viernes, 24 de julio de 2009

Blaise Pascal y Basilio Boggiero 2


Veritable Religion prouvée par les contrarietez qui sont dans l'homme, & par le péché originel.

Les grandeurs & les miseres de l'homme sont tellement visibles, qu'il faut necessairement que la veritable Religion nous enseigne, qu'il y a en luy quelque grand principe de grandeur, & en mesme temps quelque grand principe de misere. Car il faut que la veritable Religion connoisse à font nostre nature, c'est-à-dire qu'elle connoisse tout ce qu'elle a de grand, & tout ce qu'elle a de miserable, & la raison de l'un & de l'autre.

Il faut encore qu'elle nous rende raison des étonnantes contrarietez qui s'y rencontrent. S'il y a un seul principe de tout, une seule fin de tout, il faut que la vraye Religion nous enseigne à n'adorer que luy, & a n'aimer que luy. Mais comme nous nous trouvons dans l'impuissance d'adorer ce que nous ne connoissons pas, & d'aimer autre chose que nous, il faut que la Religion qui instruit de ces devoirs nous instruise aussi de cette impuissance, & qu'elle nous en apprenne les remedes.

Il faut pour rendre l'homme heureux qu'elle luy monstre qu'il y a un Dieu, qu'on est obligé de l'aimer, que nostre veritable félicité est d'estre à luy, & nostre unique mal d'estre séparé de luy. Il faut qu'elle nous apprenne que nous sommes pleins de tenebres qui nous empéchent de le connoistre & de l'aimer, & qu'ainsi nos devoirs nous obligeant d'aimer Dieu, & nostre concupiscence nous en détournant, nous sommes pleins d'injustice. Il faut qu'elle nous rende raison de l'opposition que nous avons à Dieu & à nostre propre bien. Il faut qu'elle nous en enseigne les remedes, & les moyens d'obtenir ces remedes. Qu'on examine sur cela toutes les Religions du monde, & qu'on voye s'il y en a une autre que la Chrestïenne qui y satisfasse.

Sera-ce celle qu'enseignoient les Philosophes qui nous proposent pour tout bien un bien qui est en nous ? Est-ce là le vray bien ? Ont-ils trouvé le remede à nos maux ? Est-ce avoir guery la presomption de l'homme que de l'avoir égalé à Dieu ? Et ceux qui nous ont égalé aux bestes, & qui nous ont donné les plaisirs de la terre pour tout bien ont-ils apporté remede à nos concupiscences ? Levez vos yeux vers Dieu, disent les uns ; voyez celuy auquel vous ressemblez, & qui vous a fait pour l'adorer. Vous pouvez vous rendre semblable à luy ; la sagesse vous y égalera, si vous voulez la suivre. Et les autres disent : Baissez vos veux vers la terre, chetif ver que vous estes, & regardez les bestes dont vous estes le compagnon. Que deviendra donc l'homme ? Sera-t'il égal à Dieu ou aux bestes ? Quelle effroyable distance ! Que ferons nous donc ? Quelle Religion nous enseignera à guerir l'orgueüil, & la concupiscence ? Quelle Religion nous enseignera nostre bien, nos devoirs, les foiblesses qui nous en détournent, les remedes qui les peuvent guerir, & le moyen d'obtenir ces remedes ? Voyons ce que nous dit sur tout cela la Sagesse de Dieu, qui nous parle dans la Religion Chrestienne.

