À ARSÈNE HOUSSAYE
Mon cher ami, je vous envoie un petit ouvrage dont on ne pourrait pas dire, sans injustice, qu’il n’a ni queue ni tête, puisque tout, au contraire, y est à la fois tête et queue, alternativement et réciproquement. Considérez, je vous prie, quelles admirables commodités cette combinaison nous offre à tous, à vous, à moi et au lecteur. Nous pouvons couper où nous voulons, moi ma rêverie, vous le manuscrit, le lecteur sa lecture ; car je ne suspends pas la volonté rétive de celui-ci au fil interminable d’une intrigue superfine. Enlevez une vertèbre, et les deux morceaux de cette tortueuse fantaisie se rejoindront sans peine. Hachez-la en nombreux fragments, et vous verrez que chacun peut exister à part. Dans l’espérance que quelques-uns de ces tronçons seront assez vivants pour vous plaire et vous amuser, j’ose vous dédier le serpent tout entier.
J’ai une petite confession à vous faire. C’est en feuilletant, pour la vingtième fois au moins, le fameux Gaspard de la Nuit, d’Aloysius Bertrand (un livre connu de vous, de moi et de quelques-uns de nos amis, n’a-t-il pas tous les droits à être appelé fameux ?) que l’idée m’est venue de tenter quelque chose d’analogue, et d’appliquer à la description de la vie moderne, ou plutôt d’une vie moderne et plus abstraite, le procédé qu’il avait appliqué à la peinture de la vie ancienne, si étrangement pittoresque.
Quel est celui de nous qui n’a pas, dans ses jours d’ambition, rêvé le miracle d’une prose poétique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s’adapter aux mouvements lyriques de l’âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience ?
C’est surtout de la fréquentation des villes énormes, c’est du croisement de leurs innombrables rapports que naît cet idéal obsédant. Vous-même, mon cher ami, n’avez-vous pas tenté de traduire en une chanson le cri strident du Vitrier, et d’exprimer dans une prose lyrique toutes les désolantes suggestions que ce cri envoie jusqu’aux mansardes, à travers les plus hautes brumes de la rue ?
Mais, pour dire le vrai, je crains que ma jalousie ne m’ait pas porté bonheur. Sitôt que j’eus commencé le travail, je m’aperçus que non-seulement je restais bien loin de mon mystérieux et brillant modèle, mais encore que je faisais quelque chose (si cela peut s’appeler quelque chose) de singulièrement différent, accident dont tout autre que moi s’enorgueillirait sans doute, mais qui ne peut qu’humilier profondément un esprit qui regarde comme le plus grand honneur du poëte d’accomplir juste ce qu’il a projeté de faire.
Votre bien affectionné,
C. B.
A ARSÈNE HOUSSAYE
Mi querido amigo, le envío una pequeña obra, de la cual no se podría decir, sin injusticia, que no tiene ni pies ni cabeza, puesto que, al contrario, todo en ella es, al mismo tiempo, cabeza y pies, alternativa y recíprocamente. Considere, se lo ruego, qué admirables comodidades esta combinación nos ofrece a todos, a usted, a mí y al lector. Podemos cortar dónde queramos, yo mi ensoñación, usted el manuscrito, el lector la lectura; porque no dejo que la esquiva voluntad de éste quede pendiendo del hilo interminable de una intriga sutilísima. Saque usted una vértebra, y las dos partes de esta tortuosa fantasía volverán a juntarse sin esfuerzo. Despedácela en numerosos fragmentos, y verá que cada uno puede existir por separado. Con la esperanza de que algunos de estos trozos estarán lo bastante vivos para darle placer y entretenimiento, me atrevo a dedicarle la serpiente completa.
