domingo, 20 de diciembre de 2009

Francisco de Sales y Francisco de Quevedo

La literatura mística es, quizás, una de las partes más ignoradas de la literatura francesa. Quizás el esplendor del vecino siglo de oro español haya opacado, en Europa y en la misma Francia, los nombres del cardenal de Bérulle, de Jean-Jacques Olier, incluso del gran Bossuet. La obrita de San Francisco de Sales, Introducción a la vida devota, conoció, sin embargo, un éxito particular que ha perdurado casi hasta nuestros días. Su prosa llena de encanto, a caballo entre la lengua de Montaigne y el clasicismo del reino de Luis XIV, tuvo la dicha de contar con un lujoso traductor al español: Francisco de Quevedo. Podemos imaginar aquellas horas serenas en la Torre de Juan Abad que empleó nuestro don Francisco para brindarle al dulce obispo de Ginebra esta magnífica lengua castellana.




Introduction à la vie dévote
Chapitre I


Vous aspirez à la dévotion, très chère Philothée, parce qu’étant chrétienne, vous savez que c’est une vertu extrêmement agréable à la divine Majesté : mais, d’autant que les petites fautes que l’on commet au commencement de quelque affaire s’agrandissent infiniment au progrès et sont presque irréparables à la fin, il faut avant toutes choses que vous sachiez que c’est que la vertu de dévotion; car, d’autant qu’il n’y en a qu’une vraie, et qu’il y en a une quantité de fausses et vaines, si vous ne connaissiez quelle est la vraie, vous pourriez vous tromper et vous amuser à suivre quelque dévotion impertinente et superstitieuse.


Arélius peignait toutes les faces des images qu’il faisait, à l’air et ressemblance des femmes qu’il aimait, et chacun peint la dévotion selon sa passion et fantaisie. Celui qui est adonné au jeûne se tiendra pour bien dévot pourvu qu’il jeûne, quoique son coeur soit plein de rancune; et n’osant point tremper sa langue dedans le vin ni même dans l’eau, par sobriété, ne se feindra point de la plonger dedans le sang du prochain par la médisance et calomnie. Un autre s’estimera dévot parce qu’il dit une grande multitude d’oraisons tous les jours, quoiqu’après cela sa langue se fonde toute en paroles fâcheuses, arrogantes et injurieuses parmi ses domestiques et voisins. L’autre tire fort volontiers l’aumône de sa bourse pour la donner aux pauvres, mais il ne peut tirer la douceur de son coeur pour pardonner à ses ennemis; l’autre pardonnera à ses ennemis, mais de tenir raison à ses créanciers, jamais qu’à vive force de justice. Tous ces gens-là sont vulgairement tenus pour dévots, et ne le sont pourtant nullement. Les gens de Saül cherchaient David en sa maison; Michol ayant mis une statue dedans un lit et l’ayant couverte des habillements de David, leur fit accroire que c’était David même qui dormait malade : ainsi beaucoup de personnes se couvrent de certaines actions extérieures appartenant à la sainte dévotion, et le monde croit que ce soient gens vraiment dévots et spirituels; mais en vérité ce ne sont que des statues et fantômes de dévotion.


La vraie et vivante dévotion, o Philothée, présuppose l’amour de Dieu, ains elle n’est autre chose qu’un vrai amour de Dieu; mais non pas toutefois un amour tel quel: car, en tant que l’amour divin embellit notre âme, il s’appelle grâce, nous rendant agréables à sa divine Majesté; en tant qu’il nous donne la force de bien faire, il s’appelle charité; mais quand il est parvenu jusques au degré de perfection auquel il ne nous fait pas seulement bien faire, ains nous fait opérer soigneusement, fréquemment et promptement, alors il s’appelle dévotion. Les autruches ne volent jamais; les poules volent, pesamment toutefois, bassement et rarement; mais les ,aigles, les colombes et les arondelles volent souvent, vitement et hautement. Ainsi les pécheurs ne volent point en Dieu, ains font toutes leurs courses en la terre et pour la terre; les gens de bien qui n’ont pas encore atteint la dévotion volent en Dieu par leurs bonnes actions, mais rarement, lentement et pesamment; les personnes dévotes volent en Dieu fréquemment, promptement et hautement. Bref, la dévotion n’est autre chose qu’une agilité et vivacité spirituelle par le moyen de laquelle la charité fait ses actions en nous, ou nous par elle, promptement et affectionnément; et comme il appartient à la charité de nous faire généralement et universellement pratiquer tous les commandements de Dieu, il appartient aussi à la dévotion de les nous faire faire promptement et diligemment. C’est pourquoi celui qui n’observe tous les commandements de Dieu, ne peut être estimé ni bon ni dévot, puisque pour être bon il faut avoir la charité, et pour être dévot il faut avoir, outre la charité, une grande vivacité et promptitude aux actions charitables.


Et d’autant que la dévotion gît en certain degré d’excellente charité, non seulement elle nous rend prompts et actifs et diligents à l’observation de tous les commandements de Dieu; mais outre cela, elle nous provoque à faire promptement et affectionnément le plus de bonnes oeuvres que nous pouvons, encore quelles ne soient aucunement commandées, ains seulement conseillées ou inspirées. Car tout ainsi qu’un homme qui est nouvellement guéri de quelque maladie chemine autant qu’il lui est nécessaire, mais lentement et pesamment, de même le pécheur étant guéri de son iniquité, il chemine autant que Dieu lui commande, pesamment néanmoins et lentement jusques à tant qu’il ait atteint à la dévotion; car alors, comme un homme bien sain, non seulement il chemine, mais il court et saute « en la voie des commandements de Dieu », et, de plus, il passe et court dans les sentiers des conseils et inspirations célestes. Enfin, la charité et la dévotion ne sont non plus différentes l’une de l’autre que la flamme l’est du feu, d’autant que la charité étant un feu spirituel, quand elle est fort enflammée elle s’appelle dévotion : si que la dévotion n’ajoute rien au feu de la charité, sinon la flamme qui rend la charité prompte, active et diligente, non seulement à l’observation des commandements de Dieu, mais à l’exercice des conseils et inspirations célestes.


