viernes, 29 de abril de 2016

Stéphane Mallarmé: Autobiografía. Versión bilingüe en epub y kindle

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AUTOBIOGRAFÍA


París, lunes 16 de noviembre de 1885.



Estimado Verlaine:



Estoy retrasado con usted, porque estuve buscando lo que había prestado, un poco por aquí y por allá, sin ton ni son, de la obra inédita de Villiers. Aquí adjunto lo casi nada que poseo.


Pero datos precisos sobre este querido y viejo fugaz, no tengo: ignoro hasta su dirección; nuestras dos manos vuelven a encontrarse la una en la otra, como si se hubieran soltado la víspera, a la vuelta de una esquina, todos los años, porque hay un Dios. Aparte de esto, él acudiría puntual a las citas y, el día en que, para los Hombres de Hoy, así como para los Poetas Malditos, usted quiera, cuando se sienta mejor, encontrarlo en casa de Vanier, con quien él estará tratando la publicación de Axël, no tengo dudas, lo conozco, ninguna duda, de que no esté allí a la hora convenida. Literariamente, nadie es más puntual que él: es a Vanier, pues, a quien corresponde, en primer lugar, obtener su dirección de Monsieur Darzens, quien hasta ahora lo ha representado  ante ese encantador editor.


Si nada de todo esto resulta, un día, especialmente un miércoles, iré a buscarlo a usted a la caída la noche; y, mientras conversamos, nos vendrán, tanto al uno como al otro, detalles biográficos que hoy se me escapan; no los datos personales, por ejemplo, fechas, etc., que sólo conoce el hombre en cuestión.


Paso a hablar de mí.
[...]

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miércoles, 27 de abril de 2016

Stéphane Mallarmé: Autobiografía. Carta a Verlaine 3


AUTOBIOGRAPHIE
(suite et fin)


Rien de si simple alors que je n’aie pas eu hâte de recueillir les mille bribes connues, qui m’ont, de temps à autre, attiré la bienveillance de charmants et excellents esprits, vous le premier ! Tout cela n’avait d’autre valeur momentanée pour moi que de m’entretenir la main : et quelque réussi que puisse être quelquefois un des morceaux ; à eux tous c’est bien juste s’ils composent un album, mais pas un livre. Il est possible cependant que l’Éditeur Vanier m’arrache ces lambeaux mais je ne les collerai sur des pages que comme on fait une collection de chiffons d’étoffes séculaires ou précieuses. Avec ce mot condamnatoire d’Album, dans le titre, Album de vers et de prose, je ne sais pas ; et cela contiendra plusieurs séries, pourra même aller indéfiniment, (à côté de mon travail personnel qui je crois, sera anonyme, le Texte y parlant de lui-même et sans voix d’auteur).

Ces vers, ces poèmes en prose, outre les Revues Littéraires, on peut les trouver, ou pas, dans les Publications de Luxe, épuisées, comme le Vathek, Le Corbeau, Le Faune.

J’ai dû faire, dans des moments de gêne ou pour acheter de ruineux canots, des besognes propres et voilà tout (Dieux Antiques, Mots Anglais) dont il sied de ne pas parler : mais à part cela, les concessions aux nécessités comme aux plaisirs n’ont pas été fréquentes. Si à un moment, pourtant, désespérant du despotique bouquin lâché de Moi-même, j’ai après quelques articles colportés d’ici et de là, tenté de rédiger tout seul, toilettes, bijoux, mobilier, et jusqu’aux théâtres et aux menus de dîner, un journal, La Dernière Mode, dont les huit ou dix numéros parus servent encore quand je les dévêts de leur poussière à me faire longtemps rêver.

Au fond je considère l’époque contemporaine comme un interrègne pour le poète, qui n’a point à s’y mêler : elle est trop en désuétude et en effervescence préparatoire, pour qu’il ait autre chose à faire qu’à travailler avec mystère en vue de plus tard ou de jamais et de temps en temps à envoyer aux vivants sa carte de visite, stances ou sonnet, pour n’être point lapidé d’eux, s’ils le soupçonnaient de savoir qu’ils n’ont pas lieu.

