domingo, 25 de abril de 2010

San Juan de la Cruz, Cyprien de la Nativité, Jacques Ancet y Arthur Symons


La noche oscura

En una noche oscura
con ansias, en amores inflamada,
¡oh dichosa ventura!
salí sin ser notada,
estando ya mi casa sosegada.

A oscuras, y segura,
por la secreta escala disfrazada,
¡Oh dichosa ventura!
a oscuras, y en celada,
estando ya mi casa sosegada.

En la noche dichosa
en secreto, que nadie me veía,
ni yo miraba cosa,
sin otra luz y guía,
sino la que en el corazón ardía.

Aquésta me guiaba
más cierto que la luz del mediodía,
adonde me esperaba
quien yo bien me sabía,
en parte donde nadie parecía.

¡Oh noche que guiaste!
¡Oh noche amable más que la alborada:
oh noche que juntaste
Amado con Amada.
Amada en el Amado transformada!

En mi pecho florido,
que entero para él sólo se guardaba,
allí quedó dormido,
y yo le regalaba,
y el ventalle de cedros aire daba.

El aire de la almena,
cuando yo sus cabellos esparcía,
con su mano serena
en mi cuello hería,
y todos mis sentidos suspendía.

Quedéme, y olvidéme,
el rostro recliné sobre el Amado,
cesó todo, y dejéme,
dejando mi cuidado
entre las azucenas olvidado.

SAN JUAN DE LA CRUZ


La nuit obscure

À l'ombre d'une obscure Nuit,
D'angoisseux amour embrasée,
Ô l'heureux sort qui me conduit,
Je sortis sans être avisée,
Le calme tenant à propos
Ma maison en un doux repos.

À l'obscur, mais hors de danger,
Par une échelle fort secrète,
Couverte d'un voile étranger
Je me dérobai en cachette,
(Heureux sort !) quand tout à propos
Ma maison était en repos.

En secret sous le manteau noir
De la Nuit, sans être aperçue,
Où que je pusse apercevoir
Aucun des objets de la vue,
N'ayant ni guide, ni lueur,
Que la lampe ardente en mon cœur.

Ce flambeau luisant me guidait,
Plus sûr que la torche allumée
Du plein midi, où m'attendait
Celui que j'avais en pensée,
Là où nul vivant sous les Cieux
Ne se présentait à mes yeux.

Ô Nuit qui me conduis à point !
Nuit plus aimable que l'aurore !
Nuit heureuse qui as conjoint
L'Aimée à l'aimé, mais encore
Celle que l'amour a formé,
Et en son Amant transformé.

Dans mon sein parsemé de fleurs,
Qu'entier soigneuse je lui garde,
Il s'endort, et pour ces faveurs,
D'un chaste accueil je le mignarde,
Lors que l'éventail ondoyant
D'un Cèdre le va festoyant.

L'Aurore par ses doux Zéphirs,
Ayant épars sa chevelure,
Mit sa main pleine de saphirs
Sur mon col flattant ma blessure,
Lors sa douceur tint en suspens
L'entier usage de mes sens.

Je me tins coi, et m'oubliai,
Penchant sur mon ami ma face,
Tout cessa, je m'abandonnai,
Remettant mes soins à sa grâce :
Comme étant tout enseveli
Dans le beau parterre des Lis.

CYPRIEN DE LA NATIVITÉ DE LA VIERGE


Nuit obscure

Dans une nuit obscure
par un désir d'amour tout embrasée
oh joyeuse aventure
sortis sans me montrer
quand ma maison fut enfin apaisée

Dans l'obscure et très sûre
par la secrête échelle déguisée
oh joyeuse aventure
dans l'obscur et cachée
quand ma maison fut enfin apaisée

Dans cette nuit de joie
secrètement car nul ne me voyait
ni mes yeux rien qui soit
sans lumière j'allais
autre que celle en mon coeur qui brûlait

Et elle me guidait
plus sûr que la lumière de midi
au lieu où m'attendait
moi qui savait bien qui
en un endroit où nul de paraissait

Oh nuit qui as conduit
nuit plus aimable que l'aube levée
oh nuit qui as uni
l'ami avec l'aimée
l'aimée en l'ami même transformée

Contre mon sein fleuri
qui tout entier pour lui seul se gardait
il resta endormi
moi je le caressais
de l'éventail des cédres l'air venait

Du haut du créneau l'air
quand sous mes doigts ses cheveux s'écartaient
avec sa main légère
à mon cou me blessait
et chacun de mes sens me ravissait

En paix je m'oubliai
j'inclinai le visage sur l'ami
tout cessa je cédai
délaissant mon souci
entre les fleurs des lis parmi l'oubli.

JACQUES ANCET


The Obscure Night of the Soul

Upon an obscure night
Fevered with love in love's anxiety
(O hapless-happy plight!),
I went, none seeing me,
Forth from my house where all things be.

By night, secure from sight,
And by the secret stair, disguisedly,
(O hapless-happy plight!)
By night, and privily,
Forth from my house where all things quiet be.

Blest night of wandering,
In secret, where by none might I be spied
Nor I see anything;
Without a light or guide,
Save that which in my heart burnt in my side.

That light did lead me on,
More surely than the shining of noontide,
Where well I knew that one
Did for my coming bide;
Where He abode, might none but He abide.

O night that didst lead thus,
O night more lovely than the dawn o light,
O night that broughtest us,
Lover to lover's sight,
Lover with loved in marriage of delight!

Upon my flowery breast
Wholly for Him, and save Himself for none,
There did I give sweet rest
To my beloved one;
The fanning of the cedars breathed thereon.

When the first moving air
Blew from the tower and waved His looks aside,
His hand, with gentle care,
Did wound me in the side,
And in my body all my senses died.

All things I then forgot,
My cheek on Him who for my coming came;
All ceased, and I was not,
Leaving my cares and shame
Among the lilies, and forgetting them.

ARTHUR SYMONS

sábado, 17 de abril de 2010

Robert Desnos: The Night of Loveless Nights [2]


The Night of Loveless Nights
(Deuxième partie)

Quelqu’un m’a raconté que, perdu dans les glaces,
Dans un chaos de monts, loin de tout océan,
Il vit passer, sans heurt et sans fumée, la masse
Immense et pavoisée d’un paquebot géant.

Des marins silencieux s’accrochaient aux cordages
Et des oiseaux gueulards volaient dans les haubans,
Des danseuses rêvaient au bord des bastingages
En robes de soirée et coiffées de turbans.

Les bijoux entouraient d’étincelles glaciales
Leurs gorges et leurs poignets et de grands éventails
De plumes, dans leurs mains, claquaient vers des escales
Où les bals rougissaient les tours et les portails.

Les danseurs abîmés dans leur mélancolie
En songe comparaient leurs désirs à l’acier.
C’était parmi les monts, dans un soir de folie,
De grands nuages coulaient sur le flanc des glaciers.

Un autre découvrit, au creux d’une clairière,
Un rosier florissant entouré de sapins.
Combien a-t-il cueilli de roses sanguinaires
Avant de s’endormir sur la mousse au matin ?

Mais ses yeux ont gardé l’étrange paysage
Inscrit sur leur prunelle et son cœur incertain
A choisi pour cesser de battre sans courage
Ce lieu clos par l’odeur de la rose et du thym.

Du temps où nous chantions avec des voix vibrantes
Nous avons traversé ces pays singuliers
Où l’écho répondait aux questions des amantes
Par des mots dont le sens nous était familier.

Mais, depuis que la nuit s’écroule sur nos têtes,
Ces mots ont dans nos cœurs des accents mystérieux
Et quand un souvenir parfois nous les répète
Nous désobéissons à leur ordre impérieux.

Entendez-vous chanter des voix dans les montagnes
Et retentir le bruit des cors et des buccins ?
Pourquoi ne chantons-nous que les refrains du bagne
Au son d’un éternel et lugubre tocsin ?

Serait-ce pas Don juan qui parcourt ces allées
Où l’ombre se marie aux spectres de l’amour ?
Ce pas qui retenti dans les nuits désolées
A-t-il marqué les cœurs avec un talon lourd ?

