SONNET
Nous irons vers la vigne éternelle et féconde
En grappes, pour y vendanger le Vin d’oubli ;
Le soir n’a plus de pourpre et l’aurore a pâli,
Et la promesse ment aux lèvres du Vieux Monde ;
Nous irons vers la rive où triomphe un décor
D’étangs muets et de sites en somnolence,
Où vers une mer morte un fleuve de silence
Bifurque son delta parmi les sables d’or ;
Toi, la Vivante ! et la diseuse de paroles,
Tu voulus m’enchaîner aux nœuds des vignes folles,
J’ai brisé le lien de fleurs du
bracelet.
Hors le tien, tout amour, ô Mort, est dérisoire
Pour qui sait le pays mystique et violet
Où se dresse vers l’autre azur la Tour d’Ivoire.
SONETO
Iremos a la viña fecunda, inagotable,
Para beber a sorbos el vino del olvido ;
Como la tarde pálida la aurora se ha extinguido
Y el mundo viejo brinda promesa deleznable.
Iremos de la margen hacia el triunfal decoro
De estanques silenciosos y sitios somnolentes,
Donde a la mar callada bifurca sus corrientes
Mudo y solemne río sobre la arena de oro.
Tú, ¡la falaz Viviente !, la de parlera boca,
Quisiste encadenarme entre la viña loca,
Mas yo rompí tu pérfido lazo de amor sutil;
Fuera del tuyo, oh Muerte, todo el amor es vano,
A quien conoce el místico país, tenue y lejano
Donde a otro azur se yergue la torre de marfil.