La solitude accompagne nécessairement cette espèce d’attitude ; et, à part mon chemin de la maison (c’est 89, maintenant, rue de Rome) aux divers endroits où j’ai dû la dîme de mes minutes, lycées Condorcet, Janson de Sailly enfin Collège Rollin, je vague peu, préférant à tout, dans un appartement défendu par la famille, le séjour parmi quelques meubles anciens et chers, et la feuille de papier souvent blanche. Mes grandes amitiés ont été celles de Villiers, de Mendès et j’ai, dix ans, vu tous les jours mon cher Manet, dont l’absence aujourd’hui me paraît invraisemblable !  Vos Poètes Maudits, cher Verlaine, À Rebours d’Huysmans, ont intéressé à mes Mardis longtemps vacants les jeunes poètes qui nous aiment (mallarmistes à part) et on a cru à quelque influence tentée par moi, là où il n’y a eu que des rencontres. Très affiné, j’ai été dix ans d’avance du côté où de jeunes esprits pareils devaient tourner aujourd’hui.

Voilà toute ma vie dénuée d’anecdotes, à l’envers de ce qu’ont depuis si longtemps ressassé les grands journaux, où j’ai toujours passé pour très-étrange : je scrute et ne vois rien d’autre, les ennuis quotidiens, les joies, les deuils d’intérieur exceptés. Quelques apparitions partout où l’on monte un ballet, où l’on joue de l’orgue, mes deux passions d’art presque contradictoires, mais dont le sens éclatera et c’est tout. J’oubliais mes fugues, aussitôt que pris de trop de fatigue d’esprit, sur le bord de la Seine et de la forêt de Fontainebleau, en un lieu le même depuis des années : là je m’apparais tout différent, épris de la seule navigation fluviale. J’honore la rivière, qui laisse s’engouffrer dans son eau des journées entières sans qu’on ait l’impression de les avoir perdues, ni une ombre de remords. Simple promeneur en yoles d’acajou, mais voilier avec furie, très-fier de sa flottille.

Au revoir, cher ami. Vous lirez tout ceci, noté au crayon pour laisser l’air d’une de ces bonnes conversations d’amis à l’écart et sans éclat de voix, vous le parcourrez du bout des regards et y trouverez, disséminés, les quelques détails biographiques à choisir qu’on a besoin d’avoir quelque part vus véridiques. Que je suis peiné de vous savoir malade, et de rhumatismes ! Je connais cela. N’usez que rarement du salicylate, et pris des mains d’un bon médecin, la question dose étant très-importante. J’ai eu autrefois une fatigue et comme une lacune d’esprit, après cette drogue ; et je lui attribue mes insomnies. Mais j’irai vous voir un jour et vous dire cela, en vous apportant un sonnet et une page de prose que je vais confectionner ces temps, à votre intention, quelque chose qui aille là où vous le mettrez. Vous pouvez commencer, sans ces deux bibelots. Au revoir, cher Verlaine. Votre main


Le paquet de Villiers est chez le concierge : il va sans dire que j’y tiens comme à mes prunelles ! C’est là ce qui ne se trouve plus : quant au Contes Cruels, Vanier vous les aura, Axël se publie dans la Jeune France et l’Ève future dans la Vie  Moderne.


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AUTOBIOGRAFÍA
(tercera y última parte)

Nada tan simple pues como para que yo no me haya apresurado a recoger los mil fragmentos conocidos, que me han procurado, de tanto en tanto, la indulgencia de encantadores y excelentes espíritus, ¡usted, el primero! Todo eso no tenía para mí más valor momentáneo que el de hacerme la mano: y por muy logrado que pueda estar a veces uno de los fragmentos; entre todos apenas si componen un álbum, pero no un libro. Es posible sin embargo que el Editor Vanier me arrebate estos fragmentos pero yo sólo los pegaré en páginas tal como se hace una colección de retazos de telas seculares o preciosas. Con esta palabra condenatoria de Álbum, en el título, Álbum de versos y prosa, no sé; y eso contendrá varias series, podrá incluso continuar indefinidamente, (junto con mi trabajo personal, que, creo, será anónimo, ya que el Texto hablará en él por sí mismo y sin voz de autor).