Ce n’est pas le Don Juan qui descend impassible
L’escalier ruisselant d’infernales splendeurs
Ni celui qui crachait aux versets de la Bible
Et but en ricanant avec le commandeur.

Ses beaux yeux incompris n’ont pas touché les cœurs,
Sa bouche n’a connu que le baiser du rêve,
Et c’est celui qui rêve en de sombres ardeurs
Celle qui le dédaigne et l’ignore et sans trêve

Heurte ses diamants froids, ses lèvres sépulcrales,
Sa bouche silencieuse à sa bouche et ses yeux,
Ses yeux de sphinx cruels et ses mains animales
A ses yeux, à ses mains, à son étoile, aux cieux.

Mais lui le cœur meurtri par de mortes chimères,
Gardant leur bec pourri planté dans ses amours,
Pour un baiser viril, ô beautés éphémères,
Vous sauvera sans doute au seuil du dernier jour.

Le rire sur sa bouche écrasera des fraises
Ses yeux seront marqués par un plus pur destin.
C’est Bacchus renaissant des cendres et des braises,
Les cendres dans les dents, les braises dans les mains.

Mais pour un qui renaît combien qui, sans mourir,
Portent au cœur, portent aux pieds de lourdes chaînes.
Les fleuves couleront et les morts vont pourrir…
Chaque an reverdira le feuillage des chênes.



J’habite quand il me plaît un ravin ténébreux au-dessus duquel le ciel se découpe en un losange déchiqueté par l’ombre des sapins des mélèzes et des rochers qui couvrent les pentes escarpées.

Dans l’herbe du ravin poussent d’étranges tubéreuses des ancolies et des colchiques survolées par des libellules et des mantes religieuses et si pareils sans cesse le ciel la flore et la faune où succèdent aux insectes les corneilles moroses et les rats musqués que je ne sais quelle immuable saison s’est abattue sur ce toujours nocturne ravin avec son dais en losange constellé que ne traverse aucun nuage.

Sur les troncs des arbres deux initiales toujours les mêmes sont gravées. Par quel couteau par quelle main pour quel cœur ?

Le vallon était désert quand j’y vins pour la première fois. Nul n’y était venu avant moi. Nul autre que moi ne l’a parcouru.

La mare où les grenouilles nagent dans l’ombre avec des mouvements réguliers reflète des étoiles immobiles et le marais que les crapauds peuplent de leur cri sonore et triste possède un feu follet toujours le même.

La saison de l’amour triste et immobile plane en cette solitude.

Je l’aimerai toujours et sans doute ne pourrai-je jamais franchir l’orée des mélèzes et des sapins escalader les rochers baroques pour atteindre la route blanche où elle passe à certaines heures. La route où les ombres n’ont pas toujours la même direction.

Parfois il me semble que la nuit vient seulement de s’abattre. Des chasseurs passent sur la route que je ne vois pas. Le chant de cors de chasse résonne sous les mélèzes. La journée a été longue parmi les terres de labour à la poursuite du renard du blaireau et du chevreuil. Le naseau des chevaux fume blanc dans la nuit.

Les airs de chasse s’éteignent. Et je déchiffre difficilement les initiales identiques sur le tronc des mélèzes qui bornent le ravin.


The Night of Loveless Nights - Première partie


The Night of Loveless Nights
(Segunda parte)

Alguien me dijo que, extraviado entre hielos,
En un caos de montes y lejos de los mares,
Vio pasar sin violencia y sin humo la masa
Empenachada, inmensa, de un barco gigantesco.

Marinos silenciosos asían los cordajes
Y pájaros chillones rozaban los obenques,
Contra los parapetos soñaban bailarinas
Enfundadas en telas suntuosas y turbantes.

En sus cuellos y brazos enhebraban las joyas
Mil destellos glaciales, y grandes abanicos
De plumas, en sus manos, crepitaban, tendidos
Hacia escalas con torres rojas de fiesta y bailes.

Bailarines absortos en su melancolía,
En sueños comparaban sus ansias al acero.
Entre los montes era, en noche de locura,
Grandes nubes rozaban el flanco de los témpanos.

Hubo otro, también, que en medio de un calvero
Un rosal descubrió entre enhiestos abetos.
¿Cuántas rosas de sangre alcanzó a recoger
Antes de adormecerse, al alba, bajo el musgo?

Sus ojos preservaron, sin embargo, el extraño
Paisaje en la pupila, y su titubeante
Corazón eligió, para dejar la lucha,
El lugar que embalsaman la rosa y el tomillo.

En la época aquella en que con voz vibrante
Cantábamos, cruzamos singulares países
En que a nuestras amadas, con palabras de claro
Sentido familiar, el eco respondía.

Pero hoy, desde que la noche nos aplasta,
En nuestro pecho tienen acentos misteriosos
Esas voces, y cuando nos las trae el recuerdo
Su orden imperiosa nosotros no acatamos.

¿Escucháis esas voces cantando en la montaña,
Escucháis la trompetas romanas y los cuernos?
¿Por qué sólo cantamos estribillos de reos
Al compás de una eterna y lúgubre campana?

¿Será acaso Don Juan quien va por la alameda
En que la sombra se une a espectros del amor?
¿Ha marcado los pechos con su talón pesado
El paso que resuena en las noches desiertas?

No es por cierto el Don Juan que desciende impasible
La escalera bañada de luces infernales,
Ni aquel que profanó, escupiendo, la Biblia
Y bebía, burlón, con el Comendador.

Incomprendidos, nunca conmovieron sus ojos,
Ni conoció su boca sino el beso del sueño,
Y es el Don Juan que sueña, en sombríos ardores,
Con la que lo desprecia y lo ignora y sin tregua

Clava su boca muda, sus labios sepulcrales,
Sus helados diamantes en sus ojos y boca,
Crueles ojos de esfinge y manos animales
En sus ojos y manos, y en su estrella y su cielo.

Mas él, herido el pecho por difuntas quimeras,
Que hunden aún el pico pútrido en sus amores,
Con un beso viril, oh bellezas efímeras,
Os salvará quizás antes que llegue el fin.

En su boca la risa fresas aplastará,
Un destino más puro le marcará los ojos.
Es Baco que renace de brasas y ceniza,
En los dientes ceniza y brasas en las manos.

Mas por uno que vuelve, cuántos que sin morir
En los pies y en el alma llevan duras cadenas.
Los ríos correrán, se pudrirán los muertos...
Cada año las hayas se cubrirán de hojas.


Cuando me place vivo en una hondonada tenebrosa sobre la cual el cielo parece un rombo destrozado por las sombras de los abetos los alerces y las peñas que recubren las pendientes escarpadas.

En la hierba de la hondonada crecen extrañas tuberosas ancolías y cólquidos que las libélulas y las mantas religiosas sobrevuelan y siempre son tan idénticos a sí mismos el cielo la flora y la fauna en la que las sombrías cornejas y el ratón almizclero suceden a los insectos que no sé qué estación inmutable ha caído sobre esta hondonada siempre nocturna con su palio romboidal estrellado que ninguna nube atraviesa.

En el tronco de los árboles han grabado dos iniciales, siempre las mismas. ¿Qué cuchillo las trazó qué mano para qué corazón?

Cuando llegué por primera vez el pequeño valle estaba desierto. Nadie había venido antes aquí. Sólo yo lo he recorrido.

La charca en que las ranas nadan a la sombra con movimientos regulares refleja estrellas inmóviles y el pantano que los sapos pueblan con su grito sonoro y triste tiene siempre el mismo fuego fatuo.

La estación del amor triste e inmóvil planea en esta soledad.

Siempre la amaré y quizás nunca pueda franquear la linde de los alerces y los abetos escalar los peñascos barrocos para alcanzar el camino blanco por el que ella pasa a ciertas horas. El camino donde las sombras no siempre tienen la misma dirección.

A veces me parece que la noche acaba justo de caer. Pasan cazadores por el camino que no veo. Bajo los alerces resuena el canto de los cuernos de caza. La jornada ha sido larga entre los campos arados a la caza del zorro el tejón o el venado. Un vapor blanco se desprende de las narices de los caballos en la noche.

La música de caza se va apagando. Y yo descifro con dificultad las iniciales idénticas en el tronco de los alerces que bordean la hondonada.