Tengo que hacerle una pequeña confesión. Hojeando, por vigésima vez al menos, el famoso Gaspar de la Noche, de Aloysius Bertrand (¿un libro que usted y yo, y algunos de nuestros amigos, conocemos no tiene todo el derecho a ser llamado famoso?), se me ocurrió la idea de intentar algo análogo, y de aplicar a la descripción de la vida moderna o, más bien, de una vida moderna y más abstracta, el procedimiento que él había aplicado a la pintura de la vida antigua, tan extrañamente pintoresca.
¿Quién de nosotros no ha soñado, en sus días de ambición, con el milagro de una prosa poética, musical sin ritmo y sin rima, lo bastante flexible y lo bastante abrupta como para adaptarse a los movimientos líricos del alma, a las ondulaciones de la ensoñación, a los sobresaltos de la conciencia?
Es sobre todo de la frecuentación de las ciudades inmensas, del entrecruzamiento de sus innumerables relaciones, que nace ese ideal obsesivo. Usted mismo, mi querido amigo, ¿no ha intentado mostrar en una canción el grito estridente del Vidriero, y expresar en una prosa lírica todas las desoladoras sugerencias que ese grito lanza hasta las mansardas, a través de las más altas brumas de la calle?
Pero, para decir la verdad, temo que mi envidia no me haya traído suerte. Apenas comencé el trabajo, me di cuenta de que no sólo me quedaba muy lejos de mi misterioso y brillante modelo, sino incluso que hacía algo (si es que esto puede llamarse algo) singularmente diferente, accidente del cual cualquier otro fuera de mí se enorgullecería quizás, pero que no puede sino humillar profundamente a un espíritu que ve como el más grande honor del poeta realizar únicamente aquello que proyectó hacer.
Suyo muy afectuosamente,
C. B.
V
LA CHAMBRE DOUBLE
Une
chambre qui ressemble à une rêverie, une chambre véritablement spirituelle, où
l’atmosphère stagnante est légèrement teintée de rose et de bleu.
L’âme
y prend un bain de paresse, aromatisé par le regret et le désir. — C’est
quelque chose de crépusculaire, de bleuâtre et de rosâtre ; un rêve de volupté
pendant une éclipse.
Les
meubles ont des formes allongées, prostrées, alanguies. Les meubles ont l’air
de rêver ; on les dirait doués d’une vie somnambulique, comme le végétal et le
minéral. Les étoffes parlent une langue muette, comme les fleurs, comme les
ciels, comme les soleils couchants.
Sur
les murs nulle abomination artistique. Relativement au rêve pur, à l’impression
non analysée, l’art défini, l’art positif est un blasphème. Ici, tout a la
suffisante clarté et la délicieuse obscurité de l’harmonie.
Une
senteur infinitésimale du choix le plus exquis, à laquelle se mêle une
très-légère humidité, nage dans cette atmosphère, où l’esprit sommeillant est
bercé par des sensations de serre-chaude.
La
mousseline pleut abondamment devant les fenêtres et devant le lit ; elle
s’épanche en cascades neigeuses. Sur ce lit est couchée l’Idole, la souveraine
des rêves. Mais comment est-elle ici ? Qui l’a amenée ? quel pouvoir magique
l’a installée sur ce trône de rêverie et de volupté ? Qu’importe ? la voilà !
je la reconnais.
Voilà
bien ces yeux dont la flamme traverse le crépuscule ; ces subtiles et terribles
mirettes, que je reconnais à leur effrayante malice ! Elles attirent, elles
subjuguent, elles dévorent le regard de l’imprudent qui les contemple. Je les
ai souvent étudiées, ces étoiles noires qui commandent la curiosité et l’admiration.
À
quel démon bienveillant dois-je d’être ainsi entouré de mystère, de silence, de
paix et de parfums ? Ô béatitude ! ce que nous nommons généralement la vie,
même dans son expansion la plus heureuse, n’a rien de commun avec cette vie
suprême dont j’ai maintenant connaissance et que je savoure minute par minute,
seconde par seconde !