Esos versos, esos poemas en prosa, además de en las Revistas Literarias, uno puede encontrarlos, o no, en las Publicaciones de Lujo, agotadas, como el Vathek, El cuervo, El fauno.

Tuve que hacer, en momentos de estrechez o para comprar ruinosos botes, trabajos correctos sin más (Dioses Antiguos, Palabras inglesas) de los que es mejor no hablar: pero, aparte de esto, las concesiones a las necesidades así como a los placeres no han sido frecuentes.  Si bien en cierto momento, sin embargo, desesperando del despótico libro abandonado de Mí Mismo, intenté, luego de algunos artículos repartidos por aquí y por allá, redactar yo solo, atuendos, joyas, muebles y hasta teatros y menús para la cena, un periódico, La última moda, cuyos ocho o diez números publicados todavía sirven cuando los desvisto de su polvo para hacerme soñar largo rato.

En el fondo considero la época contemporánea un interregno para el poeta, que no tiene que mezclarse con ella: está demasiado anticuada y en efervescencia preparatoria, para que él tenga otra cosa que hacer que no sea trabajar con misterio en vistas de más tarde o de nunca y de tanto en tanto enviar a los vivos su tarjeta de visita, estrofas o soneto, para no lo lapiden, si llegan a sospechar que él sabe que no existen.

La soledad acompaña necesariamente esta especie de actitud; y, aparte de mi camino desde casa (es el 89, ahora, de la Rue de Rome) a los distintos sitios en que he pagado el diezmo de mis minutos, liceos Condorcet, Janson de Sally, por último Colegio Rollin, vago poco, prefiriendo a todo en un apartamento defendido por la familia, la vida en medio de algunos muebles antiguos y caros, y la hoja de papel a menudo blanca. Mis grandes amistades han sido la de Villiers, la de Mendès, ¡y he visto todos los días, durante diez años, a mi querido Manet, cuya ausencia hoy me parece inverosímil! Sus Poetas malditos, querido Verlaine, A contrapelo de Huysmans, interesaron en mis Martes por largo tiempo vacantes a los jóvenes poetas que nos aman (mallarmistas aparte) y hubo quien creyó en alguna influencia intentada por mí allí donde sólo hubo coincidencias. Muy perceptivo, he estado con diez años de antelación del lado hacia el que jóvenes espíritus semejantes debían volverse hoy.

Ésta es toda mi vida despojada de anécdotas, contrariamente a lo que durante tanto tiempo han remachado los grandes diarios, para los que siempre he pasado por alguien muy extraño. escruto, y no veo nada más, las molestias cotidianas, las alegrías, exceptuados los duelos interiores. Algunas apariciones en cualquier lugar en que se monte un ballet, en que se toque el órgano, mis dos pasiones de arte casi contradictorias, pero cuyo sentido se hará patente y eso es todo. Me olvidaba de mis fugas, tan pronto como presa de demasiado cansancio mental, hacia los bordes del Sena y del bosque de Fontainebleau, a un lugar siempre el mismo desde hace años: allí me veo del todo diferente, apasionado únicamente por la navegación fluvial. Rindo mis honores al río, que deja que se hundan en su agua días enteros sin que uno tenga la impresión de haberlos perdido, ni un asomo de remordimiento. Simple paseante en yolas de caoba, pero velero entusiasta, muy orgulloso de su flotilla.

Adiós, querido amigo. Usted leerá todo esto, escrito con lápiz para dar la apariencia de una de esas buenas conversaciones entre amigos apartados de los demás y en voz baja, lo recorrerá con una mirada distraída y encontrará en ello, diseminados, los escasos detalles biográficos que es posible elegir y que de algún modo se necesita haber visto como verídicos. ¡Cuánto me apena saber que está enfermo, y de reumatismos! Conozco eso. Sólo rara vez use salicilato, y tomado de las manos de un buen médico, ya que la cuestión de la dosis es muy importante. Hace tiempo yo tuve una fatiga y como una laguna mental, después de esta droga; y le atribuyo mis insomnios. Pero algún día iré a verlo y a decirle esto, llevándole un soneto y una página de prosa que voy a elaborar durante este tiempo, pensando en usted, algo que quede bien donde usted lo ponga. Puede empezar, sin esas dos chucherías. Adiós, querido Verlaine. Le estrecho la mano



El paquete de Villiers lo tiene el portero: ¡de más está decir que para mí es tan importante como la niña de mis ojos! Es algo que ya no se encuentra: en cuanto a los Cuentos crueles, Vanier se los conseguirá, Axël se publica en la Jeune France y la Eva futura en la Vie Moderne.