C'est en vain, ô homme, que vous cherchez dans vous-mesme le remede à vos miseres. Toutes vos lumieres ne peuvent arriver qu'à connoître que ce n'est point en vous que vous trouverez ny la verité ny le bien. Les Philosophes vous l'ont promis ; ils n'ont pû le faire. Ils ne sçavent ny quel est vostre veritable bien, ny quel est vostre veritable estat. Comment auroient-ils donné des remedes à vos maux, puis qu'ils ne les ont pas seulement connus ? Vos maladies principales sont l'orgueüil qui vous soustrait à Dieu, & la concupiscence qui vous attache à la terre ; & ils n'ont fait autre chose qu'entretenir au moins une de ces maladies. S'ils vous ont donné Dieu pour objet, ce n'a esté que pour exercer vostre orgueüil. Ils vous ont fait penser que vous luy estes semblable par vostre nature. Et ceux qui ont vû la vanité de cette prétention vous ont jetté dans l'autre précipice en vous faisant entendre que votre nature estoit pareille à celle des bestes, & vous ont porté à chercher vostre bien dans les concupiscences qui font le partage des animaux. Ce n'est pas là le moyen de vous instruire de vos injustices. N'attendez donc ny verité ny consolation des hommes. Je suis celle qui vous ay formé, & qui puis seule vous apprendre qui vous estes. Mais vous n'estes plus maintenant en l'estat où je vous ay formé. J'ay créé l'homme saint, innocent, parfait. Je l'ay remply de lumiere & d'intelligence. Je luy ay communiqué ma gloire & mes merveilles. L'oeil de l'homme voyoit alors la Majesté de Dieu. Il n'estoit pas dans les tenebres qui l'aveuglent, ny dans la mortalité, & dans les miseres qui l'affligent. Mais il n'a pû soutenir tant de gloire sans tomber dans la présomption. Il a voulu se rendre centre de luy-mesme, & indépendant de mon secours. Il s'est soustrait à ma domination : & s'égalant à moy par le desir de trouver sa félicité en luy-mesme, je l'ay abandonné à luy ; & révoltant toutes les creatures qui luy estoient soumises, je les luy ay rendu ennemies ; en sorte qu'aujourd'huy l'homme est devenu semblable aux bestes, & dans un tel éloignement de moy qu'à peine luy reste-t'il quelque lumiere confuse de son autheur, tant toutes ses connoissances ont esté éteintes ou troublées. Les sens indépendans de la raison & souvent maistres de la raison l'ont emporté à la recherche des plaisirs. Toutes les creatures ou l'affligent ou le tentent, & dominent sur luy ou en le soumettant par leur force, ou en le charmant par leurs douceurs, ce qui est encore une domination plus terrible & plus impérieuse.

Voylà l'estat où les hommes sont aujourd'huy. Il leur reste quelque instinct impuissant du bon-heur de leur premiere nature ; & ils sont plongez dans les miseres de leur aveuglement & de leur consupiscence qui est devenuë leur seconde nature.

De ces principes que je vous ouvre vous pouvez reconnoistre la cause de tant de contrarietez qui ont étonné tous les hommes, & qui les ont partagez.

Observez maintenant tous les mouvemens de grandeur & de gloire que ce sentiment de tant de miseres ne peut étoufer, & voyez s'il ne faut pas que la cause en soit une autre nature.

Connoissez donc, superbe, quel paradoxe vous estes à vous mesme. Humiliez vous, raison impuissante ; taisez vous, nature imbecille ; apprenez que l'homme passe infiniment l'homme ; & entendez de votre Maître votre condition veritable que vous ignorez.

Car enfin si l'homme n'avoit jamais esté corrompû il joüiroit de la verité & de la félicité avec assurance. Et si l'homme n'avoit jamais esté que corrompu il n'auroit aucune idée ny de la verité ny de la beatitude. Mais malheureux que nous sommes, & plus que s'il n'y avoit aucune grandeur dans nostre condition, nous avons une idée du bonheur, & ne pouvons y arriver ; nous sentons une image de la verité, & ne possedons que le mensonge ; incapables d'ignorer absolument, & de sçavoir certainement ; tant il est manifeste que nous avons esté dans un degré de perfection dont nous sommes malheureusement tombez.

Qu'est-ce donc que nous crie cette avidité & cette impuissance, sinon qu'il y a eu autrefois en l'homme un veritable bonheur dont il ne luy reste maintenant que la marque & la trace toute vuide, qu'il effaye inutilement de remplir de tout ce qui l'environne, en cherchant dans les choses absentes le secours qu'il n'obtient pas des presentes, & que les unes & les autres sont incapables de luy donner, parceque ce gouffre infiny ne peut estre remply que par un objet infiny & immuable ?