Traducción de Carlos Cámara y Miguel Ángel Frontán

viernes, 16 de abril de 2010

Paul Claudel y Miguel Ángel Flores


LES MUSES

Les Neuf Muses, et au milieu, Terpsichore !
Je te reconnais, Ménade ! Je te reconnais, Sibylle ! Je n'attends avec ta main point de coupe ou ton sein même
Convulsivement dans tes ongles, Cuméenne dans le tourbillon des feuilles dorées !
Mais cette grosse flûte toute entrouée de bouches à tes doigts indique assez
Que tu n'as plus besoin de la joindre au souffle qui t'emplit
Et qui vient de te mettre, ô vierge, debout !
Point de contorsions : rien du cou ne dérange les beaux plis de ta robe jusqu'aux pieds qu'elle ne laisse point voir !
Mais je sais assez ce que veulent dire cette tête qui se tourne vers le côté, cette mine enivrée et close, et ce visage qui écoute, tout fulgurant de la jubilation orchestrale !
Un seul bras est ce que tu n'as point pu contenir ! Il se relève, il se crispe,
Tout impatient de la fureur de frapper la première mesure !
Secrète voyelle ! animation de la parole qui naît ! modulation à qui tout l'esprit consonne !
Terpsichore, trouveuse de la danse ! où serait le chœur sans la danse ? quelle autre captiverait
Les huit sœurs farouches ensemble, pour vendanger l'hymne jaillissante, inventant la figure inextricable ?
Chez qui, si d'abord te plantant dans le centre de son esprit, vierge vibrante,
Tu ne perdais sa raison grossière et basse flambant tout de l'aile de ta colère dans le sel du feu qui claque,
Consentiraient d'entrer les chastes sœurs ?
Les Neuf Muses ! aucune n'est de trop pour moi !
Je vois sur ce marbre l'entière neuvaine. À ta droite, Polymnie ! et à la gauche de l'autel où tu t'accoudes !
Les hautes vierges égales, la rangée des sœurs éloquentes
Je veux dire sur quel pas je les ai vues s'arrêter et comment elles s'enguirlandaient l'une à l'autre
Autrement que par cela que chaque main
Va cueillir aux doigts qui lui sont tendus.

Et d’abord, je t’ai reconnue, Thalie !
Du même côté j’ai reconnu Clio, j’ai reconnu Mnémosyne, je t’ai reconnue, Thalie !

Je vous ai reconnu, ô conseil complet des neuf Nymphes intérieures !
Phrase mère ! engin profond du langage et peloton des femmes vivantes !
Présence créatrice ! Rien ne naîtrait si vous n’étiez neuf !
Voici soudain, quand le poëte nouveau comblé de l'explosion intelligible,
La clameur noire de toute la vie nouée par le nombril dans la commotion de la base,
S’ouvre, l’accès
Faisant sauter la clôture, le souffle de lui-même
Violentant les mâchoires coupantes,
Le frémissant Novénaire avec un cri !
Maintenant il ne peut plus se taire ! L’interrogation sortie de lui-même, comme du chanvre
Aux femmes de journée, il l’a confiée pour toujours
Au savant chœur de l’inextinguible Écho !
Jamais toutes ne dorment ensemble ! mais avant que la grande Polymnie se redresse,
Ou bien c'est, ouvrant à deux mains le compas, Uranie à la ressemblance de Vénus,
Quand elle enseigne, lui bandant son arc, l’Amour ;
Ou la rieuse Thalie du pouce de son pied marque doucement la mesure ; ou dans le silence du silence
Mnémosyne soupire.

L’aînée, celle qui ne parle pas ! l’aînée, ayant le même âge ! Mnémosyne qui ne parle jamais !
Elle écoute, elle considère.
Elle ressent (étant le sens intérieur de l’esprit),
Pure, simple, inviolable ! elle se souvient.
Elle est le poids spirituel. Elle est le rapport exprimé par un chiffre très beau. Elle est posée d’une manière qui est ineffable
Sur le pouls même de l’Être.
Elle est l’heure intérieure ; le trésor jaillissant et la source emmagasinée ;
La jointure à ce qui n’est point temps du temps exprimé par le langage.
Elle ne parlera pas ; elle est occupée à ne point parler. Elle coïncide.
Elle possède, elle se souvient, et toutes ses sœurs sont attentives au mouvement de ses paupières.
Pour toi, Mnémosyne, ces premiers vers, et la déflagration de l’Ode soudaine !

PAUL CLAUDEL


LAS MUSAS

¡Las nueve Musas, y, en el centro, Terpsícore!
¡Te reconozco, Ménade!¡Sibila, te reconozco! No espero de tu mano copa alguna, ni tampoco tu seno.
¡Convulso entre tus uñas, Cumea en el torbellino de las hojas doradas!
Mas esta gruesa flauta cribada de bocas en tus dedos es indicio suficiente
De que no precisas unirla al aliento que te colma
¡Y que acaba de ponerte, oh virgen, de pie!
¡Ningún ademán brusco: nada desde el cuello desarregla los hermosos pliegues de tu vestido que ni siquiera los pies deja ver!
¡Pero sé bien lo que quieren decir esta cabeza que se vuelve de lado, esta figura embriagada y perfecta, y este rostro que escucha, fulgurante de júbilo orquestal!
¡Sólo un brazo es lo que contener no pudiste! ¡Se eleva, se crispa,
Todo impaciente de furor para emprender el primer compás!
¡Vocal secreta! ¡Animación de la palabra que nace! ¡Modulación consonante de todo el espíritu!
¡Terpsícore, descubridora de la danza! ¿Qué sería del coro sin la danza? ¿Cuál otra cautivaría, unidas
A las ocho feroces hermanas, para cosechar el himno naciente, que inventa la figura inextricable?
¿Con quién, si antes no te plantaras en el centro de su espíritu, virgen vibrante,
Y no extraviaras su baja y grosera razón incendiándolo todo con el ala de tu cólera en la sal de fuego que crepita,
Consentirían entrar las castas hermanas?
¡Las nueve Musas! ¡Ninguna es suficiente para mí!
Sobre este mármol las veo todas. A tu derecha, ¡Polimnia! ¡A la izquierda del altar en que te acodas!
Las altas vírgenes iguales, el orden de las hermanas elocuentes
Quiero decir en qué paso las he visto detenerse y cómo se enguirlandaban la una con la otra
Sin más que cada mano
Acogiera los dedos que le son tendidos.

¡Y en primer lugar, te he reconocido, Talía!
¡Del mismo lado he reconocido a Clío, he reconocido a Mnemósine, te he reconocido, Talía!

¡Os he reconocido, oh consejo completo de las nueve Ninfas interiores!
¡Frase madre! ¡Inteligencia profunda del lenguaje y ronda de mujeres vivientes!
¡Presencia creadora! ¡Nada nacería si ni fueseis nueve!
¡He aquí que de súbito, cuando el poeta nuevo, colmado de la explosión inteligible,
Con el clamor negro de toda la vida anudada por el ombligo en la conmoción de la base,
Se abre el acceso
Que hace saltar la clausura, el hálito de sí mismo
Violentando las mandíbulas cortantes,
El estremecedor conjunto de las nueve con un grito!
¡Ahora no puede ya callarse! ¡La interrogación salida de sí mismo, como del cáñamo
A las mujeres jornaleras, la ha confiado para siempre
Al sabio coro del inextinguible Eco!
¡Nunca durmen juntas! Pero antes de que la gran Polimnia se incorpore,
Es ya, Urania, la que abriendo a dos manos el compás, a semejanza de Venus,
Cuando enseña, tensándole su arco, al Amor;
O la risueña Talía, la que con el pulgar de su pie marca suavemente el compás; o en el silencio del silencio
Mnemósine suspira.

¡La mayor, la que no habla! ¡La mayor de la misma edad! ¡Mnemósine, que jamás habla!
Ella escucha, considera.
Ella siente (a través del sentido interior del espíritu)
¡pura, sencilla, inviolable! Ella recuerda.
Ella es el peso espiritual. Es la relación expresada por una cifra muy bella. Puesta está de manera inefable
Sobre el pulso mismo del Ser.
Ella es la hora interior; el tesoro que brota y la fuente que almacena;
La unión con lo que no es tiempo del tiempo expresado por el lenguaje.
Ella no hablará; está ocupada en no hablar. Coincide
Posee, recuerda, y sus hermanas están todas atentas al movimiento de sus párpados.
¡Para ti, Mnemósine, estos primeros versos, y la deflagración de la Oda súbita!

