recuerdos literarios, que camino por una necrópolis con muchas y gloriosas efigies.

Sus extravagancias de vestuario y modales, su capa forrada de terciopelo negro, sus corbatas de encaje falso, sus levitas de cintura estrecha me engañaron, al principio, en cuanto a su verdadero carácter, digno y caballeroso. Yo no podía acostumbrarme a verle sacar constantemente del bolsillo un pequeño espejo con el que controlaba la ondulación del pelo y el bigote, a oírle declamar las palabras más sencillas, amplificando su voz y sus gestos; sólo más tarde comprendí que, en su valerosa pobreza, su dandismo era un mérito más, con el que ocultaba verdaderas privaciones, soportadas valientemente en esa pequeña vivienda de la Rue Rousselet, donde murió. Cerebro curioso, del todo objetivo y balzaciano, vivía en un reino imaginario; soñaba su vida, pero era un hermoso sueño de talento, casi de genio, donde la Cruz siempre dominaba, elevando y ennobleciendo su pensamiento.

Unas pocas palabras escritas apresuradamente a Alphonse Daudet, su amigo de entonces, pueden dar una idea del impulso que caracterizaba cada una de sus acciones, aunque en estos fragmentos de letras no se puedan reproducir las diversas tintas y la firma gigantesca:

Valognes (Manche).

Never more,

¿Qué eso que me cuentan, mi querido Daudet? Me han dicho que tienes resentimiento contra mí, porque no respondí al envío de tu último libro y por no sé qué más... Me preocupa, mi querido amigo, porque no quiero que la más mínima niebla se interponga entre nosotros. Eres demasiado importante en mis relaciones y amistades (y ¡vamos, no son muchas estas últimas!) para que no me apresure a disipar, si es que hay, cualquier malentendido entre nosotros...

Siento que en lo que a ti respecta no merezco culpa ni reproche alguno, y me gustan tanto las relaciones francas que no dudo, para quedarme tranquilo, en preguntarte si tienes algo contra mí y qué es, para así disculparme.

Que esto, mi querido Daudet, sea una prueba para ti de mi intrépida amistad.

Jules Barbey d'Aurevilly.

Se alude aquí a una breve disensión que había surgido entre los dos amigos, a raíz de un terrible artículo de Barbey d’Aurevilly sobre Flaubert, al que tanto quería Alphonse Daudet y cuyo talento respetaba.

 

***

 

Abril de 1890. - Vi a esa encantadora Louise Read en su casa, mucho más encantadora en su intimidad que en la sociedad donde siempre parece tener demasiada prisa, atareada con recados complacientes. Su cabello tan rubio aureola un rostro lleno de bondad y unos ojos rubios también, con pestañas muy pálidas a la luz. Su traje simple es el de una mujer ocupada, si tengo en cuenta la mesa, sobrecargada de manuscritos y pruebas impresas. Vive de un recuerdo, el tierno recuerdo de Barbey d'Aurevilly del que fue la amiga fiel y muy sacrificada. Más que el de una hija por un padre, fue como el de una ahijada por un padrino, ese largo afecto que se prolongó tras la muerte del ilustre escritor en el cuidado de las obras y la gloria del maestro, e incluso en la solicitud por sus gatos favoritos. Estos viven en el salón: todos los muebles cubiertos, las alfombras llenas de migas, platos con leche en los rincones, un atadito de pasto fresco frente a la chimenea; y, por aquí y por allá, vemos en una mesa entre libros, en el hueco de un sillón, orejas entrelazadas, ojos de color verde eléctrico, largas colas sacudiendo flecos de pelo.

Read me muestra con ternura a Démonette, la decana, que con su pelo negro y sus saltos animó la habitación amueblada de la Rue Rousselet, y la encantadora mujer tiene para ella, con sus largas manos blancas, una caricia de recuerdo, mientras sus ojos se empañan hablando del maestro desaparecido.

Con una mezcla de admiración por el talento, amistad por el escritor y devoción por su gloriosa vejez, compuso un sentimiento fuera de lo común tan real, tan desinteresado, tan femenino por todos los sacrificios, que ese bonito rostro de Mademoiselle Read, con su apellido y tez escoceses, conserva un ideal excepcional.

 

JULIA ALLARD-DAUDET

Souvenirs autour d’un groupe littéraire

Bibliothèque Charpentier, Paris, 1910

Traducción, para Literatura & Traducciones, de Miguel Ángel Frontán

 


À sa suite, voici qu’entrent dans notre appartement de l’hôtel Lamoignon, au Marais, Francisque Sarcey, deux ou trois fois aperçu, et qui devait être le critique sévère de L’Arlésienne, Arthur Ranc, bientôt compromis dans la Commune et auteur du si curieux Roman d’une conspiration, Castagnary, Robert Mittchel à l’esprit infatigable, Alcide Dusolier, depuis sénateur, alors seulement poète et porteur d’un délicieux petit volume : Les poésies de Jean de la Martrille, gentilhomme périgourdin ;  enfin, le plus ardent critique de ces temps lointains, Barbey d’Aurevilly, le Connétable des lettres, comme Edmond de Goncourt en fut plus tard le maréchal. Il apportait à la bataille son talent de style, sa bravoure catholique, sa croyance à tout idéal ; ce fut une curieuse figure que celle-ci, disparue avec tant d’autres, qu’il me semble, en recueillant ces souvenirs littéraires, marcher dans une nécropole aux nombreuses et glorieuses effigies.

