viernes, 17 de agosto de 2012

Novedades de agosto de 2012

Estimados amigos:

Tenemos el agrado de presentarles los libros que publicamos este mes. En la lista verán nombres como los de Marcel Proust, Rainer Maria Rilke, Alexandre Dumas y otros quizás no tan conocidos, pero igualmente dignos de hacernos compañía. Ya es posible descargar desde nuestro sitio los fragmentos gratuitos de los libros incluidos en nuestro catálogo general, así como las versiones completas de los que integran nuestra colección gratuita Biblioteca Franca

NUEVOS TÍTULOS:

El caso Lemoine y otros pastiches. A partir de 1905, un ignoto personaje, Henri Lemoine, convenció a los principales negociantes de diamantes de su época de que había descubierto la manera de fabricarlos. Ganó, así, apoyo y dinero para una insólita aventura industrial que, tres años más tarde, revelaría a la escandalizada opinión pública su carácter de estafa. Un rápido proceso, una breve prisión y un dorado exilio sudamericano fueron el resultado final para Lemoine; pero el interés que este suceso policial despertó en un joven y apenas menos ignoto escritor le aseguraría una impensada posteridad literaria.







Los Cenci. Crímenes célebres I. El Alexandre Dumas que, con el intenso relato Los Cenci, inicia la serie de los Crímenes célebres, ya es famoso a los treinta y seis años, aunque por algo que la historia olvidará: su obra de joven dramaturgo romántico, rival de Victor Hugo. Este ambicioso proyecto narrativo es el bautismo de fuego del que será uno de los novelistas más leídos de todos los tiempos. Ediciones De La Mirándola proyecta publicar la primera traducción integral de los Crímenes célebres, grandioso portal de la obra del futuro autor de Veinte años después y El tulipán negro.



La maldición de los Noronsoff. La Riviera francesa de fines del siglo XIX era el fastuoso escenario de todos los boatos y todas las miserias, de todos los éxitos insolentes y todos los vicios secretos de las altas esferas europeas. En ese marco exuberante, el príncipe Vladimir Noronsoff, último vástago de una estirpe condenada por un hechizo misterioso, no ahorrará esfuerzos para ocupar, a costa de escándalos y prodigalidades, el lugar más destacado en medio de aquella refinada fauna cosmopolita. Sabe que vive sus últimos momentos, y quiere transformar su prolongada agonía en una memorable y fugitiva resurrección de la antigüedad grecolatina.


Las rosas. Las ventanas. (Edición bilingüe). Universalmente reconocido como uno de los mayores poetas del siglo XX, Rainer Maria Rilke es asimismo autor de varios poemarios escritos en francés. Vivió en París unos diez años, y, a partir de 1921, se estableció en el cantón suizo del Valais; su primer libro francés data de 1924. En esos años, la lengua francesa pasó de herramienta utilitaria a medio de expresión poética. Rilke sintió, sin duda, los riesgos de escribir en otra lengua para expresar “algo aproximado y demasiado vago que zozobra / o peor aún: el vallado que excluye”, como escribió en Vergers.






Novedades de BIBLIOTECA FRANCA:

La Apología del traductor, de Mariano de Vedia y Mitre, es el discurso de recepción que el entonces intendente de la ciudad de Buenos Aires pronunció, en 1934, en la ceremonia de recepción a la Academia Argentina de Letras, en defensa del arte de la traducción, que él mismo practicó con rigor ejemplar. Acompañan esta edición diecisiete sonetos de Shakespeare en versión bilingüe.



Los Discursos de la viuda de veinte y cuatro maridos son un divertido y brillante relato erótico-picaresco publicado anónimamente en España en 1640. En un colorido lenguaje digno del gran Quevedo, el protagonista y narrador de la historia, conocido como el caballero de la Tranca, narra  con desenfado y osadía sus desventuras amorosas, que se inician con el asedio del que lo hace víctima una ardorosa y siempre dispuesta viuda de... ciento cuarenta años.


Urika es el primero de los únicos dos relatos publicados en vida por Claire de Duras, que narra, adelantándose a su época, las vicisitudes sociales y amorosas de una joven negra en la Francia pre y post revolucionaria. Historia de fina penetración psicológica y delicada ejecución, fue enormemente célebre en su época para caer luego en un inmerecido y prolongado olvido del que sólo fue rescatada a fines del siglo XX.



En versión original: Ourika, par Madame de Duras.




jueves, 16 de agosto de 2012

Proust: La tisana de la tía Léonie —Versión definitiva y cuatro bosquejos




Es conocida la vertiginosa manera en que Proust escribía varias versiones de una misma página. Versiones que son auténticas variaciones musicales. Hemos elegido para este blog, con motivo de la reciente publicación de EL CASO LEMOINE Y OTROS PASTICHES una página inolvidable de "A la busca del tiempo perdido" junto con los cuatro bosquejos que la preceden.