Traducción de MIGUEL ÁNGEL FLORES

jueves, 15 de abril de 2010

Balzac: Eugénie Grandet

http://www.wikio.es


EUGÉNIE GRANDET


CHRISTOPHE de Audiocité lee Eugénie Grandet

Infos du livre audio - Audiocite.net



Il se trouve dans certaines villes de province des maisons dont la vue inspire une mélancolie égale à celle que provoquent les cloîtres les plus sombres, les landes les plus ternes ou les ruines les plus tristes. Peut-être y a-t-il à la fois dans ces maisons et le silence du cloître et l'aridité des landes et les ossements des ruines : la vie et le mouvement y sont si tranquilles qu'un étranger les croirait inhabitées, s'il ne rencontrait tout à coup le regard pâle et froid d'une personne immobile dont la figure à demi monastique dépasse l'appui de la croisée, au bruit d'un pas inconnu. Ces principes de mélancolie existent dans la physionomie d'un logis situé à Saumur, au bout de la rue montueuse qui mène au château, par le haut de la ville. Cette rue, maintenant peu fréquentée, chaude en été, froide en hiver, obscure en quelques endroits, est remarquable par la sonorité de son petit pavé caillouteux, toujours propre et sec, par l'étroitesse de sa voie tortueuse, par la paix de ses maisons qui appartiennent à la vieille ville, et que dominent les remparts. Des habitations trois fois séculaires y sont encore solides quoique construites en bois, et leurs divers aspects contribuent à l'originalité qui recommande cette partie de Saumur à l'attention des antiquaire et des artistes. Il est difficile de passer devant ces maisons, sans admirer les énormes madriers dont les bouts sont taillés en figures bizarres et qui couronnent d'un bas-relief noir le rez-de-chaussée de la plupart d'entre elles. Ici, des pièces de bois transversales sont couvertes en ardoises et dessinent des lignes bleues sur les frêles murailles d'un logis terminé par un toit en colombage que les ans ont fait plier, dont les bardeaux pourris ont été tordus par l'action alternative de la pluie et du soleil. Là se présentent des appuis de fenêtre usés, noircis, dont les délicates sculptures se voient à peine, et qui semblent trop légers pour le pot d'argile brune d'où s'élancent les oeillets ou les rosiers d'une pauvre ouvrière. Plus loin, c'est des portes garnies de clous énormes où le génie de nos ancêtres a tracé des hiéroglyphes domestiques dont le sens ne se retrouvera jamais. Tantôt un protestant y a signé sa foi, tantôt un ligueur y a maudit Henri IV. Quelque bourgeois y a gravé les insignes de sa noblesse de cloches, la gloire de son échevinage oublié. L'Histoire de France est là tout entière. A côté de la tremblante maison à pans hourdés où l'artisan a déifié son rabot, s'élève l'hôtel d'un gentilhomme où sur le plein cintre de la porte en pierre se voient encore quelques vestiges de ses armes, brisées par les diverses révolutions qui depuis ont agité le pays. Dans cette rue, les rez-de-chaussée commerçants ne sont ni des boutiques ni des magasins, les amis du moyen âge y retrouveraient l'ouvrouère de nos pères en toute sa naïve simplicité. Ces salles basses, qui n'ont ni devanture, ni montre, ni vitrages, sont profondes, obscures et sans ornements extérieurs ou intérieurs. Leur porte est ouverte en deux parties pleines, grossièrement ferrées, dont la supérieure se replie intérieurement, et dont l'inférieure armée d'une sonnette à ressort va et vient constamment. L'air et le jour arrivent à cette espèce d'antre humide, ou par le haut de la porte, ou par l'espace qui se trouve entre la voûte, le plancher et le petit mur à hauteur d'appui dans lequel s'encastrent de solides volets, ôtés le matin, remis et maintenus le soir avec des bandes de fer boulonnées. Ce mur sert à étaler les marchandises du négociant. Là, nul charlatanisme. Suivant la nature du commerce, les échantillons consistent en deux ou trois baquets pleins de sel et de morue, en quelques paquets de toile à voile, des cordages, du laiton pendu aux solives du plancher, des cercles le long des murs, ou quelques pièces de drap sur des rayons ? Entrez ? Une fille propre, pimpante de jeunesse, au blanc fichu, aux bras rouges quitte son tricot, appelle son père ou sa mère qui vient et vous vend à vos souhaits, flegmatiquement, complaisamment, arrogamment, selon son caractère, soit pour deux sous, soit pour vingt mille francs de marchandise. Vous verrez un marchand de merrain assis à sa porte et qui tourne ses pouces en causant avec un voisin, il ne possède en apparence que de mauvaises planches à bouteilles et deux ou trois paquets de lattes ; mais sur le port son chantier plein fournit tous les tonneliers de l'Anjou ; il sait, à une planche près, combien il peut de tonneaux si la récolte est bonne ; un coup de soleil l'enrichit, un temps de pluie le ruine : en une seule matinée, les poinçons valent onze francs ou tombent à six livres. Dans ce pays, comme en Touraine, les vicissitudes de l'atmosphère dominent la vie commerciale. Vignerons, propriétaires, marchands de bois, tonneliers, aubergistes, mariniers sont tous à l'affût d'un rayon de soleil ; ils tremblent en se couchant le soir d'apprendre le lendemain matin qu'il a gelé pendant la nuit ; ils redoutent la pluie, le vent, la sécheresse, et veulent de l'eau, du chaud, des nuages, à leur fantaisie. Il y a un duel constant entre le ciel et les intérêts terrestres. Le baromètre attriste, déride, égaie tour à tour les physionomies. D'un bout à l'autre de cette rue, l'ancienne Grand rue de Saumur, ces mots : Voilà un temps d'or ! se chiffrent de porte en porte. Aussi chacun répond-il au voisin : Il pleut des louis, en sachant ce qu'un rayon de soleil, ce qu'une pluie opportune lui en apporte. Le samedi, vers midi, dans la belle saison, vous n'obtiendriez pas pour un sou de marchandise chez ces braves industriels. Chacun a sa vigne, sa closerie, et va passer deux jours à la campagne. Là, tout étant prévu, l'achat, la vente, le profit, les commerçants se trouvent avoir dix heures sur douze à employer en joyeuses parties, en observations, commentaires, espionnages continuels. Une ménagère n'achète pas une perdrix sans que les voisins ne demandent au mari si elle était cuite à point. Une jeune fille ne met pas la tête à sa fenêtre sans y être vue par tous “Il ne passe personne dans la rue les groupes inoccupés qui ne soit étudié.”. Là donc les consciences sont à jour, de même que ces maisons impénétrables, noires et silencieuses n'ont point de mystères. La vie est presque toujours en plein air : chaque ménage s'assied à sa porte, y déjeune, y dîne, s'y dispute. Il ne passe personne dans la rue qui ne soit étudié. Aussi, jadis, quand un étranger arrivait dans une ville de province, était-il gaussé de porte en porte. De là les bons contes, de là le surnom de copieux donné aux habitants d'Angers qui excellaient à ces railleries urbaines. Les anciens hôtels de la vieille ville sont situés en haut de cette rue jadis habitée par les gentilshommes du pays. La maison pleine de mélancolie où se sont accomplis les événements de cette histoire était précisément un de ces logis, restes vénérables d'un siècle où les choses et les hommes avaient ce caractère de simplicité que les moeurs françaises perdent de jour en jour.


Après avoir suivi les détours de ce chemin pittoresque dont les moindres accidents réveillent des souvenirs et dont l'effet général tend à plonger dans une sorte de rêverie machinale, vous apercevez un renfoncement assez sombre, au centre duquel est cachée la porte de la maison à monsieur Grandet. Il est impossible de comprendre la valeur de cette expression provinciale sans donner la biographie de monsieur Grandet.