Ses bizarreries de costume et d’allures, sa limousine doublée de velours noir, ses cravates en fausse dentelle, ses redingotes à taille me trompèrent, au premier abord, sur son véritable caractère digne et chevaleresque. Je ne pouvais m’habituer à le voir sortir sans cesse de sa poche une petite glace dans laquelle il vérifiait le pli de ses cheveux et de sa moustache, à l’entendre déclamer les plus simples paroles, amplifier sa voix et ses gestes ; plus tard seulement je compris que, dans sa courageuse pauvreté, son dandysme était un mérite de plus, par lequel il dissimulait de véritables privations, supportées vaillamment dans ce petit logis de la rue Rousselet, où il mourut. Cerveau curieux, tout objectif et balzacien, il vécut dans un royaume imaginaire ; il rêva sa vie ; mais ce fut un beau rêve de talent, presque de génie, où la Croix domina toujours, haussant et ennoblissant sa pensée.

Quelques mots écrits hâtivement à Alphonse Daudet, son ami d’alors, peuvent donner l’idée de cet élan qui caractérisait ses moindres actes, quoique, dans ces fragments de lettres, l’on n’en puisse reproduire les encres variées et la gigantesque signature :

Valognes (Manche).

Never More,

Qu’est-ce donc qu’on me chante, mon cher Daudet ? On me dit que vous avez du ressentiment contre moi, parce que je n’ai pas répondu à l’envoi de votre dernier livre et pour je ne sais quoi encore... Je m’en inquiète, mon cher ami, parce que je ne veux pas que la moindre brume soit entre nous. Vous êtes trop compté dans mes relations et mes amitiés (et elles ne sont pas nombreuses, allez, ces dernières !) pour que je ne m’empresse pas de faire cesser — s’il y en avait — tout malentendu entre nous...

Je me sens vis-à-vis de vous si net de torts et de tout reproche possible, et j’aime tant les relations franches, que je n’hésite pas, pour être tranquille, à vous demander si vous avez quelque chose contre moi et ce que c’est, pour me justifier.

Que ceci, mon cher Daudet, vous soit la preuve, de mon intrépide amitié.

Jules Barbey d’Aurevilly. 

Il est fait ici allusion à un court dissentiment survenu entre les deux amis, à la suite d’un terrible article de Barbey d’Aurevilly sur Flaubert dont Alphonse Daudet aimait tant la personne, et respectait le talent.

 

***

 

Avril 1890. — J ’ai vu chez elle cette charmante Louise Read, bien plus charmante dans l’intimité que rencontrée dans le monde où elle paraît toujours trop pressée, hâtive de courses obligeantes. Ses cheveux si blonds auréolent une physionomie toute bonne et des yeux blonds aussi, aux cils très pâles dans la lumière. Sa mise simple est d’une femme qui travaille, si j ’en crois la table surchargée de manuscrits et d’épreuves imprimées. Elle vit d’un souvenir, du tendre souvenir de Barbey d’Aurevilly dont elle fut l’amie fidèle et très dévouée. Un peu plus que de fille à père, et comme de filleule à parrain, cette longue affection continuée après la mort de l’illustre écrivain dans le soin des œuvres et de la gloire du maître et jusque dans la sollicitude de ses chats favoris. Ils habitent le salon : tous les meubles houssés, les tapis semés de miettes, des assiettes de lait dans les coins, une touffe de chiendent frais devant la cheminée ; et par-ci par-là on aperçoit sur une table entre des livres, au creux d'une causeuse, des oreilles entremêlées, des yeux au vert électrique, de longues queues secouant des franges de poil.

Read me montre avec attendrissement Démonette, la doyenne, qui de sa noire fourrure et de ses bondissements animait la chambre garnie de la rue Rousselet, et la charmante femme a pour elle, de ses longues mains blanches, une caresse de souvenir, tandis que ses yeux s’embuent en parlant du maître disparu.

D’un mélange d’admiration pour le talent, d’amitié pour l’écrivain, de dévouement à sa glorieuse vieillesse, elle s’est composé un sentiment à part si réel, si désintéressé, si bien féminin par tous les sacrifices, que cette jolie figure de Mlle Read, au nom et au teint écossais, en garde un idéal exceptionnel.


 


 

 

 

sábado, 28 de noviembre de 2020

Eliot, Juan Ramón Jiménez y Nicolás Salerno: Marina

 

MARINA

 

Quis hic locus, quae regio, quae mundi plaga?