LA TISANE DE TANTE LÉONIE

Au bout d'un moment, j'entrais l'embrasser ; Françoise faisait infuser son thé ; ou, si ma tante se sentait agitée, elle demandait à la place sa tisane, et c'était moi qui étais chargé de faire tomber du sac de pharmacie dans une assiette la quantité de tilleul qu'il fallait mettre ensuite dans l'eau bouillante. Le dessèchement des tiges les avait incurvées en un capricieux treillage dans les entrelacs duquel s'ouvraient les fleurs pâles, comme si un peintre les eût arrangées, les eût fait poser de la façon la plus ornementale. Les feuilles, ayant perdu ou changé leur aspect, avaient l'air des choses les plus disparates, d'une aile transparente de mouche, de l'envers blanc d'une étiquette, d'un pétale de rose, mais qui eussent été empilées, concassées ou tressées comme dans la confection d'un nid. Mille petits détails inutiles – charmante prodigalité du pharmacien – qu'on eût supprimés dans une préparation factice, me donnaient, comme un livre où on s'émerveille de rencontrer le nom d'une personne de connaissance, le plaisir de comprendre que c'était bien des tiges de vrais tilleuls, comme ceux que je voyais avenue de la Gare, modifiées, justement parce que c'étaient non des doubles, mais elles-mêmes et qu'elles avaient vieilli. Et chaque caractère nouveau n'y étant que la métamorphose d'un caractère ancien, dans de petites boules grises je reconnaissais les boutons verts qui ne sont pas venus à terme ; mais surtout l'éclat rose, lunaire et doux qui faisait se détacher les fleurs dans la forêt fragile des tiges où elles étaient suspendues comme de petites roses d'or – signe, comme la lueur qui révèle encore sur une muraille la place d'une fresque effacée, de la différence entre les parties de l'arbre qui avaient été « en couleur » et celles qui ne l'avaient pas été – me montrait que ces pétales étaient bien ceux qui avant de fleurir le sac de pharmacie avaient embaumé les soirs de printemps. Cette flamme rose de cierge, c'était leur couleur encore, mais à demi éteinte et assoupie dans cette vie diminuée qu'était la leur maintenant et qui est comme le crépuscule des fleurs. Bientôt ma tante pouvait tremper dans l'infusion bouillante dont elle savourait le goût de feuille morte ou de fleur fanée une petite madeleine dont elle me tendait un morceau quand il était suffisamment amolli.

ESQUISSES
I

C'était l'heure où ma tante prenait sa tisane. Françoise secouant le sac de pharmacie faisait tomber sur le plateau les tiges fleuries, que le dessèchement avait rétractées, incurvées, rendues raides et fragiles. Jamais dessin de maitre disposant, entrecroisant les tiges, les feuilles et les fleurs du fraisier ou de la violette de manière a leur faire rendre en même temps que tout leur charme naturel, toute la puissance d'effet décoratif qu'il croit pouvoir tirer de la variété que lui offre la plante et où il a cru pouvoir démêler un motif de rapprochement et d'opposition, ne m'a semblé ornemental et « posé » comme était cette tisane. Le dessèchement des tiges les avait incurvées, rétractées, raidies en arabesques qu'on aurait pu déformer sans les casser; elles formaient le plus capricieux, le plus fragile, mais aussi le mieux dessiné, le plus fixe des treillages. Déchirées et dentelées par la vieillesse, les unes vertes, les autres si blanches qu'on les prenait d'abord pour un morceau de papier, d'autres roses comme des pétales d'églantine, les feuilles semblaient posées ça et là, avec ce désordre plein d'art que les oiseux mettent à les entasser dans un nid, où les tiges usées, tordues imitaient, semblaient les tresser pour le feutrer. Mais ce qui me plaisait surtout, c'était la multitude des fleurs aussi nombreuses que dans un buisson d'aubépine. La façon dont les tiges avaient été repliées, les avaient ramenées en grand nombre entre les fentes de ce petit quadrillage des tiges où au bout de chaque brindille, à la naissance de chaque feuille verte ou rose, à tous les coins du treillage elles s'épanouissaient, innombrables, aplaties, régulières, comme sur le dessin d'une chasuble où eussent été peintes à intervalles symétriques, laissant voir le faufilage de leurs pistils, leurs petites roses d'or. C'est d'or en effet que par contraste avec les tiges et les feuilles, semblaient les fleurs, mais d'un or où il y a avait du rose, au fond des corolles cette chaude rousseur qu'ont certaines vieilles dentelles, et du rouge et du vert dans les fleurs encore mal ouvertes, surtout dans les boutons. Car tout avait survécu, pistils effilés entre la gaze des pétales comme les pattes d'une mouche écrasée entre ses ailes translucides, petits boutons durs qui n'étaient pas venus à maturité, excroissances anormales de la tige au défaut de la fleur, ces mille particularités inutiles que n'eussent pas présenté une élaboration, une reconstitution, une simulation de la plante, tous ces traits qui sont la plante elle-même et qui sous le changement que le dessèchement et la mort leur avait causé et qui montrait encore mieux que c'était bien de la plante elle-même qu'il s'agissait me faisait dire : mais c'est elle. Tel brin tordu mais c'est sa tigelle ; telle petite boule durcie mais c'est un bouton ; telle rousseur plus vive mais c'est la transposition de ce jaune des pétales là où la fleur est tout humide si on l'écrase. Car c'était si bien la plante elle-même telle que je la regardais étendu au bord de la Vivonne par une chaude journée, que tout y avait laissé sa trace, y subsistait même sa couleur, si puissante encore qu'elle faisait de petites coques d'or fripées des fleurs à côté des sèches tiges d'albâtre.