HONORÉ DE BALZAC



EUGÉNIE GRANDET


There are houses in certain provincial towns whose aspect inspires melancholy, akin to that called forth by sombre cloisters, dreary moorlands, or the desolation of ruins. Within these houses there is, perhaps, the silence of the cloister, the barrenness of moors, the skeleton of ruins; life and movement are so stagnant there that a stranger might think them uninhabited, were it not that he encounters suddenly the pale, cold glance of a motionless person, whose half-monastic face peers beyond the window-casing at the sound of an unaccustomed step.


Such elements of sadness formed the physiognomy, as it were, of a dwelling-house in Saumur which stands at the end of the steep street leading to the chateau in the upper part of the town. This street—now little frequented, hot in summer, cold in winter, dark in certain sections—is remarkable for the resonance of its little pebbly pavement, always clean and dry, for the narrowness of its tortuous road-way, for the peaceful stillness of its houses, which belong to the Old town and are over-topped by the ramparts. Houses three centuries old are still solid, though built of wood, and their divers aspects add to the originality which commends this portion of Saumur to the attention of artists and antiquaries.


It is difficult to pass these houses without admiring the enormous oaken beams, their ends carved into fantastic figures, which crown with a black bas-relief the lower floor of most of them. In one place these transverse timbers are covered with slate and mark a bluish line along the frail wall of a dwelling covered by a roof en colombage which bends beneath the weight of years, and whose rotting shingles are twisted by the alternate action of sun and rain. In another place blackened, worn-out window-sills, with delicate sculptures now scarcely discernible, seem too weak to bear the brown clay pots from which springs the heart's-ease or the rose-bush of some poor working-woman. Farther on are doors studded with enormous nails, where the genius of our forefathers has traced domestic hieroglyphics, of which the meaning is now lost forever. Here a Protestant attested his belief; there a Leaguer cursed Henry IV.; elsewhere some bourgeois has carved the insignia of his noblesse de cloches, symbols of his long-forgotten magisterial glory. The whole history of France is there.


Next to a tottering house with roughly plastered walls, where an artisan enshrines his tools, rises the mansion of a country gentleman, on the stone arch of which above the door vestiges of armorial bearings may still be seen, battered by the many revolutions that have shaken France since 1789. In this hilly street the ground-floors of the merchants are neither shops nor warehouses; lovers of the Middle Ages will here find the ouvrouere of our forefathers in all its naive simplicity. These low rooms, which have no shop-frontage, no show-windows, in fact no glass at all, are deep and dark and without interior or exterior decoration. Their doors open in two parts, each roughly iron-bound; the upper half is fastened back within the room, the lower half, fitted with a spring-bell, swings continually to and fro. Air and light reach the damp den within, either through the upper half of the door, or through an open space between the ceiling and a low front wall, breast-high, which is closed by solid shutters that are taken down every morning, put up every evening, and held in place by heavy iron bars.


This wall serves as a counter for the merchandise. No delusive display is there; only samples of the business, whatever it may chance to be,—such, for instance, as three or four tubs full of codfish and salt, a few bundles of sail-cloth, cordage, copper wire hanging from the joists above, iron hoops for casks ranged along the wall, or a few pieces of cloth upon the shelves. Enter. A neat girl, glowing with youth, wearing a white kerchief, her arms red and bare, drops her knitting and calls her father or her mother, one of whom comes forward and sells you what you want, phlegmatically, civilly, or arrogantly, according to his or her individual character, whether it be a matter of two sous' or twenty thousand francs' worth of merchandise. You may see a cooper, for instance, sitting in his doorway and twirling his thumbs as he talks with a neighbor. To all appearance he owns nothing more than a few miserable boat-ribs and two or three bundles of laths; but below in the port his teeming wood-yard supplies all the cooperage trade of Anjou. He knows to a plank how many casks are needed if the vintage is good. A hot season makes him rich, a rainy season ruins him; in a single morning puncheons worth eleven francs have been known to drop to six. In this country, as in Touraine, atmospheric vicissitudes control commercial life. Wine-growers, proprietors, wood-merchants, coopers, inn-keepers, mariners, all keep watch of the sun. They tremble when they go to bed lest they should hear in the morning of a frost in the night; they dread rain, wind, drought, and want water, heat, and clouds to suit their fancy. A perpetual duel goes on between the heavens and their terrestrial interests. The barometer smooths, saddens, or makes merry their countenances, turn and turn about. From end to end of this street, formerly the Grand'Rue de Saumur, the words: "Here's golden weather," are passed from door to door; or each man calls to his neighbor: "It rains louis," knowing well what a sunbeam or the opportune rainfall is bringing him.


On Saturdays after midday, in the fine season, not one sou's worth of merchandise can be bought from these worthy traders. Each has his vineyard, his enclosure of fields, and all spend two days in the country. This being foreseen, and purchases, sales, and profits provided for, the merchants have ten or twelve hours to spend in parties of pleasure, in making observations, in criticisms, and in continual spying. A housewife cannot buy a partridge without the neighbors asking the husband if it were cooked to a turn. A young girl never puts her head near a window that she is not seen by idling groups in the street. Consciences are held in the light; and the houses, dark, silent, impenetrable as they seem, hide no mysteries. Life is almost wholly in the open air; every household sits at its own threshold, breakfasts, dines, and quarrels there. No one can pass along the street without being examined; in fact formerly, when a stranger entered a provincial town he was bantered and made game of from door to door. From this came many good stories, and the nickname copieux, which was applied to the inhabitants of Angers, who excelled in such urban sarcasms.


The ancient mansions of the old town of Saumur are at the top of this hilly street, and were formerly occupied by the nobility of the neighborhood. The melancholy dwelling where the events of the following history took place is one of these mansions,—venerable relics of a century in which men and things bore the characteristics of simplicity which French manners and customs are losing day by day. Follow the windings of the picturesque thoroughfare, whose irregularities awaken recollections that plunge the mind mechanically into reverie, and you will see a somewhat dark recess, in the centre of which is hidden the door of the house of Monsieur Grandet. It is impossible to understand the force of this provincial expression—the house of Monsieur Grandet—without giving the biography of Monsieur Grandet himself.