Chose étonnante cependant, que le mystere le plus éloigné de nôtre connoissance qui est celuy de la transmission du peché originel soit une chose sans laquelle nous ne pouvons avoir aucune connoissance de nous mesmes. Car il est sans doute qu'il n'y a rien qui choque plus nôtre raison que de dire que le péché du premier homme ait rendu coupables ceux qui estant si éloignez de cette source semblent incapables d'y participer. Cet écoulement ne nous paroist pas seulement impossible, il nous semble mesme tres-injuste. Car qu'y a-t'il de plus contraire aux regles de nostre miserable justice que de damner éternellement un enfant incapable de volonté pour un peché où il paroist avoir eu si peu de part qu'il est commis six mille ans avant qu'il fust en estre ? Certainement rien ne nous heurte plus rudement que cette doctrine. Et cependant sans ce mystere le plus incomprehensible de tous, nous sommes incomprehensibles à nous mesmes. Le noeud de nostre condition prend ses retours & ses plis dans cet abysme. De sorte que l'homme est plus inconcevable sans ce mystere, que ce mystere n'est inconcevable à l'homme.

Le péché originel est une folie devant les hommes ; mais on le donne pour tel. On ne doit donc pas reprocher le defaut de raison en cette doctrine, puis qu'on ne prétend pas que la raison y puisse atteindre. Mais cette folie est plus sage que toute la sagesse des hommes, Quod stultum est Dei sapientius est hominibus. Car sans cela que dira-t'on qu'est l'homme ? Tout son estat dépend de ce point imperceptible. Et comment s'en fust il apperceu par sa raison, puisque c'est une chose au dessus de sa raison ; & que sa raison bien loin de l'inventer par ses voyes, s'en éloigne quand on le luy presente ?

Ces deux estats d'innocence, & de corruption estant ouverts il est impossible que nous ne les reconnoissions pas.

Suivons nos mouvemens, observons nous nous mesmes, & voyons si nous n'y trouverons pas les caracteres vivans de ces deux natures.

Tant de contradictions se trouveroient elles dans un sujet simple ?

Cette duplicité de l'homme est si visible qu'il y en a qui ont pensé que nous avions deux ames, un sujet simple leur paroissant incapable de telles & si soudaines varietez, d'une présomption demesurée à un horrible abbatement de coeur.

Ainsi toutes ces contrarietez qui sembloient devoir le plus éloigner les hommes de la connoissance d'une Religion, sont ce qui les doit plûtost conduire à la veritable. Pour moy j'avoüe qu'aussitost que la Religion Chrestienne découvre ce principe que la nature des hommes est corrompüe & deschüe de Dieu, cela ouvre les yeux à voir par tout le caractere de cette verité. Car la nature est telle qu'elle marque par tout un Dieu perdu, & dans l'homme, & hors de l'homme. Sans ces divines connoissances qu'ont pû faire les hommes, sinon ou s'élever dans le sentiment interieur qui leur reste de leur grandeur passée, ou s'abbatre dans la veüe de foiblesse presente ? Car ne voyant pas la verité entiere ils n'ont pû arriver à une parfaite vertu ; les uns considérans la nature comme incorrompuë, les autres comme irreparable. Ils n'ont pu fuïr ou l'orgueil, ou la paresse qui sont les deux sources de tous les vices ; puisqu'ils ne pouvoient sinon ou s'y abandonner par lascheté, ou en sortir par l'orgueüil. Car s'ils connoissoient l'excellence de l'homme, ils en ignoroient la corruption ; de sorte qu'ils évitoient bien la paresse, mais ils se perdoient dans l'orgueüil. Et s'ils reconnoissoient l'infirmité de la nature, ils en ignoroient la dignité ; de sorte qu'ils pouvoient bien éviter la vanité, mais c'estoit en se precipitant dans le desespoir. De là viennent les diverses sectes des Stoïciens & des Epicuriens, des Dogmatistes & des Academiciens, &c. La seule Religion Chrétienne a pû guerir ces deux vices ; non pas en chassant l'un par l'autre par la sagesse de la terre ; mais en chassant l'un et l'autre par la simplicité de l'Evangile. Car elle apprend aux justes qu'elle éleve jusqu'aà la participation de la Divinité mesme, qu'en ce sublime estat ils portent encore la source de toute la corruption qui les rend durant toute leur vie sujets à l'erreur, à la misère, à la mort, au péché ; & elle crie aux plus impies qu'ils sont capables de la grace de leur Rédempteur. Ainsi donnant à trembler à ceux qu'elle justifie, & consolant ceux qu'elle condamne, elle tempere avec tant de justesse la crainte avec l'esperance par cette double capacité qui est commune à tous & de la grace & du peché, qu'elle abbaisse infiniment plus que la seule raison ne peut faire, mais sans desesperer ; & qu'elle éleve infiniment plus que l'orgueüil de la nature, mais sans enfler ; faisant bien voir par là qu'estant seule exempte d'erreur & de vice, il n'appartient qu'à elle & d'instruire & de corriger les hommes.