II

C'était l'heure où ma tante prenait sa tisane. Françoise pendant que l'eau chauffait dans la bouilloire prenait un paquet du pharmacien. J'étais chargé de prendre moi-même la quantité qu'il fallait des tiges séchées et fleuries. Le dessèchement des tiges en leur donnant les courbes les plus capricieuses, puis en rendant ces courbes si raides et si fragiles qu'on les eût cassées plutôt que de les redresser, les mêlait en une sorte de treillage, dans le rinceau desquels les fleurs rabattues s'épanouissaient en aussi grand nombre que dans un buisson d'aubépines, avec cette symétrie, cette stylisation dans la vérité comme on n'aurait pas pu en obtenir davantage un grand peintre, faisant poser, pour en tirer le maximum d'effet décoratif des feuilles, des tiges et des fleurs [interrompu]
Le dessèchement des tiges les avait incurvées en des arabesques qu'il avait ensuite durcies et en faisant une sorte de gracieux treillage où l'épanouissement symétrique des fleurs rabattues faisait penser à des dessins où un maître essaye de faire poser la tige, les feuilles et les fleurs d'une même plante de la façon la plus belle et la plus décorative. Ça et là un bout de tige était si jauni qu'il avait l'air d'un brin de paille si effiloché qu'on aurait cru un morceau de ficelle, et joint aux feuilles les unes ajourées, les autres restées ovales, devenues blanches à croire qu'une étiquette du pharmacien était tombée para erreur dans le sac, et d'autres toutes roses, comme des pétales d'églantine donnant l'idée des diverses matières que l'oiseau entasse pour faire son nid, dont elles imitaient par la façon dont elles feutraient ça et là les tiges, sous l'apparence du désordre l'art ingénieux caché. Mais ce qui donnait à la petite forêt d'albâtre, transparente, inextricable et fragile sa clarté d'aurore c'étaient les fleurs. Au premier abord elles semblaient d'or comme peintes sur une chasuble, avec le faufilage de leurs pistils. Mais là encore le dessèchement avait tout différencié ; quelques-unes montraient des pistils noirs entre des corolles translucides comme des antennes et des pattes de mouches écrasées entre leurs ailes ; d'autres encore en boutons, selon le degré de maturation où les avait surprises la mort étaient jaunes comme des genêts, vertes comme un fruit vert, rouges comme une anémone ; quelques-unes comme des cerises formaient des petits bouquets doux se rapprochant, se caressant, posant câlinement la tête l'une sur l'autre comme des enfants qui font rire et qu'on a envie d'embrasser ; la plupart comme des fleurs de fraisiers qu'on aurait tuées au coucher du soleil et qui auraient gardé le safran des rayons déclinants, étaient dorées comme une dentelle ancienne, un peu fripée, presque rousse, avec tout l'habillé, tout l'ajouté de leurs étamines ajourées.

III

C'était l'heure où ma tante prenait sa tisane, Françoise mettait l'eau à chauffer dans la bouilloire et si j'étais là j'avais le privilège de renverser le paquet du pharmacien où étaient les tiges sèches et fleuries et d'en prendre ce qui était nécessaire à l'infusion. Je n'ai jamais rien vu de plus charmant que ce paquet de pharmacie. Les tiges incurvées et durcies formaient un capricieux treillage dans l'entrelacs duquel s'épanouissaient les fleurs comme dans un dessin de maître qui a essayé de faire poser tiges, feuilles et fleurs, de la façon la plus belle et la plus décorative possible ; les différents aspects que le degré de dessèchement donnait aux tiges qui ici jaunies avaient l'air d'un brin de paille et là effilochées d'un bout de ficelle, et aux feuilles l'une blanche comme une étiquette ovale tombée à l'envers, par erreur, dans le paquet végétal de pharmacie, l'autre rose comme un pétale d'églantine, tout cela assemblé, entassé dans sa diversité comme fait un oiseau pour son nid; la persistance de mille petits traits caractéristiques et inutiles de la plante altérés mais reconnaissables et qui montraient que ce n'était pas une élaboration de la plante, une reconstitution de la plante, une simulation de la plante, mais la plante elle-même, telle qu'on l'avait regardée à l'ombre quand on était couché sous les arbres par une chaude journée; chaque brindille, chaque grosseur, chaque nuance n'était que la forme actuelle d'un pédoncule, d'une excroissance, d'un bouton qui n'avait pas mûri, de la couleur plus profonde là où on n'eût pu écraser la fleur sans en faire sortir une liqueur orangée ; ces petites fleurs qui si on les regardait de plus près étaient selon le degré d'éclosion où elles étaient mortes, jaunes comme des genêts, parées d'étamines comme des fleurs de fraisiers, rouges comme des anémones, rousses comme de vieilles dentelles, comme une fleur de fraisier qu'on aurait tué au moment du couchant et qui aurait gardé sur son calice le safran des rayons déclinants en bouquets dont les grains se caressaient, pliaient rêveusement leur tête l'une contre l'autre ; quelques-unes tenaient entre leurs pétales translucides leurs sombres pistils comme une mouche dont les pattes et les antennes sont écrasées entre les ailes ; mais qui tranchaient toutes si vivement sur les tiges et les feuilles qu'elles en semblaient toutes pareilles, d'or, d'or rose, comme peintes sur une chasubles, avec le faufilage de leurs étamines ; je ne savais rien de plus charmant que cette infusion, que cette petite futaie d'albâtre, inextricable, translucide et fragile sucrée de ces roses d'or ; c'était décoratif comme un dessin de maître qui fait poser de la façon à la fois la plus ornementale et la plus naturelle, tiges, fleurs et feuilles ramenées les unes sur les autres ; c'était doux comme un nid tressé des choses les plus diverses ; mais surtout c'était là où c'était fleuri comme un sous-bois, c'était d'or rose comme un couchant ; et cet or n'était que la survivance de la couleur des pétales ; sa différence d'éclat avec l'albâtre des tiges signifiait, transposait la différence immense qu'il y a entre le reste de la plante quand elle vit et la chair colorée de la fleur ; de la fleur dont on dit inexactement qu'il ne reste rien, qu'elle perd ses couleurs, puisque au moment où toutes séchées j'allais les jeter dans l'eau bouillante à laquelle elles allaient donner un goût fané, elles gardaient encore à peine voulues comme dans une sorte de crépuscule les chaudes colorations par quoi leurs bouquets fleurissaient ce sac de tisane comme un après-midi d'été.