Non
! il n’est plus de minutes, il n’est plus de secondes ! Le temps a disparu ;
c’est l’Éternité qui règne, une éternité de délices !
Mais
un coup terrible, lourd, a retenti à la porte, et, comme dans les rêves
infernaux, il m’a semblé que je recevais un coup de pioche dans l’estomac.
Et
puis un Spectre est entré. C’est un huissier qui vient me torturer au nom de la
loi ; une infâme concubine qui vient crier misère et ajouter les trivialités de
sa vie aux douleurs de la mienne ; ou bien le saute-ruisseau d’un directeur de
journal qui réclame la suite du manuscrit.
La
chambre paradisiaque, l’idole, la souveraine des rêves, la Sylphide, comme
disait le grand René, toute cette magie a disparu au coup brutal frappé par le
Spectre.
Horreur
! je me souviens ! je me souviens ! Oui ! ce taudis, ce séjour de l’éternel
ennui, est bien le mien. Voici les meubles sots, poudreux, écornés ; la
cheminée sans flamme et sans braise, souillée de crachats ; les tristes
fenêtres où la pluie a tracé des sillons dans la poussière ; les manuscrits,
raturés ou incomplets ; l’almanach où le crayon a marqué les dates sinistres !
Et
ce parfum d’un autre monde, dont je m’enivrais avec une sensibilité
perfectionnée, hélas ! il est remplacé par une fétide odeur de tabac mêlée à je
ne sais quelle nauséabonde moisissure. On respire ici maintenant le ranci de la
désolation.
Dans
ce monde étroit, mais si plein de dégoût, un seul objet connu me sourit : la fiole
de laudanum ; une vieille et terrible amie ; comme toutes les amies, hélas !
féconde en caresses et en traîtrises.
Oh
! oui ! Le Temps a reparu ; Le Temps règne en souverain maintenant ; et avec le
hideux vieillard est revenu tout son démoniaque cortège de Souvenirs, de
Regrets, de Spasmes, de Peurs, d’Angoisses, de Cauchemars, de Colères et de
Névroses.
Je
vous assure que les secondes maintenant sont fortement et solennellement
accentuées, et chacune, en jaillissant de la pendule, dit : — « Je suis la Vie,
l’insupportable, l’implacable Vie ! »
Il
n’y a qu’une Seconde dans la vie humaine qui ait mission d’annoncer une bonne
nouvelle, la bonne nouvelle qui cause à chacun une inexplicable peur.
Oui
! le Temps règne ; il a repris sa brutale dictature. Et il me pousse, comme si
j’étais un bœuf, avec son double aiguillon. — « Et hue donc ! bourrique ! Sue donc, esclave ! Vis donc, damné ! »
CHARLES BAUDELAIRE
V
LA HABITACIÓN
DOBLE
Una habitación que se parece a un ensueño, una
habitación realmente espiritual, en donde la atmósfera estancada está
ligeramente matizada de rosa y de azul.
El alma toma en ella un baño de pereza aromatizado por
el pesar y el deseo. —Hay algo de crepuscular, de azulado y de rosáceo; un
sueño de voluptuosidad durante un eclipse.
Los muebles tienen formas alargadas, postradas, lánguidas
1. Los muebles parecen soñar, se los creería dotados de una vida sonambúlica,
como el vegetal y el mineral. Las telas hablan una lengua muda, como las
flores, como los cielos, como los soles ponientes.
En las paredes, ninguna abominación artística. En
relación con el sueño puro, con la impresión no analizada, el arte definido, el
arte positivo es una blasfemia 2. Aquí todo tiene la suficiente claridad y la
deliciosa oscuridad de la armonía 3.
Un aroma infinitesimal, exquisitamente elegido, al
que se mezcla una ligerísima humedad, nada en esta atmósfera, donde el espíritu
soñoliento es mecido por sensaciones de invernadero.