Le Christianisme est étrange. Il ordonne à l'homme de reconnoïtre qu'il est vil & mesme abominable ; & il luy ordonne en mesme temps de vouloir estre semblable à Dieu. Sans un tel contrepoids cette élevation le rendroit horriblement vain, ou cet abbaissement le rendroit horriblement abject.

L'Incarnation monstre à l'homme la grandeur de sa misere par la grandeur du remede qu'il a fallu.

On ne trouve pas dans la Religion Chrestienne un abbaissement qui nous rende incapable du bien, ny une sainteté exempte du mal.

Il n'y a point de doctrine plus propre à l'homme que celle-là, qui l'instruit de sa double capacité de recevoir & de perdre la grace, à cause du double peril où il est toûjours exposé de desespoir ou d'orgueüil.

Les Philosophes ne prescrivoient point des sentimens proportionnez aux deux estats. Ils inspiroient des mouvemens de grandeur pure, & ce n'est pas l'estat de l'homme. Ils inspiroient des mouvemens de bassesse pur, & c'est aussi peu l'estat de l'homme. Il faut des mouvemens de bassesse, non d'une bassesse de nature, mais de pénitence ; non pour y demeurer, mais pour aller à la grandeur. Il faut des mouvemens de grandeur, mais d'une grandeur qui vienne de la grace & non du merite, & après avoir passé par la bassesse.

Nul n'est heureux comme un vray Chrestien, ny raisonnable, ny vertueux, ny aimable. Avec combien peu d'orgueüil un Chrestien se croit-il uny à Dieu ? Avec combien peu d'abjection s'égale-t'il aux vers de la terre ?

Qui peur donc refuser à ces celestes lumieres de les croire, & de les adorer ? Car n'est-t'il pas plus clair que le jour que nous sentons en nous mesmes des caracteres ineffaçables d'excellence ? Et n'est-t'il pas aussi veritable que nous éprouvons à toute heure les effets de nostre déplorable condition ? Que nous crie donc ce cahos & cette confusion monstrueuse, sinon la verité de ces deux estats, avec une voix si puissante, qu'il est impossible d'y resister ?

(Texte de l´édition de 1670)


Verdad de la religión probada por las contrariedades que se hallan en el hombre, y por el pecado original.

Son tan patentes las grandezas y las miserias del hombre, que de necesidad debe enseñarnos la verdadera religión que hay en él algún principio de grandeza y, juntamente, algún gran principio de miseria. Porque forzoso es que la verdadera religión conozca a fondo nuestra naturaleza, quiero decir que conozca cuanto de grande y cuanto de miserable tiene, y la razón de uno y otro. Forzoso es asimismo que la religión nos dé razón de las espantosas cotradicciones que se hallan en la naturaleza. Si hay un solo principio de todo, un solo fin de todo, es fuerza que la verdadera religión nos enseñe a no adorar más que a él, ni a amar más que a él. Pero como nos hallamos en la impotencia de adorar al que no conocemos, ni de amar a otro que a nosotros mismos, es menester que la religión que nos enseña estas obligaciones, nos enseñe también esta impotencia y que nos advierta los remedios.

Para hacer al hombre feliz es menester que la religión le enseñe que hay un Dios a quien estamos obligados a amar, que nuestra verdadera felicidad consiste en ser de Dios y nuestro único mal en separarnos de Dios; es menester que nos enseñe que estamos llenos de tinieblas, las cuales nos embarazan conocerle y amarle y que, por tanto (estando por una parte obligados a amar a Dios y desviándonos, por otra parte, de este amor nuestra concupiscencia, nos hallamos llenos de injusticia. Menester es que la religión nos dé razón de la oposición que tenemos a Dios y a nuestro propio bien. Menester es que nos enseñe los remedios y la manera de lograrlos. Examínense acerca de esto todas las religiones del mundo, y véase si hay otra que la cristiana que dé salida a estas dificultades.