Traducción de KATHARINE PRESCOTT WORMELEY



EUGÉNIE GRANDET


En algunos pueblecitos de provincias se encuentran casas cuya vista inspira una melancolía igual a la que provocan los claustros más sombríos, las landas más desiertas o las ruinas más tristes. Y es que sin duda participan a la vez esas casas del silencio del claustro, de la aridez de las landas y de los despojos de las ruinas: la vida y el movimiento son en ellas tan reposados, que un extranjero las creería deshabitadas si no encontrase de pronto la mirada fría y sin expresión de una persona inmóvil, cuyo rostro medio monástico asoma por una ventana al oír el ruido de pasos desconocidos. Este aspecto melancólico lo posee un edificio situado en Saumur, al extremo de la calle montuosa que conduce al castillo por la parte alta de la villa. Esta calle, que se ve ahora poco frecuentada, cálida en verano, fría en invierno y obscura en algunos parajes, es notable por la sonoridad de su empedrado, que está siempre limpio y seco; por la estrechez de su vía tortuosa y por la paz de sus casas, que pertenecen a la villa antigua y que dominan las murallas. Unas habitaciones tres veces seculares y sólidas aún a pesar de haber sido construidas con madera, y los diversos paisajes que ofrecen, contribuyen a dar originalidad a aquella parte de Saumur, que es tan interesante para anticuarios y artistas. Es difícil pasar por delante de estas casas sin admirar sus enormes vigas, cuyos extremos forman extrañas figuras y que coronan de un bajo relieve negro el piso bajo de la mayor parte de ellas. Aquí, piezas de madera transversales están cubiertas con pizarra y dibujan líneas azules en las frágiles paredes de un edificio cubierto por un tejado formado de pontones que los años han encorvado, y de tablones podridos y alabeados por la acción alternativa del sol y de la lluvia; allá, se ven alféizares de ventana viejos y ennegrecidos, cuyas delicadas esculturas apenas se ven y que parecen muy estrechos a juzgar por el tiesto de arcilla negra de donde brotan las plantas de clavel o de rosal de alguna pobre obrera; y más lejos, puertas provistas de enormes clavos con los cuales trazaron nuestros antepasados los jeroglíficos domésticos cuyo sentido no se conocerá nunca. Tan pronto se ven allí los caracteres con que un protestante hizo constar su fe, como aquellos con que un partidario de la Liga manifestó su odio a Enrique IV, sin faltar tampoco los del burgués que grabó allí las insignias de su nobleza parroquial, la gloria de su olvidada regiduría. En estas huellas se ve la historia entera de Francia. Al lado de la frágil casa construida con ripios y cascote donde el artesano deificó sus herramientas, se levanta el palacio de un noble sobre cuya puerta con dintel de piedra se ven aún algunos vestigios de su escudo y armas, destrozados por las diversas revoluciones que desde 1789 agitaron el país. En esta calle, los pisos bajos de los comerciantes no son ni tiendas ni almacenes, y los aficionados a antigüedades podrán ver en ellos el taller de nuestros abuelos en toda su primitiva sencillez. Estas salas bajas, que no tienen delantera, ni rótulo, ni escaparate, son profundas y obscuras y carecen de adornos exteriores e interiores. Su puerta está dividida en dos partes toscamente herradas, de las cuales, la superior se abre interiormente, y la inferior, provista de una campanita con resorte, se abre y se cierra a placer. El aire y la luz penetran en aquella especie de antro húmedo ya por la parte superior de la puerta, o ya por el hueco que hay entre el techo y el paredón de un metro de altura, al que se adaptan unas sólidas ventanas que se quitan por la mañana y se colocan por la noche, sujetándolas con flejes de hierro provistos de sus correspondientes pernos. El paredón sirve al comerciante para colocar sus mercancías. Allí no se conoce el charlatanismo. Con arreglo a las costumbres del comercio, las muestras consisten en dos o tres cubetas llenas de sal y de bacalao, en algunos paquetes de tosca tela, en cuerdas, en latón colgado de las vigas del techo, en aros a lo largo de las paredes y en algunas piezas de paño en los estantes. Ahora, entrad. Una joven limpia, radiante de juventud, de brazos rojos y cubierta con blanca toquilla, deja de hacer calceta y llama a su padre o a su madre, que acude, y os vende flemática, complaciente o arrogantemente, según su carácter, lo mismo diez céntimos que veinte mil francos de mercancías. Allí podéis ver un comerciante de duelas sentado a su puerta y dando vueltas a los pulgares mientras habla con su vecino; y, a juzgar por las apariencias, diréis que no posee más que malas duelas y tres paquetes de latas; pero en el puerto, su taller, lleno, provee a todos los toneleros de Anjou, y, duela más, duela menos, este hombre puede deciros para cuántos toneles tendrá si la recolección es buena: un rayo de sol le enriquece, una tormenta le arruina, y en una sola mañana puede ponerse a once francos el tonel que sólo vale seis. En este país, como en Turena, las vicisitudes de la atmósfera influyen en la vida comercial. Viñeros, propietarios, comerciantes en maderas, toneleros, posaderos, marineros, en una palabra, todos están allí al acecho de un rayo de sol, y tiemblan al acostarse ante la idea de que al despertar pueda encontrarse todo helado; temen la lluvia, el viento, la sequía, y quieren agua, calor y nubes a su gusto. En aquel país hay un duelo constante entre el cielo y los intereses materiales, y el barómetro entristece y alegra sucesivamente la fisonomía de sus habitantes. Las palabras: «¡Vaya un tiempo hermoso!» corren de puerta en puerta de un extremo a otro de aquella calle que antaño se llamaba la calle Mayor, y todo el mundo dice a su vecino que llueven luises de oro, dando a entender con esto que saben lo que un rayo de sol o lo que una lluvia oportuna les vale. Los sábados por la tarde, durante el buen tiempo, os sería imposible adquirir cinco céntimos de mercancía en las tiendas de estos honrados industriales, pues todos tienen su viña o su quinta y se van a pasar dos días al campo. En este pueblo, como lo tienen todo previsto, es decir, compra, venta y ganancias, los comerciantes pueden emplear de las doce horas del día, diez en alegres giras, en observaciones, comentarios y continuos espionajes. Allí, una mujer no compra una perdiz sin que los vecinos pregunten al marido al día siguiente si estaba bien aderezada. Una joven no asoma la cabeza a su ventana sin que sea vista por todos los grupos de ociosos. De modo que en aquel paraje las conciencias están a la luz del día, del mismo modo que carecen de misterios aquellas casas impenetrables, negras y silenciosas. La vida se hace casi al aire libre: cada familia se sienta a su puerta y almuerza, come y disputa allí. No pasa nadie por la calle que no sea estudiado. Así es que antaño, cuando un extranjero llegaba a un pueblo de provincias, era objeto de burlas continuas de puerta en puerta, y de ahí provienen los buenos cuentos y el sobrenombre de burlones que se da a los habitantes de Angers, que se distinguen por su mucha gracia. Los palacios antiguos de la antigua villa están situados en la parte más elevada de aquella calle, habitada antaño por los hidalgos del país. La casa llena de melancolía donde se desarrollaron los acontecimientos de esta historia, era precisamente uno de estos edificios, resto venerable de un siglo en que las cosas y los hombres tenían ese carácter sencillo que las costumbres francesas van perdiendo a pasos agigantados.


Después de seguir las sinuosidades de este camino pintoresco, cuyos menores accidentes despiertan recuerdos y cuyo efecto general tiende a sumir a uno en maquinal meditación, se ve un sombrío hueco en cuyo centro se esconde la puerta de la casa del señor Grandet. Es imposible comprender todo el interés que despierta este nombre en Saumur sin hacer la biografía del señor Grandet.


Traducción de JOAQUÍN GARCÍA BRAVO

lunes, 12 de abril de 2010

Virgilio, Clément Marot y Eugenio de Ochoa

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ECLOGA I


Audio: Ecloga I


Meliboeus


Tityre, tu patulae recubans sub tegmine fagi
silvestrem tenui Musam meditaris avena;
nos patriae finis et dulcia linquimus arva.
nos patriam fugimus; tu, Tityre, lentus in umbra
formosam resonare doces Amaryllida silvas.




Tityrus


O Meliboee, deus nobis haec otia fecit.
namque erit ille mihi semper deus, illius aram
saepe tener nostris ab ovilibus imbuet agnus.
ille meas errare boves, ut cernis, et ipsum
ludere quae vellem calamo permisit agresti.




Meliboeus


Non equidem invideo, miror magis; undique totis
usque adeo turbatur agris. en ipse capellas
protinus aeger ago; hanc etiam vix, Tityre, duco.
hic inter densas corylos modo namque gemellos,
spem gregis, a, silice in nuda conixa reliquit.
saepe malum hoc nobis, si mens non laeva fuisset,
de caelo tactas memini praedicere quercus.
sed tamen iste deus qui sit da, Tityre,nobis.




Tityrus


Urbem quam dicunt Romam, Meliboee, putavi
stultus ego huic nostrae similem, cui saepe solemus
pastores ovium teneros depellere fetus.
sic canibus catulos similes, sic matribus haedos
noram, sic parvis componere magna solebam.
verum haec tantum alias inter caput extulit urbes
quantum lenta solent inter viburna cupressi.




Meliboeus


Et quae tanta fuit Romam tibi causa videndi?




Tityrus


Libertas, quae sera tamen respexit inertem,
candidior postquam tondenti barba cadebat,
respexit tamen et longo post tempore venit,
postquam nos Amaryllis habet, Galatea reliquit.
namque - fatebor enim - dum me Galatea tenebat,
nec spes libertatis erat nec cura peculi.
quamvis multa meis exiret victima saeptis
pinguis et ingratae premeretur caseus urbi,
non umquam gravis aere domum mihi dextra redibat.




Meliboeus


Mirabar quid maesta deos, Amarylli, vocares,
cui pendere sua patereris in arbore poma.
Tityrus hinc aberat. ipsae te, Tityre, pinus,
ipsi te fontes, ipsa haec arbusta vocabant.




