viernes, 16 de marzo de 2018

André Chénier y Miguel Antonio Caro: Versalles

VERSAILLES

Ô Versailles, ô bois, ô portiques,
Marbres vivants, berceaux antiques,
Par les dieux et les rois Elysée embelli,
A ton aspect, dans ma pensée,
Comme sur l'herbe aride une fraîche rosée,
Coule un peu de calme et d'oubli.

Paris me semble un autre empire,
Dès que chez toi je vois sourire
Mes pénates secrets couronnés de rameaux,
D'où souvent les monts et les plaines
Vont dirigeant mes pas aux campagnes prochaines,
Sous de triples cintres d'ormeaux.

Les chars, les royales merveilles,
Des gardes les nocturnes veilles,
Tout a fui ; des grandeurs tu n'es plus le séjour.
Mais le sommeil, la solitude,
Dieux jadis inconnus, et les arts, et l'étude,
Composent aujourd'hui ta cour.

Ah ! malheureux ! à ma jeunesse
Une oisive et morne paresse
Ne laisse plus goûter les studieux loisirs.
Mon âme, d'ennui consumée,
S'endort dans les langueurs ; louange et renommée
N'inquiètent plus mes désirs.

L'abandon, l'obscurité, l'ombre,
Une paix taciturne et sombre,
Voilà tous mes souhaits. Cache mes tristes jours,
Et nourris, s'il faut que je vive,
De mon pâle flambeau la clarté fugitive,
Aux douces chimères d'amours.

L'âme n'est point encor flétrie,
La vie encor n'est point tarie,
Quand un regard nous trouble et le cœur et la voix.
Qui cherche les pas d'une belle,
Qui peut ou s'égayer ou gémir auprès d'elle,
De ses jours peut porter le poids.

J'aime ; je vis. Heureux rivage !
Tu conserves sa noble image,
Son nom, qu'à tes forêts j'ose apprendre le soir,
Quand, l'âme doucement émue,
J'y reviens méditer l'instant où je l'ai vue,
Et l'instant où je dois la voir.

Pour elle seule encore abonde
Cette source, jadis féconde,
Qui coulait de ma bouche en sons harmonieux.
Sur mes lèvres, tes bosquets sombres
Forment pour elle encor ces poétiques nombres,
Langage d'amour et des dieux.

Ah ! témoin des succès du crime,
Si l'homme juste et magnanime
Pouvait ouvrir son cœur à la félicité,
Versailles, tes routes fleuries,
Ton silence, fertile en belles rêveries,
N'auraient que joie et volupté.

Mais souvent tes vallons tranquilles,
Tes sommets verts, tes frais asiles,
Tout à coup à mes yeux s'enveloppent de deuil.
J'y vois errer l'ombre livide
D'un peuple d'innocents, qu'un tribunal perfide
Précipite dans le cercueil.



VERSALLES

¡Oh pórticos! ¡Oh mármoles vivientes!

 ¡Oh bosques de Versalles!
¡Sitios más deleitosos y rientes
 Que los Elíseos valles!

Los dioses y los reyes a porfía,
 Recinto almo y sereno,
Tesoros de hermosura y lozanía
 Vertieron en tu seno.

Frescura, al verte, y suavidad recibe
 El pensamiento mío,
Y como hierba lánguida revive
 A quien bañó el rocío.

No anhelo de París la varia escena:
 Quiero ver a mis Lares
Bajo tu sombra reposar amena
 En rústicos hogares,

De donde al campo, yo, circunvecino
 Llevar tranquilo pueda
Los pasos, estrechándome el camino
 Tresdoblada alameda.

¿Dónde están de ciudad armipotente
 Las regias maravillas ?...
Regalas tú con aromado ambiente,
 Con trofeos no brillas.

El apacible sueño, el manso olvido,
 El estudio y el arte,
Castas divinidades, han venido
 Por suyo a consagrarte.

¡Ay! ociosa indolencia me devora,
 Y cosechar no intento
El fruto sazonado que elabora
 Activo entendimiento.

Consumido de tedio me abandono;
 Ni gárrula alabanza,
Ni públicos favores ambiciono;
 Ha muerto la esperanza.

Y sólo ya la sombra taciturna
 Dulce parece a un alma
Desengañada; la quietud nocturna,
 La solitaria calma.

Si es vivir mi destino, en paz profunda
 Calladamente viva;
Cebe amor de mi antorcha moribunda
 La llama fugitiva.

Amo, ¡oh placer! Y tú, rincón florido,
 Aquella imagen pura
Conoces; aquel nombre tú has oído
 De inefable dulzura,

Que a tu silencio tímido confío
 Cuando de tarde vengo,
Y en pensar que la he visto me extasío
 O que de verla tengo.

Si por ella mi labio amor suspira,
 Tus umbríos boscajes
En ecos dignos de celeste lira
 La ofrendan homenajes.

Por ella la onda sacra de armonías
 Que tierra y cielo inunda,
Hoy de mis labios como en otros días
 Torna a correr fecunda.

¡Oh! si el que ama el honor y la justicia,
 Cuando el malvado impera
De olvidar y vivir a la delicia
 El pecho abrir pudiera,

Tu silencio, Versalles, tus risueños
 Asilos de verdura,
Nido fueran de cándidos ensueños
 Y de perenne holgura.

Mas tus alegres ámbitos, el verde
 Césped, la fresca gruta,
Todo sus galas ¡ay! súbito pierde
 Y a mis ojos se enluta;

¡Y de un pueblo inocente, acuchillado
 Por tribunal sangriento,
Pasar veo delante el no vengado
 Espectro macilento!