IV

Ça et là des parties cassées des tiges jaunies ou effilochées et des feuilles blanches ou roses semblaient entrelacées comme pour feutrer un nid, être les choses les plus diverses, un brin de paille, un bout de ficelle, une étiquette ovale tombée par hasard dans le paquet végétal ; un pétale de rose ; les moindres traits caractéristiques de la plante altérés mais reconnaissables, montraient que ce n'était pas une reconstitution, une élaboration, une simulation de la plante mais elle-même, elle-même telle qu'elle avait été, et ce qu'elle était devenue. Sans trop de tâtonnement on reconnaissait dans une petite coque jaune un bouton qui allait s'ouvrir quand la plante était morte, dans une capsule rouge comme une anémone, un fruit qui n'était pas venu à maturité, ce petit bouquet de petites boules dont les capsules rouges comme des anémones posent rêveusement ses têtes l'une contre l'autre, comme les têtes de tendres enfants, sont des graines qui ne sont pas venues à maturité. Ces fils noirs écrasés entre les pétales comme des antennes et des pâtes de mouches entre leurs ailes sont les pistils et les étamines ; mais surtout cet éclat des fleurs qui les fait se détacher de tout le reste, peintes en or comme sur une chasuble avec leur feuillage de leurs étamines, c'est la survivance, la signification, le résumé —comme l'or du levant se substitue aux vives couleurs de l'aurore— de ces couleurs qui les faisaient si essentiellement différentes du reste de la plante et qui fait que maintenant encore elles brillent dans la même forêt translucide et fragile comme de petites roses d'or entrouvertes, à peine ternies par une sorte de crépuscule, roussies comme des coques de vieille dentelle ; et faisaient ce sac de pharmacie (d'où j'allais les précipiter dans l'eau bouillante à qui elles donneraient un goût fané) où jouaient les bouquets rêveurs, où s'ouvraient les coupes ébréchées de rose et d'or, fleurissant et doux comme un jour d'été.

MARCEL PROUST (Du côté de chez Swann)



 
LA TISANA DE LA TÍA LÉONIE

Después de un rato yo entraba a darle un beso; Françoise le preparaba el té; o, si mi tía se sentía agitada, pedía en cambio su tisana, y yo era el encargado de volcar de la bolsa de la farmacia en un plato la cantidad de tilo que luego había que echar en el agua hirviendo. Los tallos, al secarse, se habían curvado formando un caprichoso enrejado en cuyos entrelazamientos se abrían las flores pálidas, como si un pintor las hubiese dispuesto, las hubiese colocado de la manera más ornamental. Las hojas, que habían cambiado de aspecto o lo habían perdido, semejaban las cosas más disímiles:   el ala transparente de una mosca, el reverso en blanco de una etiqueta, el pétalo de una rosa, pero que hubiesen sido apiladas, aplastadas o trenzadas como en la confección de un nido. Mil pequeños detalles inútiles —encantadora prodigalidad del farmacéutico— que hubieran sido suprimidos en un preparado artificial, me brindaban, como en un libro en el que nos maravilla encontrar el nombre de alguien conocido, el placer de comprender que eran realmente tallos de tilos auténticos, como los que yo veía en la Avenue de la Gare, alterados precisamente porque no eran imitaciones sino ellos mismos y porque habían envejecido. Y como cada rasgo nuevo no era en ellos más que la metamorfosis de un rasgo antiguo, yo reconocía en las bolitas grises las yemas verdes que no se han desarrollado; pero sobre todo el brillo rosado, lunar y suave que hacía resaltar las flores en la selva frágil de los tallos en que estaban colgadas como pequeñas rosas de oro —signo, como el claror que sigue revelando en un muro el sitio que ocupaba un fresco borrado, de la diferencia entre las partes del árbol que habían sido “en color” y las que no lo habían sido— me mostraba que aquellos pétalos eran realmente los que, antes de adornar la bolsa de la farmacia, habían perfumado las noches de primavera. Esa llama rosada de cirio seguía siendo su color, pero a medias apagado y adormecido en esa vida disminuida que era ahora la suya, y que es como el crepúsculo de las flores. Poco después mi tía podía mojar en la infusión hirviente, cuyo gusto a hoja muerta o a flor marchita saboreaba, una pequeña madalena, de la que me tendía un pedacito cuando ya estaba lo bastante blando.

VERSIONES PREPARATORIAS
I

Era la hora en que mi tía tomaba su tisana. Françoise, sacudiendo la bolsita de la farmacia, hacía caer en la bandeja los tallos florecidos que, al secarse, se habían encogido, curvado, volviéndose rígidos y frágiles. Nunca un dibujo de un gran artista, al disponer, al entrecruzar los tallos, las hojas y las flores de la fresa o de la violeta de tal modo que puedan expresar al mismo tiempo que todo su encanto natural todo el poder de efecto decorativo que él cree poder obtener de la variedad que le ofrece la planta y en el que creyó poder distinguir un elemento de semejanza y de oposición, me ha parecido tan ornamental y “armado” como lo era aquella tisana. Los tallos, al secarse, se habían curvado, encogido, endurecido formando arabescos que no se hubieran podido deformar sin romperlos; constituían el más caprichoso, el más frágil, pero también el mejor dibujado, el más firme de los enrejados. Rotas y raídas por la vejez, unas verdes, otras tan blancas que se las tomaba por un trozo de papel, otras de color rosa como pétalos de gavanza, las hojas parecían colocadas aquí y allá, con ese desorden tan artístico con que los pájaros las amontonan en un nido en el que los tallos gastados, retorcidos, imitaban, parecían trenzarlos para afelparlo. Pero lo que más me gustaba era la  multitud de las flores, tantas como en un espino blanco. La forma en que los tallos se habían  doblado las había reunido en gran número en los intersticios de esa pequeña cuadrícula de los tallos en la que en la punta de cada ramita, en el nacimiento de cada hoja verde o rosa, en todos los ángulos del enrejado, se abrían, innumerables, achatadas, regulares, como en el diseño de una casulla en la que hubiesen sido pintadas a intervalos simétricos, dejando ver el hilvanado de sus pistilos, sus pequeñas rosas de oro. De oro, en efecto, por contraste con los tallos y las hojas parecían ser las flores, pero de un oro en el que había algo de color rosa en el fondo de las corolas, ese rojo cálido que tienen ciertos encajes viejos, y de rojo y de verde en las flores no del todo abiertas, sobre todo en los pimpollos. Porque todo había sobrevivido, pistilos delgados entre la gasa de los pétalos como las patas de una mosca aplastada entre sus alas translúcidas, pimpollitos duros que no habían alcanzado la madurez, excrecencias anormales del tallo en lugar de la flor, esas mil particularidades inútiles que no hubieran presentado una elaboración, una reconstitución, una simulación de la planta, todos esos rasgos que son la planta misma y que bajo el cambio que la desecación y la muerte les había causado, y que mostraban mejor aún que se trataba realmente de la planta misma, me hacía decir: pero si es ella. Cierta brizna retorcida, pero si es su plúmula; cierta bolita endurecida, pero si es un pimpollo; cierto color rojo más vivo, pero si es la transposición del amarillo de los pétalos allí donde la flor es muy húmeda si se la aplasta. Ya que era hasta tal punto la planta misma tal como yo la miraba recostado a orillas del Vivonne en un día caluroso, que todo había dejado en ella su huella, y en la que subsistía incluso su color, tan intenso aún que hacía de las flores pequeños cascarones de oro arrugados al lado de los secos tallos de alabastro.