SAN FRANCISCO DE SALES




Intrducción a la vida devota
Capítulo I
Descripción de la verdadera devoción.


Querida Filotea, siendo cristiana bien sé que aspiras a la devoción, por ser ésta una virtud en extremo agradable a la Majestad Divina. Mas por cuanto las faltas pequeñas en que se cae al principio de cualquier obra, se refuerzan y crecen en el progreso de ella, y son a la fin casi irreparables, es necesario ante todas cosas sepas lo que es esta virtud de devoción, porque no hay sino una verdadera y gran cantidad de falsas y vanas, sino conoces la cierta y segura podrías fácilmente engañarte y seguir alguna devoción impertinente y supersticiosa.


Aurelio pintaba todas las caras de las imágenes que hacía, a semejanza con el aire de las mujeres que amaba, y cada uno pinta la devoción según su pasión y fantasía; el que se da al ayuno se tendrá por muy devoto sólo porque ayuna, aunque por otra parte tenga el corazón lleno de rencor y malicia, y sin osar tocar su lengua a vino ni agua, por templanza, no se le dará nada de meterla y cebarla en la sangre de su prójimo, a fuerza de murmuración y calumnia. Otro se tendrá por muy devoto porque cada día dice una gran multitud de oraciones, aunque después de esto deshaga su lengua en palabras enojosas, arrogantes y injuriosas, así con sus domésticos como con sus vecinos. Otro sacará de buena gana limosna de la bolsa para dar a los pobres, y no podrá sacar del corazón dulzura y piedad para perdonar a sus enemigos, y no querrá componerse con sus deudores sino a fuerza de justicia. Todos estos son tenidos vulgarmente por devotos, nombre que de ninguna manera le merecen. Buscando la gente de Saúl a David en su casa, puso Micol en una cama una estatua, cubierta y adornada de los vestidos del mismo que buscaba, con que hizo creer a la gente de Saúl que el que al parecer dormía era David, que estaba enfermo. Así muchas personas se cubren de ciertas acciones exteriores aparentes a la santa devoción, con que el mundo las tiene por verdaderamente devotas y espirituales, no siendo en suma sino estatuas y fantasmas de devoción.


La verdadera y viva devoción, oh Filotea, presupone amor de Dios, y antes no es otra cosa sino un verdadero amor divino y no amor como quiera, porque en cuanto el amor divino hermosea nuestra alma se llama gracia, haciéndonos agradables a su Divina Majestad, en cuanto nos da fuerza de bien hacer se llama caridad, mas cuando llega al grado de perfección en cual no solamente nos hace bien hacer sino obrar cuidándola, frecuente y prontamente, entonces se llama devoción. Los avestruces no vuelan jamás, las gallinas vuelan poco aunque pesada y raramente, mas las águilas, palomas y golondrinas vuelan a menudo, apriesa y alto; así los pecadores no vuelan en Dios, antes hacen todos sus cursos en la tierra y para la tierra; la buena gente, que aún no ha llegado a la devoción, vuela en Dios por medio de sus buenas acciones, pero rara y pesadamente. Las personas devotas vuelan en Dios frecuente, pronta y altamente; en fin, la devoción no es otra cosa sino una agilidad y vivacidad espiritual, y vivacidad espiritual por medio de la cual la caridad ejercita sus acciones en nosotros, y nosotros por ella obramos, pronta y aficionadamente; y como pertenece a la caridad el hacernos guardar los mandamientos de Dios, general y universalmente, pertenece también a la devoción el hacer que los guardemos pronta y diligentemente, causa por que el que no guarda todos los mandamientos de Dios no puede ser tenido por bueno ni devoto, porque para ser bueno es necesaria la caridad, y para ser devoto es necesaria, además de la caridad, una grande vivacidad y prontitud en las acciones caritativas.


Y como la devoción consiste en cierto grado de excelente caridad, no solamente nos hacemos prontos, activos y diligentes en la observación de todos los mandamientos de Dios, sino que fuera de esto nos provoca a hacer pronta y aficionadamente las más de las buenas obras que podemos, aunque las tales no sean, de ninguna manera, de precepto sino solamente aconsejadas o inspiradas. Porque de la misma manera que un hombre que acaba de sanar de alguna enfermedad camina aquello que le es necesario, pero lenta y pesadamente, así el pecador, habiendo sanado de su iniquidad, camina aquello que Dios le manda, pero también lenta y pesadamente, hasta que llega a alcanzar la devoción, porque entonces, como un hombre bien sano y dispuesto, no solamente camina pero corre y salta en el camino de los mandamientos de Dios, y de mejor en mejor va corriendo en las sendas de los consejos e inspiraciones celestiales. En fin, la caridad y la devoción no son más diferentes la una de la otra que la llama lo es del fuego, por cuanto la caridad, siendo un fuego espiritual, cuando está muy inflamada se llama devoción; de manera que la devoción no junta nada al fuego de la caridad sino la llama, con la cual se hace la caridad pronta, activa y diligente, no solamente en la observación de los mandamientos de Dios sino en el ejercicio de los consejos y inspiraciones celestes.


FRANCISCO DE QUEVEDO VILLEGAS

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