Si será la que enseñaban los filósofos que nos proponen por único bien un bien que se halla en nosotros, ¿es éste, pregunto, el verdadero bien? ¿Hallaron por ventura el remedio de nuestros males? ¿Es por ventura curar la presunción del hombre igualarle con Dios? Pues los que nos igualaron con las bestias y nos dieron los gustos de la tierra por único bien, ¿no os parece si dieron remedio a nuestras concupiscencias? Alzad los ojos a Dios, dicen los unos, mirad a aquel de quien sois retrato y que os crió para adorarle. En vuestra mano está asemejaros a él, la sabiduría os igualará con él si queréis seguirla. Y los otros dicen: bajad los ojos a la tierra, negro gusano, y mirad a las bestias vuestras hermanas. ¿En qué parará, pues, el hombre? ¿Si será igual a Dios o igual a las bestias? ¡Cuán asombrosa distancia! ¿Qué vendremos, pues, a ser según eso? ¿Qué religión nos enseñará a curar la soberbia y la concupiscencia? ¿Qué religión nos enseñará nuestro bien, nuestras obligaciones, las miserias que de ellas nos desvían, los remedios que nos pueden curar y la manera de alcanzar estos remedios? Veamos lo que acerca de esto nos dice la sabiduría de Dios que nos habla en la religión cristiana.

¡Ah, hombre, y cuán en vano buscas dentro de ti el remedio de tus miserias! Todas tus luces no alcanzan más que a conocer que no hallarás en ti ni la verdad ni la felicidad. Bien te lo han prometido los filósofos, pero no para ellos cumplirlo. Ni ellos saben cuál es tu verdadero bien ni cuál es tu verdadero estado. ¿Cómo habían de dar ellos remedio a tus males si no llegaron ni aun a conocerlos? Tus principales accidentes son la soberbia que te retrae de Dios y la concupiscencia que te pega a la tierra; y ellos no han hecho otra cosa que dar cebo, por lo menos, a una de estas dos enfermedades. Si te han puesto a los ojos a Dios sólo ha sido para dar pábulo a tu soberbia. Te han hecho creer que le eras semejante por tu naturaleza; pues los que han conocido la vanidad de esta pretensión te han arrojado al precipicio opuesto, haciéndote creer que tu naturaleza es igual a la de las bestias; y te han inducido a que buscases tu bien en los gustos, que son la hacienda de los brutos animales. No es éste, no, el modo de informarte de tus injusticias. No esperes, pues, ni verdad ni consuelo de los hombres. Yo soy quien te crié y soy la única que puedo enseñarte quién eres. Pero al presente no estás en el estado en que yo te formé. Yo crié al hombre santo, inocente, perfecto. Yo le llené de luz y de inteligencia. Yo le comuniqué mi gloria y mis maravillas. Entonces la majestad de Dios se dejaba ver de los ojos humanos. Ni entonces le cegaban las tinieblas que al presente le ciegan, ni se hallaba sujeto a la muerte y a las miserias que le aflijen. Pero no pudo resistir a tanta gloria sin caer en la presunción. Quiso hacerse centro de sí mismo e independiente de mis auxilios. Se rebeló a mi dominio e igualándose a mí, con el deseo de hallar su felicidad dentro de sí mismo, lo abandoné a su albedrío; y levantando contra él todas las criaturas que eran sus vasallos las hice enemigas suyas, en tanto grado que, al presente, el hombre ha venido a ser semejante a las bestias y a separarse tanto de mí que apenas le queda alguna luz confusa de su autor, tanto como esto se han apagado o turbado sus conocimientos. Los sentidos independientes de la razón, y a veces tiranos de la razón, le han arrastrado a buscar los deleites. Todas las criaturas o le afligen o le sirven de tentación, y dominan sobre él, ya sojuzgándole con su fuerza, ya encantándole con sus halagos, que es otra tiranía mucho más terrible y mucho más imperiosa.

He aquí el estado en que se hallan los hombres en el día. Quédales una flaca inclinación a la felicidad de su primitiva naturaleza, y están sumidos en las miserias de su ceguedad y concupiscencia, la cual se ha hecho una segunda naturaleza.

De estos principios que te descubro podrás sacar la causa de tantas contradicciones que han espantado a todos los hombres y los han dividido en sectas diferentes.

Observa ahora todos los movimientos de grandeza y de gloria que el sentimiento de tantas miserias no ha podido ahogar, y mira si es posible que procedan de otra causa que de una segunda naturaleza.