II

Era la hora en que mi tía tomaba su tisana. Françoise, mientras el agua hervía, tomaba un paquete del farmacéutico. Yo era el encargado de sacar la cantidad que hacía falta de tallos secos y florecidos. La desecación de los tallos, al darles las curvas más caprichosas, y luego al volver esas curvas tan rígidas y tan frágiles que uno podría haberlas quebrado antes que enderezarlas, las mezclaba en una especie de enrejado, en cuyo ornamento las flores dobladas se abrían en número tan grande como en un matorral de espinos blancos, con una simetría, una estilización en la verdad que no hubiera podido superar un gran pintor, disponiendo, para obtener el máximo efecto decorativo de las hojas, los tallos y las flores [aquí se interrumpe]
La desecación de los tallos los había curvado formando arabescos que luego había endurecido, convirtiéndolos en una especie de delicado enrejado en que las flores dobladas, abriéndose de manera simétrica, hacían pensar en esos dibujos en que un maestro trata de disponer el tallo, las hojas y las flores de una misma planta del modo más bello y más decorativo. Aquí y allá la punta de un tallo estaba tan amarillento que parecía una brizna de paja tan deshilachada que se la hubiese tomado por un trozo de cordel, y unido a las hojas, unas caladas, otras que conservaban su forma oval, que de tan blancas que se habían vuelto se podía creer que alguna etiqueta del farmacéutico había caído por error en la bolsa, y otras enteramente rosadas, como pétalos de gavanza, dando la idea de los materiales diversos que amontona el pájaro para hacer su nido, cuyo arte ingenioso y oculto imitaban por la forma en que apelmazaban aquí y allá los tallos, bajo la apariencia del desorden. Pero lo que le daba al bosquecillo de alabastro, transparente, inextricable y frágil, su claridad de aurora, eran las flores. A primera vista parecían de oro, como pintadas en una casulla, con el hilvanado de sus pistilos. Pero allí también la desecación lo había diferenciado todo; algunas mostraban pistilos negros entre corolas translúcidas, como antenas y patas de moscas aplastadas entre sus alas; otras, aún en capullo, según el grado de maduración en que las había sorprendido la muerte, eran amarillas como la retama, verdes como un fruto verde, rojas como una anémona; algunas como cerezas formaban ramilletes suaves que se juntaban, se acariciaban, posando mimosamente la cabeza una sobre otra como niños que nos hacen reír y que tenemos ganas de besar; la mayoría, como flores de fresa que hubieran sido arrancadas a la puesta del sol y que hubiesen conservado el azafrán de los rayos menguantes, eran doradas como un encaje antiguo, un poco arrugado, casi rojizo, con todo el atildamiento, todo el ornato de sus estambres calados.

III

Era la hora en que mi tía tomaba su tisana. Françoise ponía el agua a calentar en el hervidor y yo, si estaba allí, tenía el privilegio de volcar el contenido del paquete del farmacéutico en que estaban los tallos secos y florecidos y de tomar de él la cantidad necesaria para la infusión. Nunca he visto nada más encantador que ese paquete de farmacia. Los tallos curvados y endurecidos formaban un caprichoso enrejado en cuyo entrelazamiento se abrían las flores como en el dibujo de un gran artista que ha intentado disponer tallos, hojas y flores, de la manera más hermosa y más decorativa posible; los distintos aspectos que el grado de desecamiento daba a los tallos que, amarillentos aquí, parecían una brizna de paja y, deshilachados allá, un trozo de cordel, y a las hojas, blanca una como una etiqueta ovalada, vista del revés, caída por error en el paquete vegetal de la farmacia, rosada la otra como un pétalo de gavanza, todo eso reunido en su diversidad como lo hace un pájaro con su nido; la persistencia de mil pequeños rasgos característicos e inútiles de la planta, alterados pero reconocibles, y que mostraban que no era una elaboración de la planta, una reconstitución de la planta, una simulación de la planta, sino la planta misma, tal como la habíamos mirado a la sombra, acostados bajo los árboles un día caluroso; cada ramita, cada grosor, cada matiz no era sino la forma actual de un pedúnculo, de una excrecencia, de un capullo que no había madurado, de color más profundo allí donde no hubiese sido posible aplastar la flor sin hacer salir de ella un líquido anaranjado; esas florecillas que, si se las miraba más de cerca, se veían, según el grado de eclosión que tenían al morir, amarillas como la retama, ornadas de estambres como flores de fresa, rojas como anémonas, rojizas como viejos encajes, como una flor de fresa que hubiera sido arrancada al ponerse el sol y que hubiese conservado en su cáliz el azafrán de los rayos menguantes en forma de ramos cuyos frutos se acariciaban e inclinaban soñadoramente las cabezas una hacia la otra; algunas tenían entre sus pétalos translúcidos sus oscuros pistilos como una mosca cuyas patas y antenas están aplastadas entre las alas; pero que resaltaban todas de manera tan nítida sobre los tallos y las hojas que parecían todas iguales, de oro, de oro rosado, como pintadas en una casulla, con el hilvanado de sus estambres; yo no conocía nada más adorable que esa infusión, que ese pequeño oquedal de alabastro, inextricable, translúcido y frágil, espolvoreada con esas rosas de oro; era algo decorativo como el dibujo de un gran artista que dispone del modo a la vez más ornamental y más natural, tallos, flores y hojas amontonados unos sobre otros; era algo suave como un nido compuesto por las cosas más diversas; pero era allí, sobre todo, donde se veía florecido como un sotobosque, que era de un oro rosado de ocaso; y ese oro no era sino la subsistencia del color de los pétalos; la diferencia de brillo que había entre él y el alabastro de los tallos significaba, transponía, la diferencia inmensa que hay entre el resto de la planta cuando está viva y la pulpa coloreada de la flor; de la flor de la que, con inexactitud, se dice que no queda nada, que pierde los colores, ya que en el momento en que, resecas, yo iba a echarlas en el agua hirviendo, a la que iban a dar un gusto desvaído, conservaban aún, apenas esbozadas, como en una especie de crepúsculo, las cálidas coloraciones con las que sus ramos florecían esa bolsa de tisana como una tarde de verano.