Traducción, para Literatura & Traducciones, de Carlos Cámara y Miguel Ángel Frontán. 
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lunes, 11 de abril de 2016

Quevedo y Torres Villarroel: De los remedios de cualquiera fortuna

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DE LOS REMEDIOS DE CUALQUIERA FORTUNA
    —
    DESDICHAS DE LAS QUE CONSUELA
    LUCIO ANNEO SÉNECA

Séneca

  MORIRÁS. Esto es naturaleza del hombre, no pena. Morirás. Con esta condición entré, de salir. Morirás. Derecho es de las gentes volver lo que recibiste, Morirás. Peregrinación es la vida: cuando hayas caminado mucho, es forzoso volver. Morirás. Entendí decías alguna cosa nueva. A esto vine, esto hago, a esto me llevan todos los días. La naturaleza en naciendo me puso este término, ¿qué tengo de que poderme quejar?, a esto me obligué. Morirás. Necedad es temer lo que no puede estorbarse. Esto no lo evita quien lo dilata. Morirás. Ni el primero, ni el postrero. Muchos murieron antes de mí, todos después. Morirás. Éste es el fin del oficio humano. ¿Qué soldado viejo se enojó de que le licenciasen? Adonde va el mundo voy yo. ¿Pues ignoro yo que soy animal racional mortal? Con esta condición se engendra todo. Lo que empezó se acaba. Morirás. ¿Por qué es molesto lo que se hace una vez? Conozco el caudal por ajeno, no por mío. Finalmente yo hice este concierto con el acreedor, de que no puedo quejarme. Morirás. Mejor lo hicieron los dioses, pues nadie me puede decir que moriré, que no sea mortal.

  Quevedo

  Morirás. Fuera verdad entera, si dijeras, has muerto, y mueres; lo que pasó lo tiene la muerte; lo que pasa lo va llevando. Morirás. Desde que nací lo sé, por eso lo espero, y no lo temo. Morirás. No dices bien; di que acabaré de morir, y acertarás, pues con la vida empecé la muerte. Morirás. Dícesme lo que sé, y callas lo que no sé, que es el cuándo. Morirás. Con todos hablas, y todos te sacarán verdadero, y tu vida a ti propio. Morirás. Si he vivido bien, empezaré a vivir; si mal, empezaré a morir. Morirás. No me alborota hacer lo que todos han hecho, y lo que todos harán. Morirás. Primero me lo dijo la naturaleza. Morirás. Es vana amenaza, pues ninguno es tan necio que rehúse lo que hace: no hay hora que yo no muera, ¿por qué he de temer lo que hago?, ¿por qué he de rehusar llegar adonde me llevo? Morirás. No viviera con esperanza de descansar si no esperara morir. Morirás. Con el propio contento que quien navega llega al puerto, y quien peregrina a su patria. Morirás. Y los apetitos y vicios, si muero mozo; y las enfermedades y miserias, si muero viejo. Morirás. Y si muero dichoso, la envidia que me tienen; y si desdichado, la que yo tengo. Morirás. Y los cuidados y desvelos, si soy rico; y el desprecio y las calamidades, si soy pobre. Morirás. Si hablas con el cuerpo, no lo puedo excusar por la naturaleza; si con el ánima, te pueden desmentir las virtudes y la gracia. Morirás. Si hubiera alguno a quien no lo pudieras decir, me entristecieras. Morirás. No podré de otra manera seguir a muchos, y ser seguido de todos. Morirás. No hay otro camino para pasar a vida sin muerte. Mientras lo dijeres a todos no podrás mentir, y no hay en todos uno en quien no puedas mentir, si le dijeres que vivirá.