Conoce, pues, oh soberbio, cuán grande enigma eres para tí mismo. Humíllate tú, razón desvalida; calla tú, naturaleza flaca; sabe que el hombre aventaja infinitamente al hombre; y aprende de la boca de tu Señor el verdadero estado que ignoras.

Porque, en fin, si el hombre nunca se hubiera estragado, gozaría de la verdad y de la felicidad con sosiego. Y si nunca hubiera dejado de estar estragado el hombre, ninguna idea tendría ni de la verdad ni de la felicidad. Pero, malaventurados nosotros, y más malaventurados todavía que si nada de grandeza tuviéramos, tenemos la idea de la felicidad pero no podemos alcanzarla; sentimos una imagen de verdad y no poseemos sino la mentira: incapaces de ignorarlo todo y también incapaces de saber con toda certidumbre; tanto como esto es constante que hemos estado en un grado de perfección del que, desgraciadamente, caímos.

¿Qué viene a ser, pues, las voces que nos da esta sed y esta debilidad, sino que en el hombre hubo algún día verdadera dicha de la que no le queda, al presente, sino la señal y el rastro enteramente vacío, que procura él sin provecho llenar con todo lo que tiene a la mano, buscando en las cosas ausentes el alivio que no logra en las presentes, y que ni unas ni otras son capaces de darle, porque este inmenso tragadero no se puede llenar sino con un objeto infinito e inmutable?

¡Cosa espantosa es, sin embargo, que el misterio más desviado de nuestro conocimiento, que es el de la transmisión del pecado original, sea una cosa sin la que no podemos tener conocimiento ninguno de nosotros mismos! Porque, sin duda, no hay cosa que más eco haga a nuestra razón que el decir que el pecado del primer hombre ha hecho culpables a los que estando tan distantes de aquella raíz parece son incapaces de participar de ella. Esta trascendencia no sólo se nos figura imposible sino que nos parece del todo injusta. Porque, ¿qué cosa más contraria hay a las reglas de nuestra menguada justicia que el condenar para siempre a un niño incapaz de voluntad por un pecado en que parece tuvo tan poca parte, como que se cometió seis mil años antes de tener ser? Sin duda que nada nos hiere tanto como esta doctrina. Y sin embargo sin este misterio, el más incomprensible de todos, nosotros somos incomprensibles a nosotros mismos. Todas las vueltas y pliegues de nuestra naturaleza paran en el nudo de este abismo. De manera que el hombre es más incomprensible sin este misterio que no este misterio es incomprensible al hombre.

El pecado original parece una locura a los ojos de los hombres, pero por tal se enseña. No debe, pues, improperarse la falta de razón en esta doctrina puesto que no se pretende que la razón la pueda abarcar. Pero esta locura es más sabia que toda la sabiduría de los hombres: Quod stultum est Dei, sapientius est hominibus. Porque, sin esto, ¿díganme qué cosa es el hombre? Todo su estado depende de este punto imperceptible. Y, ¿cómo hubiera el hombre conocido el pecado original por medio de su razón, siendo superior a la razón y siendo verdad, como lo es, que la razón lejos de inventarlo con sus discursos se extraña de él cuando se le presenta?

Una vez descubiertos estos dos estados de inocencia y de corrupción, es imposible dejar de reconocerlos.

Sigamos nuestros movimientos, observémonos a nosotros mismos, y veamos si hallamos, o no, los caracteres de estas dos naturalezas.

¿Es posible que se hallasen tantas contradicciones en un ser sencillo?

Es tan notoria esta doblez del hombre que no faltó quien creyera que teníamos dos almas, por parecerle que un ser sencillo era incapaz de tales y tan continuas variedades, como es pasar de una presunción desenfrenada a un espantoso abatimiento de corazón.