Tityrus


Quid facerem? neque servitio me exire licebat
nec tam praesentis alibi cognoscere divos.
hic illum vidi iuvenem, Meliboee, quot annis
bis senos cui nostra dies altaria fumant,
hic mihi responsum primus dedit ille petenti:
'pascite ut ante boves, pueri, submittite tauros.'




Meliboeus


Fortunate senex, ergo tua rura manebunt
et tibi magna satis, quamvis lapis omnia nudus
limosoque palus obducat pascua iunco.
non insueta gravis temptabunt pabula fetas
nec mala vicini pecoris contagia laedent.
fortunate senex, hic inter flumina nota
et fontis sacros frigus captabis opacum;
hinc tibi, quae semper, vicino ab limite saepes
Hyblaeis apibus florem depasta salicti
saepe levi somnum suadebit inire susurro;
hinc alta sub rupe canet frondator ad auras,
nec tamen interea raucae, tua cura, palumbes
nec gemere aeria cessabit turtur ab ulmo.




Tityrus


Ante leves ergo pascentur in aethere cervi
et freta destituent nudos in litore pisces,
ante pererratis amborum finibus exsul
aut Ararim Parthus bibet aut Germania Tigrim,
quam nostro illius labatur pectore vultus.




Meliboeus


At nos hinc alii sitientis ibimus Afros,
pars Scythiam et rapidum cretae veniemus Oaxen
et penitus toto divisos orbe Britannos.
en umquam patrios longo post tempore finis
pauperis et tuguri congestum caespite culmen,
post aliquot, mea regna, videns mirabor aristas?
impius haec tam culta novalia miles habebit,
barbarus has segetes. en quo discordia civis
produxit miseros; his nos consevimus agros!
insere nunc, Meliboee, piros, pone ordine vites.
ite meae, felix quondam pecus, ite capellae.
non ego vos posthac viridi proiectus in antro
dumosa pendere procul de rupe videbo;
carmina nulla canam; non me pascente, capellae,
florentem cytisum et salices carpetis amaras.




Tityrus


Hic tamen hanc mecum poteras requiescere noctem
fronde super viridi. Sunt nobis mitia poma,
castaneae molles et pressi copia lactis,
et iam summa procul villarum culmina fumant
maioresque cadunt altis de montibus umbrae.


PUBLIUS VERGILIUS MARO



LA PREMIERE ÉGLOGUE DES BUCOLIQUES

Melibée


Toy Tityrus, gisant dessoubz l'Ormeau
Large, et espez, d'ung petit Chalumeau
Chantes Chansons rustiques en beaulx Chantz:
Et nous laissons (maulgré nous) les doulx champs,
Et noz Pays. Toy oysif en l'umbrage
Faiz resonner les forestz, qui font rage
De rechanter apres ta Chalemelle:
La tienne Amye Amarillis la belle.


Tityrus


O Melibée, Amy chier, et parfaict,
Ung Dieu fort grand ce bien icy m'a faict.
Lequel aussi tousjours mon Dieu sera,
Et bien souvent son riche autel aura
Pour sacrifice ung Aigneau le plus tendre,
Qu'en mon Trouppeau pourray choisir, et prendre:
Car il permect mes Brebis venir paistre
(Comme tu voys) en ce beau Lieu champaistre:
Et que je chante en mode pastouralle
Ce, que vouldroy de ma fluste ruralle.


Melibée


Je te prometz, que ta bonne fortune
Dedans mon cueur ne met envie aulcune:
Mais m'esbays, comme en toutes saisons
Malheur nous suyt en noz Champs, et Maisons.
Ne voys tu point, gentil Berger, helas,
Je tout malade, et privé de soulas,
D'ung lieu loingtain mene cy mes Chevrettes
Accompagnées d'Aigneaulx, et Brebiettes.
Et (qui pis est) à grand labeur je meine
Celle, que voys tant meigre en ceste Plaine,
Laquelle estoit la totalle esperance
De mon Trouppeau. Or n'y ay je asseurance,
Car maintenant (je te prometz) elle a
Faict en passant, pres de ces Couldres là,
Qui sont espez, deux gemeaulx Aigneletz,
Qu'elle a laissez (moy contrainct) tous seuletz,
Non dessus l'herbe, ou aulcune Verdure,
Mais tous tremblans dessus la Pierre dure.
Ha Tytirus (si j'eusse esté bien sage)
Il me souvient, que souvent par presage
Chesnes frappez de la fouldre des Cieulx
Me predisoient ce mal pernicieux.
Semblablement la sinistre Corneille
Me disoit bien la fortune pareille.
Mais je te pry, Tityre, compte moy
Qui est ce Dieu, qui t'a mis hors d'esmoy?


Tityrus


Je sot cuidois, que ce, que l'on dit Romme,
Fust une Ville ainsi petite, comme
Celle de nous: là où maint Aignelet
Nous retirons, et les Bestes de laict.
Mais je faisois semblables à leurs Peres
Les petitz Chiens, et Aigneaulx à leurs Meres,
Accomparant (d'imprudence surpris)
Chose petite à celle de grand pris:
Car (pour certain) Romme noble, et civile,
Lieve son chef par sus toute aultre ville,
Ainsi que sont les grandz, et hautz Cipres
Sur ces Buyssons, que tu voys icy pres.


Melibée


Et quel motif si expres t'a esté
D'aller veoir Romme?


Tityre


Amour de Liberté:
Laquelle tard toutesfois me vint veoir:
Car ains que vint, barbe pouvois avoir.
Si me veit elle en pitié bien expres,
Et puis je l'euz assez long temps apres:
C'est assavoir, si tost qu'eus accoinctée
Amarillis, et laissé Galathée.
Certainement je confesse ce poinct,
Que quand j'estoys à Galathée joinct,
Aulcun espoir de Liberté n'avoye,
Et en soucy de Bestail ne vivoye:
Voire et combien, que maintesfois je feisse
De mes Trouppeaux à noz Dieux sacrifice,
Et nonobstant que force gras fourmage
Se feist tousjours à nostre ingrat Village,
Pour tout cela, jamais jour de Sepmaine
Ma Main chez nous ne s'en retournoit pleine.


Melibée


O Amarille: moult je m'esmerveillois
Pourquoy les Dieux d'ung cueur triste appellois:
Et m'estonnois, pour qui d'entre nous hommes
Tu reservoys en l'Arbre tant de Pommes.
Tityre lors n'y estoit (à vray dire)
Mais toutesfois (ô bien heureux Tityre)
Les Pins treshaultz, les Ruissaulx, qui coulloient,
Et les Buissons adoncques t'appelloient.


Tityre


Qu'eusse je faict, sans de chez nous partir?
Je n'eusse peu de Service sortir,
N'ailleurs, que là, n'eusse trouvé des Dieux
Si à propos, ne qui me duissent mieulx.
Là (pour certain) en estat triumphant
(O Melibée) je vey ce jeune Enfant:
Au los de qui nostre Autel par coustume,
Douze foys l'An en sacrifice fume.
Certes c'est luy, qui premier respondit
A ma requeste, et en ce poinct me dit:
Allez Enfans, menez paistre voz Boeufz,
Comme devant, je l'entends, et le veulx:
Et faictes joindre aux Vaches voz Taureaux.


Melibée


Heureux Vieillard sur tous les Pastoureaux,
Doncques tes Champs par ta bonne adventure
Te demourront, et assez de Pasture,
Quoy que le Roc d'herbe soit despoillé,
Et que le Lac de Bourbe tout soillé,
Du jonc Lymeulx couvre le bon herbage,
Ce neantmoins le maulvais Pasturage
Ne nourrira jamais tes Brebis pleines:
Et les Trouppeaux de ces prochaines Plaines
Desormais plus ne te les gasteront,
Quand quelcque mal contagieux auront.
Heureux Vieillard, desormais en ces Prées
Entre Ruisseaux, et fontaines sacrées
A ton plaisir tu te reffreschiras:
Car d'un costé joignant de toy auras
La grand Closture à la Saussaye espesse,
Là où viendront manger la Fleur sans cesse
Mousches à miel, qui de leur bruyt tout doulx
Te inciteront à sommeil tous les coups.
De l'autre part, sus ung hault Roc sera
Le Rossignol, qui en l'Air chantera.
Mais ce pendant, la Palombe enrouée,
La Tourte aussi de chasteté louée
Ne laisseront à gemir sans se taire
Sus ung grand Orme: et tout pour te complaire


Tityre


Doncques plustost Cerfz legiers, et cornuz
Vivront en l'Air: et les Poissons tous nudz
Seront laissez de leurs fleuves taris:
Plustost boyront les Parthes Araris
Le fleuve grand: et Tigris Germanie:
Plustost sera ma Persone bannie
En ces deux lieux: et leurs fins, et Limites
Circuiray à journées petites,
Ains que celluy, que je t'ay racompté,
Du souvenir de mon cueur soit osté.


