POURQUOI JE T'AIME, Ô MARIE !
Dernière poésie de Sœur
Thérèse de l'Enfant-Jésus.
Air: La plainte du Mousse.
Oh! je voudrais chanter, Mère, pourquoi je t'aime!
Pourquoi ton nom si doux fait tressaillir mon cœur!
Et pourquoi de penser à ta grandeur suprême
Ne saurait à mon âme inspirer de frayeur.
Si je te contemplais dans ta sublime gloire,
Et surpassant l'éclat de tous les bienheureux;
Que je suis ton enfant, je ne pourrais le croire...
Marie, ah! devant toi je baisserais les yeux.
Il faut, pour qu'un enfant puisse chérir sa mère,
Qu'elle pleure avec lui, partage ses douleurs.
O Reine de mon cœur, sur la rive étrangère,
Pour m'attirer à toi, que tu versas de pleurs!
En méditant ta vie écrite en l'Evangile,
J'ose te regarder et m'approcher de toi;
Me croire ton enfant ne m'est pas difficile,
Car je te vois mortelle et souffrant comme moi.
Lorsqu'un Ange des cieux t'offre d'être la Mère
Du Dieu qui doit régner toute l'éternité,
Je te vois préférer, quel étonnant mystère!
L'ineffable trésor de la virginité.
Je comprends que ton âme, ô Vierge immaculée,
Soit plus chère au Seigneur que le divin séjour.
Je comprends que ton âme, humble et douce vallée,
Contienne mon Jésus, l'Océan de l'amour!
Je t'aime, te disant la petite servante
Du Dieu que tu ravis par ton humilité.
Cette grande vertu te rend toute-puissante,
Elle attire en ton cœur la Sainte Trinité!
Alors l'Esprit d'amour te couvrant de son ombre,
Le Fils égal au Père en toi s'est incarné...
De ses frères pécheurs bien grand sera le nombre,
Puisqu'on doit l'appeler: Jésus, ton premier-né!
Marie, ah! tu le sais, malgré ma petitesse,
Comme toi je possède en moi le Tout-Puissant.
Mais je ne tremble pas en voyant ma faiblesse:
Le trésor de la Mère appartient à l'enfant...
Et je suis ton enfant, ô ma Mère chérie!
Tes vertus, ton amour ne sont-ils pas à moi?
Aussi, lorsqu'en mon cœur descend la blanche Hostie,
Jésus, ton doux Agneau, croit reposer en toi!
Tu me le fais sentir, ce n'est pas impossible
De marcher sur tes pas, ô Reine des élus!
L'étroit chemin du ciel, tu l'as rendu visible
En pratiquant toujours les plus humbles vertus.
Marie, auprès de toi j'aime à rester petite;
Des grandeurs d'ici-bas je vois la vanité.
Chez sainte Elisabeth recevant ta visite,
J'apprends à pratiquer l'ardente charité.
Là, j'écoute à genoux, douce Reine des Anges,
Le cantique sacré qui jaillit de ton cœur;
Tu m'apprends à chanter les divines louanges,
A me glorifier en Jésus, mon Sauveur.
Tes paroles d'amour sont de mystiques roses
Qui doivent embaumer les siècles à venir:
En toi, le Tout-Puissant a fait de grandes choses:
Je veux les méditer, afin de l'en bénir.
Quand le bon saint Joseph ignore le miracle
Que tu voudrais cacher dans ton humilité,
Tu le laisses pleurer tout près du tabernacle
Qui voile du Sauveur la divine beauté.
Oh! que je l'aime encor ton éloquent silence!
Pour moi, c'est un concert doux et mélodieux
Qui me dit la grandeur et la toute-puissance
D'une âme qui n'attend son secours que des cieux...
Plus tard, à Bethléem, ô Joseph, ô Marie,
Je vous vois repoussés de tous les habitants;
Nul ne veut recevoir en son hôtellerie
De pauvres étrangers... la place est pour les grands!
La place est pour les grands, et c'est dans une étable
Que la Reine des cieux doit enfanter un Dieu.
O Mère du Sauveur, que je te trouve aimable!
Que je te trouve grande en un si pauvre lieu!
Quand je' vois l'Eternel enveloppé de langes,
Quand, du Verbe divin, j'entends le faible cri...
Marie, à cet instant, envierais-je les Anges?
Leur Seigneur adorable est mon Frère chéri!
Oh! que je te bénis, toi qui sur nos rivages
As fait épanouir cette divine Fleur!
Que je t'aime, écoutant les bergers et les mages,
Et gardant avec soin toute chose en ton cœur!
Je t'aime, te mêlant avec les autres femmes
Qui, vers le Temple saint, ont dirigé leurs pas;
Je t'aime, présentant le Sauveur de nos âmes
Au bienheureux vieillard qui le presse en ses bras;
D'abord en souriant j'écoute son cantique;
Mais bientôt ses accents me font verser des pleurs...