  Torres Villarroel

  Morirás. Si es aviso, para los dos es; si consejo, para ti y para mí; si amenaza, para entrambos; y si noticia, para el uno y el otro, y a mi conocimiento todo llega tarde, porque desde que vi al primer difunto me estoy contando con los muertos, y a la tierra que me sufre la halago como madre y la miro como tumba. Morirás. Moriré, o me matará el médico, un uñal, una pedrada, o un sartenazo. Morirás. Todos nos acabamos a un tiempo, yo salgo del mundo, y a la misma hora sale todo el mundo de mí. Morirás. Esa es pesadumbre para el necio, que piensa que vive, no para quien cuenta su muerte desde el día primero de su vida. Morirás. Si es en gracia, angelitos  al cielo; si en pecado, será mi condenación; y entonces podrás decir con verdad que moriré. Morirás. Te engañas, que yo soy inmortal, porque yo soy mi alma, y no mi cuerpo. Desnudarse de la carne no es morir. Morirás. Susténtame entretanto. Morirás. Con esa moneda hemos todos de pagar esta posada. Morirás. En haciéndolo una vez, no me lo volverás a decir otra. Morirás. Negarlo es locura; resistirlo, desesperación. Morirás. El morir no lo temo, el después de morir me tiene con cuidado. Morirás. Para el hereje es pérdida y horror; para mí puede ser gloria y ganancia. Morirás. Más me admira lo que vivo, que lo que muero. Morirás. Los niños tiernos, las doncellas blandas, y los Reyes regalados, y los Papas venerables, se mueren, pues desvergonzada cobardía es temer lo que pasa por los Papas, por los Reyes, por las doncellas y por los niños. Morirás. Si piensas que lo dudo, ofendes a Dios, porque le niegas en mí el discurso que me dio de hombre y su semejanza. Morirás. Por no tratar contigo, mejoraré de fortuna en la muerte. Morirás. Gracias a Dios que oigo una verdad en tu boca. Morirás. Muera, para luego es tarde: de cristiano y de curioso, deseo morir; de cristiano, por empezar a vivir; de curioso, porque ya deseo saber cómo se muere. Morirás. Y tú también. Morirás. Pues por si no nos volvemos a ver, a Dios amigo. Morirás. Pues Dios me perdone, y a ti, cuando de este mundo vayas.

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viernes, 8 de abril de 2016

Stéphane Mallarmé: Autobiografía. Carta a Verlaine 2


AUTOBIOGRAPHIE
(suite)

Je disais famille parisienne, tout à l’heure, parce qu’on a toujours habité Paris ; mais les origines sont bourguignonnes, lorraines aussi et même hollandaises.
J’ai perdu tout enfant, à sept ans, ma mère, adoré d’une grand’mère qui m’éleva d’abord ; puis j’ai traversé bien des pensions et lycées, d’âme lamartinienne avec un secret désir de remplacer, un jour, Béranger, parce que je l’avais rencontré dans une maison amie. Il paraît que c’était trop compliqué pour être mis à exécution, mais j’ai longtemps essayé dans cent petits cahiers de vers qui m’ont toujours été confisqués, si j’ai bonne mémoire.
Il n’y avait pas, vous le savez, pour un poète à vivre de son art même en l’abaissant de plusieurs crans, quand je suis entré dans la vie ; et je ne l’ai jamais regretté. Ayant appris l’anglais simplement pour mieux lire Poe, je suis parti à vingt ans en Angleterre, afin de fuir, principalement ; mais aussi pour parler la langue, et l’enseigner dans un coin, tranquille et sans autre gagne-pain obligé : je m’étais marié et cela pressait.
Aujourd’hui, voilà plus de vingt ans et malgré la perte de tant d’heures, je crois, avec tristesse, que j’ai bien fait. C’est que, à part les morceaux de prose et les vers de ma jeunesse et la suite, qui y faisait écho, publiée un peu partout, chaque fois que paraissaient les premiers numéros d’une Revue Littéraire, j’ai toujours rêvé et tenté autre chose, avec une patience d’alchimiste, prêt à y sacrifier toute vanité et toute satisfaction, comme on brûlait jadis son mobilier et les poutres de son toit, pour alimenter le fourneau du Grand Œuvre. Quoi ? c’est difficile à dire : un livre, tout bonnement, en maints tomes, un livre qui soit un livre, architectural et prémédité, et non un recueil des inspirations de hasard, fussent-elles merveilleuses… J’irai plus loin, je dirai : le Livre, persuadé qu’au fond il n’y en a qu’un, tenté à son insu par quiconque a écrit, même les Génies. L’explication orphique de la Terre, qui est le seul devoir du poète et le jeu littéraire par excellence : car le rythme même du livre, alors impersonnel et vivant, jusque dans sa pagination, se juxtapose aux équations de ce rêve, ou Ode.
 