Melibée


Helas et nous irons sans demeurée
Vers le Pais d'Affricque l'alterée:
La plus grand part en la froide Scytie
Habiterons: ou irons en Parthie
(Puis qu'en ce point fortune le decrete)
Au fleuve Oaxe impetueux de Crete.
Finablement viendront tous esgarez
Vers les Angloys du Monde separez.
Long temps apres, ou avant que je meure,
Verray point mon Pais, et demeure?
Ma pauvre Loge aussi faicte de Chaulme?
Las s'il advient, qu'en mon petit Royaulme
Revienne encor, je le regarderay,
Et des Ruines fort je m'estonneray.
Las faudra il, qu'un Gendarme impiteux
Tienne ce Champ tant culte, et fructueux?
Las faudra il, qu'ung Barbare estrangier
Cueille les Bledz? O en quel grand dangier
Discorde a mis Pasteurs, et Marchans:
Las, et pour qui avons semé nos Champs?
O Melibée, plante Arbres à la Ligne,
Ente Poyriers, mectz en ordre la Vigne:
Helas pour qui? Allez jadis heureuses,
Allez Brebis, maintenant malheureuses.
Apres cecy, en ce grand Creux tout vert,
Là où souvent me couchoys à couvert,
Ne vous verray jamais plus de loing paistre
Vers la Montaigne espineuse et champaistre:
Plus ne diray Chansons recreatives:
Ny dessoubz moy pauvres Chevres chetives
Plus ne paistrez le Treffle florissant,
Ne l'aigre fueille au Saule verdissant.


Tityrus


Tu pourras bien (et te pry, que le vueilles)
Prendre repos dessus des vertes fueilles
Avecques moy ceste Nuict seullement.
J'ay à souper assez passablement,
Pommes, Pruneaux, tout plein de bon fructage,
Chastaignes, Aulx, avec force Laictage.
Puis des Citez les Cheminées fument,
Desjà le feu pour le soupper allument:
Il s'en va nuict, et des haultz Montz descendent
Les Ombres grands, qui parmy l'Air s'espendent.


CLÉMENT MAROT



ÉGLOGA I


MELIBEO


¡Títiro!, tú, recostado a la sombra de esa frondosa haya, meditas pastoriles cantos al son del blando caramillo; yo abandono los confines patrios y sus dulces campos; yo huyo del suelo natal, mientras que tú, ¡oh Títiro!, tendido a la sombra, enseñas a las selvas a resonar con el nombre de la hermosa Amarilis.


TÍTIRO


A un dios, ¡oh Melibeo!, debo estos solaces, porque para mí siempre sera un dios. Frecuentemente empapará su altar la sangre de un recental de mis majadas; a él debo que mis novillas vaguen libremente, como ves, y también poder yo entonar los cantos que me placen al son de la rústica avena.


MELIBEO


No envidio, en verdad, tu dicha; antes me maravilla, en vista de la gran turbación que reina en estos campos. Aquí me tienes a mí, que, aunque enfermo, yo mismo voy pastoreando mis cabras, y ahí va una, ¡oh Títiro!, que apenas puedo arrastrar, porque ha poco parió entre unos densos avellanos dos cabritillos, esperanza, ¡ay!, del rebaño, los cuales dejó abandonados en una desnuda peña. A no estar obcecado mi espíritu, muchas veces hubiera previsto esta desgracia al ver los robles heridos del rayo . Mas dime, Títiro, ¿quién es ese dios?


TÍTIRO


Simple de mí, creía yo, Melibeo, que la ciudad que llaman Roma era parecida a esta nuestra adonde solemos ir los pastores a destetar los corderillos; así discurría yo viendo que los cachorros se parecen a los perros y los cabritos a sus madres, y ajustando las cosas grandes con las pequeñas; pero Roma descuella tanto sobre las demás ciudades como los altos cipreses entre las flexibles mimbreras,


MELIBEO


¿Y cuál tan grande ocasión fue la que te movió a ver a Roma?


TÍTIRO


La libertad, que, aunque tardía, al cabo tendió la vista a mi indolencia cuando ya al cortarla caía mas blanca mi barba; me miró, digo, y vino tras largo tiempo, ahora que Amarilis es mi dueña y que me ha abandonado Galatea; porque, te lo confieso, mientras serví a Galatea ni tenía esperanza de libertad ni cuidaba de mi hacienda, y aunque de mis ganados salían muchas víctimas para los sacrificios y me daban muchos pingües quesos, que llevaba a vender a la ingrata ciudad, nunca volvía a mi choza con la diestra cargada de dinero.


MELIBEO


Me admiraba, ¡Amarilis!, de que tan triste invocases a los dioses y de que dejases pender en los árboles las manzanas. Títiro estaba ausente de aquí; hasta estos mismos pinos, ¡oh Títiro!, estas fuentes mismas, estas mismas florestas te llamaban.


TÍTIRO


¿Qué había de hacer? Ni podía salir de mi servidumbre ni conocer en otra parte dioses tan propicios. Allí fue, Melibeo, donde vi a aquel mancebo en cuyo obsequio humean un día en cada mes nuestros altares; allí dio, el primero, a mis súplicas esta respuesta: "Apacentad, ¡oh jóvenes!, vuestras vacas como de antes; uncid al yugo los toros."


MELIBEO


¡Luego conservarás tus campos, venturoso anciano!, y te bastarán sin duda, aunque todos sean peladas guijas y fangosos pantanos cubran las dehesas. No dañarán a las preñadas ovejas los desacostumbrados pastos ni se les pegará el contagio del vecino rebaño a las paridas. ¡Anciano venturoso! Aquí respirarás el frescor de la noche entre los conocidos ríos y las sagradas fuentes; aquí las abejas hibleas, apacentadas en los sauzales del vecino cercado, te adormecerán muchas veces con su blando zumbido; aquí cantará el podador bajo la alta roca, y entre tanto no cesarán de arrullar tus amadas palomas ni de gemir la tórtola en el erguido olmo.


TÍTIRO


Por eso antes pacerán en el aire los ligeros ciervos y antes los mares dejarán en seco a los peces en la playa; antes, desterrados ambos de sus confines, el Parto beberá las aguas del Araris o el Germano las del Tigris, que se borre de mi pecho la imagen de aquel dios.


MELIBEO


Y entre tanto nosotros iremos unos al África abrasada, otros a la Escitia y al impetuoso Oaxes de Creta, y a la Bretaña, apartada de todo el orbe; y ¿quién sabe si volveré a ver, al cabo de largo tiempo, los confines patrios y el techo de césped de mi pobre choza, admirándome de encontrar espigas en mis campos? ¿Un impío soldado poseerá estos barbechos tan bien cultivados? ¿Un extranjero estas mieses? ¡Mira a que estado ha traído la discordia a los míseros ciudadanos! ¡Mira para quién hemos labrado nuestras tierras! Injerta ahora, ¡oh Melibeo!, los perales, pon en buen orden las cepas; id, cabrillas mías, rebaño feliz en otro tiempo; ya no os veré de lejos, tendido en una verde gruta, suspendidas de las retamosas peñas. No entonaré cantares; no más, cabrillas mías, pastoreándoos yo, paceréis el florido cantueso ni los amargos sauces.


TÍTIRO


Bien pudieras, empero, descansar aquí conmigo esta noche en la verde enramada; tengo dulces manzanas, castañas cocidas y queso abundante. Ya humean a lo lejos los mas altos tejados de las alquerías y van cayendo las sombras, cada vez mayores, desde los altos montes.




Traducción de EUGENIO DE OCHOA