La muselina llueve abundantemente delante de las
ventanas y delante del lecho; se derrama en cascadas de nieve. En el lecho está
acostada el Ídolo, la soberana de los sueños. Pero ¿cómo está aquí? ¿Quién la
ha traído? ¿Qué poder mágico la ha instalado en ese trono de ensueño y de
voluptuosidad? ¿Qué importa? ¡Ahí está! La reconozco.
Ahí están realmente esos ojos cuya llama atraviesa
el crepúsculo; ¡esas sutiles y terribles pupilas 4, que reconozco por su horrorosa
malicia! Atraen, subyugan, devoran la mirada del imprudente que las contempla.
Las he estudiado a menudo, esas estrellas negras que imponen la curiosidad y la
admiración.
¿A qué demonio compasivo le debo estar así, rodeado
de misterio, de silencio, de paz y de perfumes? ¡Ah, beatitud! ¡Lo que llamamos
generalmente vida, incluso en su expansión más feliz, nada tiene en común con
esta vida suprema de la cual tengo ahora conocimiento y que saboreo minuto a
minuto, segundo a segundo!
¡No! ¡Ya
no hay minutos, ya no hay segundos! ¡El tiempo ha desaparecido; es la Eternidad
la que reina, una eternidad de delicias! 5
Pero un
golpe terrible, pesado, ha resonado en la puerta, y, como en los sueños
infernales, me pareció que recibía un golpe de piqueta en el estómago.
Y después
entró un Espectro. Es un agente judicial que viene a torturarme en nombre de la
ley; una infame concubina que viene a llorar miseria y a añadir las
trivialidades de su vida a los dolores de la mía; o bien el joven mandadero de un
director de periódico que reclama la continuación del manuscrito.
La
habitación paradisíaca, el ídolo, la soberana de los sueños, la Sílfide, como
decía el gran René 6, toda esa magia, desapareció con el golpe brutal del Espectro.
¡Horror! ¡Me acuerdo! ¡Me acuerdo! ¡Sí! Esta pocilga,
esta morada del eterno hastío es precisamente la mía. Aquí están los muebles tontos,
cubiertos de polvo, con los bordes rotos; la chimenea sin llama y sin
rescoldos, sucia de escupitajos; las tristes ventanas donde la lluvia ha
trazado surcos en el polvo; manuscritos, tachados o incompletos; el almanaque
donde el lápiz marcó las fechas siniestras.
Y ese perfume de otro mundo, con el que me embriagaba con
sensibilidad perfeccionada, fue reemplazado, ¡ay!, por un fétido olor a tabaco
mezclado con no sé qué nauseabunda descomposición. Ahora aquí se respira lo rancio
de la desolación
En este mundo estrecho, pero tan lleno de asco, sólo
un objeto conocido me sonríe: la redoma de láudano 7; una vieja y terrible
amiga; como todas las amigas, ¡ay!, fecunda en caricias y en traiciones.
¡Ah, sí! El Tiempo ha vuelto a aparecer; el Tiempo
reina ahora como soberano, y con el horrendo anciano 8 volvió todo su demoníaco
cortejo de Recuerdos, Pesares, Espasmos, Miedos, Angustias, Pesadillas, Cóleras
y Neurosis.
Les
aseguro a ustedes que ahora los segundos están fuerte y solemnemente
acentuados, y que cada uno, al brotar del reloj de pared dice: “Yo soy la Vida,
la insoportable, la implacable Vida”. 9
No hay más que un Segundo en la vida humana cuya
misión es anunciar una buena nueva 10,
la buena nueva que infunde a todos un inexplicable miedo.
¡Sí! El Tiempo reina; recobró su brutal dictadura. Y
me empuja, como si yo fuera un buey, con su doble aguijón: “¡Arre, entonces, borrico!
¡Suda, entonces, esclavo! ¡Vive, entonces, maldito!”