IV

Aquí y allá, partes rotas de los tallos amarillentos o deshilachados y de las hojas blancas o rosadas parecían estar entrelazadas como para acolchar un nido, parecían ser las cosas más diversas, una brizna de paja, un trozo de cordel, una etiqueta ovalada caída por casualidad en el paquete vegetal; un pétalo de rosa; los menores rasgos característicos de la planta, alterados pero reconocibles, mostraban que no era una reconstitución, una elaboración, una simulación de la planta sino ella misma, ella misma tal como había sido, y en lo que se había transformado. Sin vacilar demasiado se podía reconocer en una cascarita amarilla un capullo que iba a abrirse en el momento en que la planta había muerto; en una cápsula roja como una anémona, un fruto que no había alcanzado la sazón; este ramillete de bolitas cuyas cápsulas rojas como anémonas posan soñadoramente las cabezas una sobre la otra, como las cabezas de tiernos niños, son semillas que no alcanzaron la sazón. Esos hilos negros aplastados entre los pétalos como antenas y patas de moscas entre sus alas son los pistilos y los estambres; pero, sobre todo, el brillo de las flores que hace que resalten sobre todo el resto, pintadas con oro como en una casulla con el follaje de sus estambres, es la subsistencia, el significado, el resumen —así como el oro del amanecer reemplaza los vivos colores de la aurora—, de esos colores que las hacían tan esencialmente distintas del resto de la planta y que las hace brillar ahora todavía en el mismo bosque translúcido y frágil como rositas de oro entreabiertas, apenas opacadas por una especie de crepúsculo, rojizas como capullos de viejo encaje; y volvían esa bolsa de farmacia (de la que yo iba a precipitarlas en el agua hirviendo, a la que le darían un gusto desvaído) en el que se movían los ramos soñadores, en el que se abrían los cálices desportillados de rosa y oro, floreciente y cálida como un día de verano.

Traducción de Carlos Cámara y Miguel Ángel Frontán



domingo, 12 de agosto de 2012

René Crevel y Max Jacob



LA MYSTICITÉ QUOTIDIENNE DE MAX JACOB

Axiome : l’inquiétude seule pare infailliblement de quelque grandeur les individus, leurs gestes. Ce n’est point, à la vérité, que nous supportions encore les larmes trop faciles de certains désespoirs, mais pour que l’homme nous intéresse, sous le masque, il faut que se devine un tourment. Je ne sais quelle définition les dictionnaires proposent de la mysticité ; pourquoi ne point convenir que de ce nom se baptise l’état même d’inquiétude ? Ainsi, dira-t-on, Max Jacob est un mystique, sans avoir au reste à se préoccuper de ce que peut valoir sa foi : c’est que, pour nous témoins, l’objet de la passion importe peu ; seul nous décide à aimer le rythme du chant qui anime.

Tous les hommes, au moins une fois dans leur existence, ont soupiré, la tête entre les paumes « Pourquoi ? ». Il faut bien admettre avec Bacon que, du point de vue le plus humain, la recherche des causes finales, comme une vierge consacrée à Dieu, est stérile. Mais cette recherche des causes finales, distrayant des vulgarités coutumières, aide à supporter les années d’ennui qu’on appelle alors années d’attente ; cependant l’incapacité où nous sommes d’acquérir une certitude nous laisse parfois en route, avec le désespoir de ne pas encore soupçonner le but, la cause finale ; au sein même de la mysticité, certaines contradictions rendent donc impossible un bonheur simple.

Max Jacob écrit : Antithèse. Ce mot à lui seul est une préface en tête d’un livre où le poète cache, sous l’expression de la joie, le désespoir de n’en avoir pas trouvé la réalité.
Tous les mystiques ont connu cette antithèse, car c’est bien le contraste de leurs profondes aspirations, auxquelles, malgré eux, ils obéissent, qui crée l’angoisse où il doivent vivre ; jouets d’une marée puissante, ils suivent tour à tour le flux et le reflux ; avant les soirs d’extase, il y a les journées de la période mondaine. Mais presque tous, tandis qu’une nouvelle vague les porte à d’autres rivages, ne se rappellent plus que, cinq minutes auparavant, le flot les menait vers des îles contraires.
Tiraillé en tous sens, un Verlaine par exemple, a toujours un lyrisme unilatéral ; les médecins l’expliquent en rapprochant érotisme et mysticité.