 

What seas what shores what grey rocks and what islands

What water lapping the bow

And scent of pine and the woodthrush singing through the fog

What images return

O my daughter.

 

Those who sharpen the tooth of the dog, meaning

Death

Those who glitter with the glory of the humming-bird, meaning

Death

Those who sit in the sty of contentment, meaning

Death

Those who suffer the ecstasy of the animals, meaning

Death

 

Are become unsubstancial, reduced by a wind

A breath of pine, and the woodsong fog

By this grace dissolved in place

What is this face, less clear and clearer

The pulse in the arm, less strong and Stronger—

Given or lent? more distant than stars and nearer than the eye

 

Whispers and small laughter between leaves and hurrying feet

Under sleep, where all the waters meet.

 

Bowsprit cracked with ice and paint cracked with heat.

I made this, I have forgotten

And remember.

The rigging weak and the canvas rotten

Between one June and another September.

Made this unknowing, half conscious, unknown, my own.

The garboard strake leaks, the seams need caulking.

This form, this face, this life

Living to live in a world of time beyond me; let me

Resign my life for this life, my speech for that unspoken,

The awakened, lips parted, the hope, the new ships.

 

What seas what shores what granite islands towards my timbers

And woodthrush calling through the fog

My daughter.

T. S. ELIOT

 

MARINA

Quis hic locus, quae regio, quae mundi plaga?

 

¡Qué mares, qué costas, qué rocas grises y qué islas; qué agua claqueando en la proa; y el aroma del pino y el tordo cantando entre la bruma! ¡Qué imágenes vuelven, hija mía!

Los que afilan el diente del perro, representando la muerte: los que lucen con la gloria del colibrí, representando la muerte; los sentados en la pocilga de la satisfacción, representando la muerte; los que padecen el éxtasis de los animales, representando la muerte; se han vuelto insustanciales, han sido reducidos por un viento, un aliento de pino, la bruma cantabosques; por esta gracia fueron disueltos en su sitio.

¿Qué cara es ésta, menos clara y más clara; qué pulso en el brazo, menos fuerte y más fuerte (dado o prestado), distante más que las estrellas y más cercano que el ojo? Susurros y risillas entre hojas y pasos raudos bajo el sueño, donde todas las aguas se reúnen.

¡Bauprés rajado de hielo y barniz abierto del calor! Yo lo hice, lo olvidé y lo recuerdo. ¡La jarcia endeble y la lona podrida, entre junio y aquel setiembre! Yo hice míos esta inocencia, esta subconsciencia, este desconocimiento. ¡La traca de la cubierta hace agua, las juntas están pidiendo brea! Esta forma, esta cara, esta vida que vive para vivir en un mundo de tiempo mayor que yo. Déjame renunciar a mi vida por esta vida, a mi palabra por la no hablada ¡El despertar, los labios abiertos, la esperanza, los nuevos barcos!

¡Qué mares, qué costas, qué islas de granito hacia mis maderos! ¡Y el tordo llamando entre la bruma, hija mía!

 

Traducción de JUAN RAMÓN JIMÉNEZ

 


MARINA

Quis hic locus, quae regio, quae mundi plaga?

 

 Qué mares qué costas qué grises rocas y qué islas

Qué aguas salpicando la proa

Y esencia de pino y el zorzal cantando a través de la niebla

Qué imágenes vuelven

Oh hija mía.

 

Aquellas que afilan los colmillos del perro, significando

Muerte

Aquellas que brillan con la gloria del colibrí, significando

Muerte

Aquellas que se sientan en la miserable morada del contento, significando

Muerte

Aquellas que sufren el éxtasis de los animales, significando

Muerte.

 

Han perdido la sustancia, reducidas por el viento,

Un aliento de pino, y la silvestre canción de la niebla

Por esta gracia disuelta en este lugar.

 

  Qué rostro es éste, menos claro y más claro

El pulso en los brazos, menos fuerte y más fuerte—

¿Propio o ajeno? lejos de las estrellas, cerca de los ojos

 

Susurros y risillas entre las hojas y los pies apresurados

Bajo el sueño, donde las aguas se encuentran.

 

El bauprés roto por el viento y la pintura resquebrajada por el sol.

Yo he hecho esto, y lo he olvidado

Pero recuerdo.

El débil aparejo y las lonas podridas

Entre un Junio y otro Septiembre.

Lo hice sin saberlo, medio consciente, desconociéndome, a mí mismo

La hilada del armazón se deshace, y las costuras necesitan calafateo.

Esta forma, este rostro, esta vida

Viven para vivir en un mundo, en un tiempo más allá de mí; déjame

Renunciar a mi vida por esta vida, a mi palabra por aquella inefable,

La desvelada, los labios abiertos, la esperanza, los nuevos navíos.

 

Qué mares qué costas qué islas de granito contra mis cuadernas

Y el zorzal llamándome a través de la niebla

¡Hija mía!

 

Traducción de NICOLÁS SALERNO FERNÁNDEZ