miércoles, 13 de marzo de 2019

Paul Valéry y Néstor Ibarra: El Cementerio Marino

EL CEMENTERIO MARINO


Con tranquilo latir el techo asoma
Entre el pino y la tumba, y la paloma.
El justo Mediodía en fuegos parte
El mar, el mar, que inacabable empieza.
¡Tras una idea oh premio y oh largueza,
Paz de los dioses, lento contemplarte!

Fino labor de chispas mil consume
Cuanto diamante imperceptible espume,
¡Y qué sosiego en sí se crea y cabe!
Cuando sobre el abismo un astro pausa,
Trabajos puros de infinita causa,
Destella el tiempo y el ensueño sabe.

Firme bien, templo simple de Minerva,
Mole de paz y lúcida reserva,
Aguas señeras, Ojo de cejas
Que en tanto fuego velas tanta calma,
¡Oh mi silencio!... ¡Torre en el alma,
Mas cima y oro, Techo de mil tejas!

¿Tiempo? Dios, un suspiro ya te expresa,
Y al puro punto mi subir profesa;
De mi visión marina me rodeo,
Y cual mi ofrenda a la deidad de lumbre
Soberano desdén sobre la cumbre
Va sembrando el sereno centelleo.

Como en goce la fruta se resuelve,
Como su ausencia exquisitez se vuelve
En cuanta boca su apariencia muera,
El humo que seré ya se levanta,
Y el cielo al alma consumida canta
La pérdida en rumor de la ribera.


LE CIMETIÈRE MARIN

Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes ;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée !
Ô récompense après une pensée
Qu’un long regard sur le calme des dieux !

Quel pur travail de fins éclairs consume
Maint diamant d’imperceptible écume,
Et quelle paix semble se concevoir !
Quand sur l’abîme un soleil se repose,
Ouvrages purs d’une éternelle cause,
Le Temps scintille et le Songe est savoir.
  
Stable trésor, temple simple à Minerve,
Masse de calme, et visible réserve,
Eau sourcilleuse, Œil qui gardes en toi
Tant de sommeil sous un voile de flamme,
Ô mon silence !… Édifice dans l’âme,
Mais comble d’or aux mille tuiles, Toit !
  
Temple du Temps, qu’un seul soupir résume,
À ce point pur je monte et m’accoutume,
Tout entouré de mon regard marin ;
Et comme aux dieux mon offrande suprême,
La scintillation sereine sème
Sur l’altitude un dédain souverain.

Comme le fruit se fond en jouissance,
Comme en délice il change son absence
Dans une bouche où sa forme se meurt,
Je hume ici ma future fumée,
Et le ciel chante à l’âme consumée
Le changement des rives en rumeur.

[...]