Max Jacob, au contraire, voit de tous côtés ; il sait le travail intime de sa pensée, de son cœur ; il pourrait sortir les parcelles de son âme comme les pierres d’une mosaïque, et jamais il n’oublie rien de sa vie quotidienne; c’est d’elle qu’il part, et il va jusqu’aux plus hauts sommets, comme du niveau de la mer au faîte de l’Himalaya. « Je suis revenu de la Bibliothèque nationale, j’ai déposé ma serviette, j’ai cherché mes pantoufles et quand j’ai relevé la tête, il y avait quelqu’un sur le mur, il y avait quelqu’un. »

Les époques et les pays lui sont familiers ; il les arrange à la manière des intérieurs, remarque un détail, le caresse, s’en agace et retourne à l’éther, au paradis ; puis en extase, subitement, il se souvient du jeu banal qui l’occupait tout à l’heure ; il retourne sur la terre, à Montparnasse, et au milieu de l’orgie, quand on frappe à la porte de l’atelier, il s’écrie « c’est le prêtre, c’est la croix. C’est la bannière et c’est la procession ». Tout le monde est dans l’effroi. Il croit qu’on partage sa pieuse terreur : « Entrez mon Seigneur. Or ce n’était que le commissaire de police, un vilain moustachu avec sa ceinture. »
A cause de cette naïveté dans la confession, beaucoup ont mis en doute la foi de Max Jacob ; on l’aime comme un paradis à la Charlot ; les grandes personnes ne veulent pas avoir l’air d’y croire. A vrai dire cette mysticité quotidienne, qui met dans la vie ce qui pour l’ordinaire se laisse dans les temples, déçoit un peu. On s’attend à quelque concert grave, or, au lieu de choisir l’orgue, Max Jacob s’accompagne de la guitare, le piano mécanique et le banjo. La grand-messe du dimanche se joue à l’orchestre du cinéma. Mais cette naïveté chez un homme qui sait par ailleurs se montrer si perspicace, n’est-elle pas touchante comme un geste de petit enfant ?

Amis des objets familiers, il sait aux pensées futiles mêler la plus belle gravité.

Un poème commence ainsi :

Flegmatique et sensuel, je l’étais, je le reste
Si je digère mal, c’est que je suis si mou.


Et s’achève :

Navré quand tu t’en vas, joyeux quand tu t’approches,
Je ne peux qu’espérer l’amour.
Ce sont là des tourments, chrétiens de vieille roche
Que vous ignorerez toujours.
J’offre cet océan, la foi un cœur de pierre ;
Mon espérance au front la couronne de lierre.


Dans sa richesse multiple et décevante, celui qui s’écrie : « Max est pécheur, Max est un homme », se crucifie chaque jour aux idées du maître ; bon larron, mais vrai bon larron, petit neveu du Galiléen par lui tant aimé.

1923

RENÉ CREVEL




EL MISTICISMO COTIDIANO DE MAX JACOB

Axioma: tan sólo la inquietud orna infaliblemente con cierta grandeza a los individuos, a sus gestos. No es, para decir la verdad, que aún soportemos las lágrimas demasiado fáciles de algunas desesperanzas, pero para que el hombre nos interese, es necesario que, debajo de la máscara, intuyamos un tormento. No sé qué definición del misticismo proponen los diccionarios; ¿por qué no admitir que ese nombre se le dé al estado mismo de inquietud? Así, se dirá que Max Jacob es un místico, sin tener que preocuparse, por lo demás, de lo que puede valer su fe: es que para nosotros, testigos, poco importa el objeto de la pasión; lo único que nos decide a amar es el ritmo del canto que da vida.

Todos los hombres, al menos una vez en su existencia, han suspirado, con la cabeza entre las manos: “¿Por qué?” Fuerza es admitir con Bacon que, desde el punto de vista más estrictamente humano, la búsqueda de las causas últimas, como una virgen consagrada a Dios, es estéril. Pero esta búsqueda de las causas últimas, distrayéndonos de las vulgaridades cotidianas, ayuda a soportar los años de hastío a los que entonces llamamos años de espera; sin embargo, la incapacidad en que nos hallamos de adquirir alguna certeza nos deja a veces a medio camino, con la desesperación de no sospechar aún el objetivo, la causa última; en el corazón mismo del misticismo, ciertas contradicciones vuelven así imposible una dicha simple.

Max Jacob escribe: Antítesis. Esta palabra en sí misma es un prefacio que encabeza un libro en que el poeta oculta, bajo la expresión del gozo, la desesperación de no haber encontrado la realidad que lo sustenta. Todos los místicos han conocido esta antítesis, ya que es por cierto el contraste de sus profundas aspiraciones, a las que a su pesar obedecen, el que crea la angustia en la que deben vivir; juguetes de una poderosa marea, siguen alternativamente el flujo y el reflujo; antes de las noches de éxtasis, están los días del período mundano. Pero casi ninguno, mientras una nueva ola los lleva a otras orillas, recuerda que, cinco minutos antes, la corriente los llevaba hacia islas contrarias. Tironeado en todos los sentidos, un Verlaine, por ejemplo, siempre tiene un lirismo unilateral; los médicos explican esto vinculando erotismo y misticismo.

Max Jacob, por el contrario, ve hacia todos lados; conoce el trabajo íntimo de su pensamiento, de su corazón; podría exhibir los fragmentos de su alma como las piedras de un mosaico; y nunca olvida nada de su vida cotidiana; de ella parte hasta alcanzar las más altas cumbres, como desde la superficie del mar hasta la cima del Himalaya. “Volví de la Biblioteca nacional, dejé mi maletín, busqué mis pantuflas y, al alzar la cabeza, había alguien en la pared, había alguien.”

Las épocas y los países le resultan familiares; los ordena como el interior de una casa, percibe un detalle, lo acaricia, se impacienta con él y vuelve al éter, al paraíso; luego, súbitamente en éxtasis, recuerda el juego banal en que se entretenía momentos antes; vuelve a la tierra, a Montparnasse, y, en medio de la orgía, cuando llaman a la puerta del estudio, exclama: “es el cura, es la cruz. Es el estandarte y es la procesión”. Todo el mundo se espanta. Él cree que comparten su piadoso terror: “Entrad, mi Señor. Pero no era más que el comisario de policía, un feo bigotudo con su cinturón.”