De este modo todas aquellas contradicciones, que al parecer debían retraer más a los hombres del conocimiento de una religión, son lo que los debe llevar a la verdadera. De mí digo que así que la religión cristiana descubre este principio, a saber es, que la naturaleza humana está corrompida y desposeída de Dios, esto me abre los ojos para que por todas partes vean las señales de esta verdad. Porque la naturaleza es tal que en todas partes demuestra un Dios perdido, tanto en el hombre como fuera del hombre. Sin estos divinos conocimientos, ¿qué otra cosa han podido hacer los hombres más que, o engreírse con el concepto interior que les queda de su pasada grandeza, o abatirse con la consideración de su flaqueza presente? Porque no viendo la verdad por entero no pudieron llegar a una perfecta virtud; como los unos miraban a la naturaleza como incorrupta, los otros como irreparable, no pudieron evitar o el orgullo o la desidia, que son las dos fuentes de todos los vicios; porque no podían dejar de abandonarse de cobardía, o no podían salir de soberbia. Porque si conocían la excelencia del hombre, ignoraban su corrupción; de manera que dado caso que se librasen de la pereza se desvanecían con la soberbia. Y si reconocían la flaqueza de la naturaleza, ignoraban su dignidad; de modo que aunque pudieran escapar de la vanidad no era sino despeñándose a la desesperación. De aquí tuvieron principio las diversas sectas de estoicos y epicúreos, de dogmáticos y académicos, etc. Sólo la religión cristiana ha podido curar estos dos vicios; no desterrando un vicio con otro vicio por medio de la sabiduría terrena, sino desterrando uno y otro con la simplicidad del Evangelio. Porque ella enseña a los justos, a los cuales eleva hasta la participación de la misma divinidad, que en este sublime estado llevan todavía consigo la fuente de toda corrupción que los trae, toda la vida, sujetos al error, a la miseria, a la muerte, al pecado; y a los impíos les dice a voces que son capaces de la gracia de su Redentor. De este modo, dando motivo de temblar a los que justifica, y consolando a los que condena, pone tal equilibrio entre el temor y la esperanza por medio de esta doblada capacidad común a todos, ya de la gracia, ya del pecado, que humilla mucho más que la razón, pero sin desesperar; y levanta mucho más que la soberbia de la naturaleza, pero sin hinchar; manifestando con esto evidentemente que pues es la única que está exenta de error y de vicio, a ninguno otro que a ella toca instruir y corregir a los hombres. Nosotros no comprendemos ni el estado glorioso de Adán ni la naturaleza de su pecado, ni el cómo trascendió éste a nosotros. Son cosas estas que pasaron en un estado de naturaleza del todo diferente del nuestro, y que sobrepujan nuestra comprensión presente. Por tanto, para salir de nuestras miserias de nada nos sirve saber todo esto; y todo lo que nos importa conocer es que por Adán solamente somos miserables, corrompidos, separados de Dios, pero redimidos por Jesucristo, de lo que tenemos pruebas maravillosas sobre la tierra.

El cristianismo es cosa extraña. Ordena al hombre que se tenga por vil y aun por abominable y , al mismo tiempo, le ordena que procure asemejarse a Dios. Sin tal contrapeso, esta elevación le haría monstruosamente vano, o este abatimiento le haría monstruosamente ruin.

La encarnación muestra al hombre la grandeza de su miseria, por la grandeza del remedio que ha sido menester.

No halla en la religión abatimiento que nos haga incapaces de bien, ni santidad exenta de mal.

No hay doctrina más conforme al hombre que la que le instruye de las dos disposiciones que tiene de recibir y de perder la gracia, con motivo del doble peligro, a que está siempre expuesto, o de la desesperación o del orgullo.

Los filósofos no ordenaban sentimientos proporcionados a los dos estados. Inspiraban movimientos de pura grandeza, no siendo ése el estado del hombre. Inspiraban movimientos de pura bajeza, pero tampoco es ése el estado del hombre. Son menester movimientos de bajeza, no digo de bajeza de naturaleza sino de penitencia, no para perseverar en ella sino para caminar a la grandeza. Son menester movimientos de grandeza, pero de una grandeza que viene de la gracia y no del mérito, luego de haber pasado por la bajeza.

Nadie es dichoso sino un verdadero cristiano, ni tan racional, ni tan virtuoso, ni tan amable como él. ¡Con cuán poca soberbia cree un cristiano que está unido con Dios! ¡Con cuán poco abatimiento se iguala a los gusanos de la tierra!

Según esto, ¿quién podrá negarse a estas luces celestiales, quién dejará de creerlas, quién de adorarlas? Porque, ¿no es más claro que el mediodía que nosotros sentimos en nuestro interior señales indelebles de excelencia? ¿Y no es también verdad que experimentamos cada momento los resabios de nuestra deplorable condición? ¿Qué nos predica, pues, este caos, y esta monstruosa confusión, sino la verdad de los dos estados con tan altas voces que no hay potencia para resistirle?

Blaise Pascal y Basilio Boggiero 1

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