Voilà l’aveu de mon vice, mis à nu, cher ami, que mille fois j’ai rejeté, l’esprit meurtri ou las, mais cela me possède et je réussirai peut-être ; non pas à faire cet ouvrage dans son ensemble (il faudrait être je ne sais qui pour cela !) mais à en montrer un fragment d’exécuté, à en faire scintiller par une place l’authenticité glorieuse, en indiquant le reste tout entier auquel ne suffit pas une vie. Prouver par les portions faites que ce livre existe, et que j’ai connu ce que je n’aurai pu accomplir.

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AUTOBIOGRAFÍA
(continuación)

Hablaba, hace un momento, de familia parisina, porque siempre vivimos en París; pero los orígenes son borgoñones, también loreneses e incluso holandeses.
Perdí siendo muy niño, a los siete años, a mi madre, adorado por una abuela que fue la primera en educarme; luego pasé por muchas pensiones y colegios secundarios, con el alma lamartiniana y un secreto deseo de remplazar, un día, a Béranger, porque lo había conocido en una casa amiga. Parece que era algo demasiado complicado para ser puesto en ejecución, pero durante mucho tiempo lo intenté en cientos de cuadernitos de versos que siempre me fueron incautados, si no recuerdo mal.
No era posible para un poeta, usted lo sabe, vivir de su arte, aun rebajando bastante el nivel, cuando entré en la vida; y nunca lo he lamentado.  Habiendo aprendido el inglés simplemente para mejor leer a Poe, partí a los veinte años para Inglaterra, para escapar, principalmente; pero también para hablar la lengua y enseñarla en un algún lugar retirado, tranquilo y sin otro medio de sustento obligado: me había casado y eso era algo urgente.
Hoy ya hace más de veinte años y, a pesar de la pérdida de tantas horas, creo, con tristeza, que hice bien. Es que, fuera de las páginas de prosa y los versos de mi juventud y lo que siguió, que les hacía eco, publicados un poco por todas partes, cada vez que aparecían los primeros números de una Revista Literaria, siempre imaginé e intenté otra cosa, con una paciencia de alquimista, dispuesto a sacrificar por ella toda vanidad y toda satisfacción, así como antaño uno quemaba su mobiliario y las vigas del techo, para alimentar el horno de la Gran Obra. ¿Qué? Es difícil decirlo: un libro, simplemente, en muchos tomos, un libro que sea un libro, arquitectural y premeditado, y no una colección de inspiraciones fortuitas, así fueran maravillosas… Más aún, diré: el Libro, convencido de que en el fondo no hay más que uno, intentado sin saberlo por quienquiera haya escrito, incluso los Genios. La explicación órfica de la Tierra, que es el único deber del poeta y el juego literario por excelencia: ya que el ritmo mismo del libro, entonces impersonal y vivo, hasta en su paginación, se yuxtapone a las ecuaciones de este sueño, u Oda.

Ésta es la confesión de mi vicio, puesto al desnudo, querido amigo, que rechacé mil veces, con el espíritu afligido o hastiado; pero se ha apoderado de mí y tal vez tenga éxito; no en hacer esta obra en su conjunto (¡haría falta ser no sé quién para ello!) sino en  mostrar un fragmento realizado, en hacer centellear por uno de sus lados su autenticidad gloriosa, indicando el resto entero para el que no basta una vida. Probar por medio de las porciones hechas que ese libro existe, y que he conocido lo que no habré podido realizar.


Traducción, para Literatura & Traducciones, de Carlos Cámara y Miguel Ángel Frontán. 
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