Traducción, para Literatura & Traducciones, de Miguel Ángel Frontán
NOTAS para la edición en italiano de Massimo Colesanti
Publicado
en La Presse, el 26 de agosto de
1862. Como indica el propio título, este poema se desarrolla en dos planos
opuestos: el onírico-alucinatorio y el real, común y cotidiano. Lo que
significa también volver a proponer el contraste entre el idéal y el spleen, entre
un « paraíso », aunque artificial, debido a una operación mágica, a
un demonio compasivo, a la droga (el frasco de láudano se menciona expresamente
al final, como « une vieille et terrible amie »), y el infierno de la
vida, dominado por el eterno « ennui », y, sobre todo, marcado por el
Tiempo, ese inexorable « horrendo anciano », que trae consigo todo lo
que está precisamente ligado al paso, al transcurrir de los minutos, de los
segundos: acontecimientos, sentimientos, obsesiones. Y es realmente el Tiempo
el que marca el contraste: la habitación paradisíaca se sitía en la usencia del
Tiempo (« le temps a disparu »), la habitación real-infernal vuelve
con el Tiempo (« le Temps a reparu »). Se piensa, por supuesto, no
sólo en los Paradis artificiels, sino
también, en Les Fleurs du Mal, en Le Poison
(XLIX), en L'Horloge (LXXXV), y en lo
que concierne la invectiva contra el tiempo, en Le Voyage (CXXVI).
1.
La dilatación de las formas figura entre los fenómenos descritos en Paradis artificiels.
2.
Véase Le Confiteor de l'artiste :
el sueño puro es superior al arte, es inalcanzable por medio del arte, y por
ello parece una blasfemia comparado con él.
3.
Para la armonía de luces y sombras, cfr., en Les Fleurs du Mal, el soneto Correspondances
(IV), vv. 6-7.
4.
Mirettes es en francés un término
raro y familiar (de mirer), y que Baudelaire
es uno de los primeros en utilizar en el sentido de pupilas, y extensivamente
de ojos. No creemos que este término sea aquí una nota discordante, como piensa
S. Bernard: está en relación con la malicia y la obra de seducción mencionadas.
Cfr., para todo el párrafo, con estos ojos que atraen y subyugan, el segundo terceto
del soneto La Beauté (XVII), en Les Fleurs du Mal.
5.
Obsérvese el « temps » desaparecido con minúscula, y la « Éternité »
con mayúscula, mientras que cuando el « Temps » vuelve a aparecer reina con mayúscula.
6.
Alusión al René de Chateaubriand y a
la figura imaginaria de una muchacha con la que soñaba y la que le dio el
nombre de Sylphide en las Mémoires d'Outre-Tombe, I, 3, capítulos
10-13.
7. Para los efectos del láudano, el nombre de la joven es « Sylphide ». En lo que respecta a los efectos del láudano, licor a base de opio, véase Un mangeur d'opium, en Paradis artificiels.
8.
Cfr., en Les Fleurs du Mal, L'Horloge (LXXXV), v. 17: « le
Temps est un joueur avide », y Le
Voyage (CXXVII), vv. 115-116: « l'ennemi vigilant et funeste, / Le
Temps! »
9. Cfr. en Les Fleurs du Mal, Le Masque (XX), vv. 35-36: « C'est que demain, hélas! il faudra vivre encore! / Demain, après-demain et toujours! —¡comme nous! »
10. Esta « buena nueva » (la cursiva es una referencia al Evangelio) sólo puede ser la Muerte, que pone fin a la Vida insoportable, implacable; cfr. especialmente La Mort des pauvres (CXXII), en Les Fleurs du Mal.
V
DOUBLE BEDROOM
A room resembling a reverie, a room truly
spiritual, stagnant atmosphere in soft pink and blue tints.
There the soul bathes idly, scented with
regret and desire. — Something crepuscular, bluish and rose pink; voluptuous
dream during an eclipse.
The furnishings are elongated, prostrate,
languid. The furniture seems to dream; suggesting somnambulistic life,
vegetable or mineral. The upholstery speaks a mute language, like flowers, like
skies, like setting suns.