Por culpa de esta ingenuidad en la confesión, muchos han puesto en duda la fe de Max Jacob; se lo ama como a un paraíso de Chaplin; las personas grandes no quieren que se piense que creen en él. A decir verdad, este misticismo cotidiano, que pone en la vida lo que por lo común se deja en los templos, decepciona un poco. Uno se espera un concierto serio, pero, en lugar de elegir el órgano, Max Jacob se acompaña con guitarra, piano mecánico y banyo. La misa mayor del domingo la toca la orquesta del cinematógrafo. Pero esta ingenuidad, en un hombre que, por otra parte, sabe mostrarse tan perspicaz, ¿no es conmovedora como el gesto de un niño?

Amigo de los objetos familiares, sabe mezclar con los pensamientos fútiles la más bella gravedad.

Así comienza uno de sus poemas:

Yo era flemático y sensual, y sigo siéndolo
Si digiero mal, es porque soy muy blando.


Y termina:

Desolado cuando te vas, feliz cuando te acercas,
Sólo puedo esperar el amor.
Esos son tormentos, cristianos de viejo cuño
Que siempre ignoraréis.
Ofrezco este océano, la fe un corazón de piedra;
Mi esperanza en la frente la corona de hiedra.


En su riqueza múltiple y decepcionante, aquél que exclama: “Max es pecador, Max es un hombre”, se crucifica día a día con las ideas del maestro; buen ladrón, pero auténtico buen ladrón, sobrino nieto del Galileo tan amado por él.


1923

Traducción de Carlos Cámara y Miguel Ángel Frontán.

OTROS POEMAS DE RENÉ CREVEL



miércoles, 1 de agosto de 2012

T. S. Eliot y José Emilio Pacheco



FOUR QUARTETS
I


Time present and time past
Are both perhaps present in time future
And time future contained in time past.
If all time is eternally present
All time is unredeemable.
What might have been is an abstraction
Remaining a perpetual possibility
Only in a world of speculation.
What might have been and what has been
Point to one end, which is always present.
Footfalls echo in the memory
Down the passage which we did not take
Towards the door we never opened
Into the rose-garden. My words echo
Thus, in your mind.
But to what purpose
Disturbing the dust on a bowl of rose-leaves
I do not know.
Other echoes
Inhabit the garden. Shall we follow?
Quick, said the bird, find them, find them,
Round the corner. Through the first gate,
Into our first world, shall we follow
The deception of the thrush? Into our first world.
There they were, dignified, invisible,
Moving without pressure, over the dead leaves,
In the autumn heat, through the vibrant air,
And the bird called, in response to
The unheard music hidden in the shrubbery,
And the unseen eyebeam crossed, for the roses
Had the look of flowers that are looked at.
There they were as our guests, accepted and accepting.
So we moved, and they, in a formal pattern,
Along the empty alley, into the box circle,
To look down into the drained pool.
Dry the pool, dry concrete, brown edged,
And the pool was filled with water out of sunlight,
And the lotos rose, quietly, quietly,
The surface glittered out of heart of light,
And they were behind us, reflected in the pool.
Then a cloud passed, and the pool was empty.
Go, said the bird, for the leaves were full of children,
Hidden excitedly, containing laughter.
Go, go, go, said the bird: human kind
Cannot bear very much reality.
Time past and time future
What might have been and what has been
Point to one end, which is always present.


T S ELIOT




CUATRO CUARTETOS
I


El tiempo presente y el tiempo pasado

Acaso estén presentes en el tiempo futuro

Y tal vez al futuro lo contenga el pasado.

Si todo tiempo es un presente eterno

Todo tiempo es irredimible.

Lo que pudo haber sido es una abstracción

Que sigue siendo perpetua posibilidad

Sólo en un mundo de especulaciones.

Lo que pudo haber sido y lo que ha sido

Tienden a un solo fin, presente siempre.

Eco de pisadas en la memoria,

Van por el corredor que no seguimos

Hacia la puerta que no llegamos nunca a abrir

Y da al jardín de rosas. Así en tu mente

Resuenan mis palabras.

Pero no sé

Con cuál objeto perturbamos el polvo

Que vela el cuenco en donde están los pétalos

De rosa.

Y otros ecos

Habitan el jardín. ¿Vamos tras ellos?

De prisa, dijo el pájaro: encuéntralos, encuéntralos,

Al dar vuelta a la esquina, tras la primera puerta,

En nuestro primer mundo. ¿Vamos en pos

Del engaño del tordo? En nuestro primer mundo.

Allí estaban, solemnes, invisibles;

Se movían sin premura sobre las hojas muertas,

Bajo el calor de otoño, en el aire vibrante.

Y el pájaro silbó en contestación

A la inaudible música oculta entre las plantas

Y el destello de una mirada no vista cruzó el espacio.

Porque las rosas tenían aspecto de flores contempladas.

Eran como nuestros huéspedes, aceptados y aceptantes.

Así pues, avanzamos, y ellos, en procesión formal,

Caminaron también por el desierto sendero

Hasta llegar a la rotonda con el seto de arbustos.

Y miraron entonces el estanque drenado.

Seco el estanque, seco el concreto, pardos los bordes.

Y se llenó el estanque de agua solar,

En silencio, en silencio se alzaron lotos,

La superficie brilló desde el corazón de la luz

Y ellos quedaron tras nosotros reflejándose en el estanque.

Luego pasó una nube y se vació el estanque.

Váyanse, dijo el pájaro, porque las frondas estaban llenas de niños

Que alegremente se ocultaban y contenían la risa.

Váyanse, váyanse, dijo el pájaro: el género humano

No puede soportar tanta realidad.

El tiempo pasado y el tiempo futuro,

Lo que pudo haber sido y lo que ha sido

Tienden a un solo fin, presente siempre.


JOSÉ EMILIO PACHECO