On the wall, no artistic abomination. Compared
to pure dream, unanalyzed impression, an art made definite — positive art — is
blasphemy. Here, everything has just enough clarity, and the
delicious obscurity of harmony.
Hints
of a choice and exquisite scent mingled with air lightly humid swim in this
atmosphere, where slumbering spirit is rocked by hot-house sensations.
Muslin rains down abundantly over the windows
and around the bed in snowy cascade. Within this bed is ensconced the Idol,
queen of dreams. But how did she come there? Who brought her? what magic
potency set her upon this throne of voluptuous reverie? Well never mind: there she
is! I recognize her.
There indeed, those eyes whose flame travels
the twilight; subtle and terrible organs of sight familiar to me from their
fearsome malice. They call to, they beat down, they devour foolhardy focus
fixed on them. I have made long study of those dark stars which excite
curiosity and admiration.
To what benevolent demon do I owe being thus
set about with mystery, silence, peace and perfumes? What beatitude! what we
ordinarily call life, even when it expands most happily, has nothing in common
with this supreme life that I now know and that I savor, minute by minute,
second by second.
But no! there are no longer minutes, no longer
seconds. Time has disappeared; it is Eternity that reigns, an eternity of
delight!
But then there’s a terrible loud knock at the
door and, as in hellish dreams, I feel a pickax in my gut.
Then
enter a Specter: a bailiff come to torture me with legal matters; a notorious
trollop bitching about money and loading her life’s trivialities on top of my
own troubles; or maybe even an editorial guttersnipe demanding another
installment of some manuscript.
The paradisal room, the idol, the queen of
dreams, the Sylphide, as the great René calls her, all this magic has vanished
with the Specter’s brutal blow.
Horrors! I remember. I remember! Yes! this
hole-in-the-wall, this abode of eternal ennui, is mine. Pieces of furniture,
stupid, musty, broken down; the fire unlit, emberless, fouled with spit; sad
windows where rain has cut furrows in the dirt; manuscripts crossed out or
unfinished; an almanac with a penciled check on dates to be careful of.
The other-worldly scent, in which I tippled
with a practiced sensibility, is, alas! replaced by the fetid odor of tobacco
mixed with a species of evil-smelling mildew. One breathes in rancid
desolation.
In this shrunken world, so full of disgust, a
single object attracts me: the vial of laudanum; old and terrible lover; like
all lovers, alas, fertile in caresses and betrayal.
Oh! yes! Time has reappeared; Time reigns
absolute now; and with that hideous old character has come his devilish retinue
of Memories, Regrets, Convulsions, Fears, Anguish, Nightmare, Rage, Neurosis.
I swear that now the seconds are strongly,
solemnly accentuated and each, flying off the clock, cries, “I am Life
insupportable. I am implacable Life.”
There
is only one single Second in human life with the mission of announcing good
news, the good news that causes for each of us an inexplicable fear.
Yes! Time reigns, recovering his brutal dictatorship. And he drives me as if I were an ox, with his double goad. — “Gee up! ass! sweat, you slave! damn you! Live!”
Translated by Keith Waldrop
V
LA CAMERA DOPPIA
Una camera
che assomiglia ad una fantasticheria, una camera veramente spirituale, in cui
la stagnante atmosfera è leggermente colorata di rosa e di blu.
L’anima vi
fa un bagno d’indolenza, aromatizzato dal rimpianto e dal desiderio. Qualcosa
di crepuscolare, di bluastro e di rosaceo; un sogno di voluttà durante
un’eclissi.
I mobili hanno forme allungate, prostrate,
illanguidite. I mobili hanno l’aria di sognare; si direbbe che siano dotati di
una vita da sonnambuli, come il vegetale e il minerale. Le stoffe parlano una lingua muta, come i fiori, i
cieli, i soli al tramonto.
Nessun obbrobrio artistico sui muri. In rapporto al
sogno puro, all’impressione non analizzata, l’arte definita, l’arte positiva è
una bestemmia. Qui tutto ha la sufficiente chiarezza e la deliziosa oscurità
dell’armonia.
Un profumo
infinitesimale della scelta più squisita, al quale si mescola un’umidità
leggerissima, fluttua in questa atmosfera nella quale lo spirito assopito è
cullato da sensazioni di calda serra.
Davanti
alle finestre e al letto piove abbondante la mussola; si spande in nevose
cascate. Su quel letto è steso l’idolo, la sovrana dei sogni. Ma come mai è
qui? Chi l’ha condotta? Quale magico potere l’ha posta su quel trono di sogno e
voluttà? E che importa? E lei! La riconosco.
Sono
proprio quegli occhi la cui fiamma attraversa il crepuscolo; quelle sottili e
terribili pupille che riconosco dalla loro malizia spaventosa! Attirano,
soggiogano, divorano lo sguardo dell’imprudente che le contempla. E le ho
studiate spesso quelle stelle nere che impongono curiosità ed ammirazione.
A quale
demone benevolo devo se sono così avvolto di mistero, di silenzio, di pace e di
profumi? Oh beatitudine! Ciò che in genere chiamiamo la vita, sia pure nella
sua espansione più felice, cos’ha in comune con quella vita suprema di cui ora
non ho conoscenza e che assaporo minuto per minuto, secondo per secondo?
Niente!
No! Non
esistono più minuti! non esistono più secondi! Il tempo è
scomparso; regna l’Eternità, un’eternità di delizie!
Ma un colpo terribile, pesante, è risuonato alla
porta, e come nei sogni infernali m’è sembrato di ricevere un colpo di zappa
nello stomaco.
E poi è
entrato uno Spettro. Un usciere viene a torturarmi in nome della legge;
un’infame concubina viene a piangere miseria e ad aggiungere le trivialità
della sua vita ai dolori della mia; oppure il galoppino di un direttore di
giornale che reclama il seguito del manoscritto.
La camera paradisiaca, l’idolo, la sovrana dei
sogni, la Silfide, come diceva il grande René, tutta questa magia è scomparsa
al colpo brutale battuto dallo Spettro.
Che orrore!
Mi ricordo! Mi ricordo! Sì! Questa topaia, questo soggiorno dell’eterna noia, è
proprio la mia. Ecco i mobili banali, polverosi, sbeccati: il caminetto senza
fiamma né brace, imbrattato di sputi; le tristi finestre dove la pioggia ha
tracciato solchi nella polvere; i manoscritti pieni di cancellature o
incompleti; l’almanacco su cui la matita ha segnato le date sinistre.
E quel
profumo di un altro mondo di cui m’inebriavo con una sensibilità perfezionata,
ahimè! è sostituito da un fetido odore di tabacco misto a non so che muffa
nauseabonda. Qui ora si respira il rancido della desolazione.
In questo
mondo ristretto, ma così pieno di disgusto, un solo oggetto noto mi sorride: la
bottiglietta di laudano, una vecchia e terribile amica e come tutte le amiche,
ahimè! Feconda di carezze e tradimenti.
Oh! Sì! Il
Tempo è ricomparso; il Tempo regna sovrano, ora, e con il vecchio orribile è
tornato tutto il suo demoniaco corteo di Ricordi, Rimpianti, Spasmi, Paure,
Angosce, Incubi, Collere e Nevrosi.
Vi assicuro
che i secondi adesso sono fortemente e solennemente accentuati, e ognuno,
scattando dalla pendola, dice: «Sono la Vita, l’insopportabile, l’implacabile
Vita!».
Nella vita umana non c’è che un secondo che abbia la missione di annunciare una buona notizia, la buona notizia che causa ad ognuno una paura inespicabile.
Traduzione di Massimo Colesanti