Plongeant dans l'avenir un regard prophétique,
Siméon te présente un glaive de douleurs!
O Reine des martyrs, jusqu'au soir de ta vie
Ce glaive douloureux transpercera ton cœur.
Déjà tu dois quitter le sol de ta patrie,
Pour éviter d'un roi la jalouse fureur.
Jésus sommeille en paix sous les plis de ton voile,
Joseph vient te prier de partir à l'instant;
Et ton obéissance aussitôt se dévoile:
Tu pars sans nul retard et sans raisonnement.
Sur la terre d'Egypte, il me semble, ô Marie,
Que dans la pauvreté ton cœur reste joyeux;
Car Jésus n'est-il pas la plus belle patrie?
Que t'importe l'exil?... Tu possèdes les cieux
Mais à Jérusalem une amère tristesse,
Comme un vaste océan, vient inonder ton cœur...
Jésus, pendant trois jours, se cache à ta tendresse.
Alors c'est bien l'exil dans toute sa rigueur!
Enfin tu l'aperçois, et l'amour te transporte...
Tu dis au bel Enfant qui charme les Docteurs:
«O mon Fils, pourquoi donc agis-tu de la sorte?
«Voilà ton père et moi qui te cherchions en pleurs!...»
Et l'Enfant-Dieu répond—oh! quel profond mystère!—
A la Mère qu'il aime et qui lui tend les bras:
«Pourquoi me cherchiez-vous?... Aux œuvres de mon Père
«Je dois penser déjà!... Ne ne le savez-vous pas?»
L'Evangile m'apprend que, croissant en sagesse,
A Marie, à Joseph, Jésus reste soumis;
Et mon cœur me révèle avec quelle tendresse
Il obéit toujours à ses parents chéris.
Maintenant je comprends le mystère du Temple,
La réponse, le ton de mon aimable Roi:
Mère, ce doux Enfant veut que tu sois l'exemple
De l'âme qui le cherche en la nuit de la foi...
Puisque le Roi des Cieux a voulu que sa Mère
Fût soumise à la nuit, à l'angoisse du cœur,
Alors, c'est donc un bien de souffrir sur la terre?
Oui!... souffrir en aimant, c'est le plus pur bonheur!
Tout ce qu'il m'a donné, Jésus peut le reprendre,
Dis-lui de ne jamais se gêner avec moi;
Il peut bien se cacher, je consens à l'attendre
Jusqu'au jour sans couchant où s'éteindra ma foi.
Je sais qu'à Nazareth, Vierge pleine de grâces,
Tu vis très pauvrement, ne voulant rien de plus;
Point de ravissements, de miracles, d'extases
N'embellissent ta vie, ô Reine des élus!
Le nombre des petits est bien grand sur la terre,
Ils peuvent, sans trembler, vers toi lever les yeux;
Par la commune voie, incomparable Mère,
Il te plaît de marcher pour les guider aux cieux!
Pendant ce triste exil, ô ma Mère chérie,
Je veux vivre avec toi, te suivre chaque jour;
Vierge, en te contemplant je me plonge ravie,
Découvrant dans ton cœur des abîmes d'amour!
Ton regard maternel bannit toutes mes craintes:
Il m'apprend à pleurer, il m'apprend à jouir.
Au lieu de mépriser les jours de fêtes saintes,
Tu veux les partager, tu daignes les bénir.
Des époux de Cana voyant l'inquiétude
Qu'ils ne peuvent cacher, car ils manquent de vin,
Au Sauveur tu le dis, dans ta sollicitude,
Espérant le secours de son pouvoir divin.
Jésus semble d'abord repousser ta prière:
«Qu'importe, répond-il, femme, à vous comme à moi?»
Mais, au fond de son cœur il te nomme sa Mère,
Et son premier miracle il l'opère pour toi!
Un jour que les pécheurs écoutent la doctrine
De Celui qui voudrait au ciel les recevoir:
Je te trouve avec eux, Mère, sur la colline;
Quelqu'un dit à Jésus que tu voudrais le voir.
Alors ton divin Fils, devant la foule entière,
De son amour pour nous montre l'immensité;
Il dit: «Quel est mon frère, et ma sœur, et ma mère,
«Si ce n'est celui-là qui fait ma volonté?»
O Vierge immaculée, ô Mère la plus tendre!
En écoutant Jésus tu ne t'attristes pas,
Mais tu te réjouis qu'il nous fasse comprendre
Que notre âme devient sa famille ici-bas.
Oui, tu te réjouis qu'il nous donne sa vie,
Les trésors infinis de sa Divinité!
Comment ne pas t'aimer, te bénir, ô Marie!
Voyant, à notre égard, ta générosité?...
Tu nous aimes vraiment comme Jésus nous aime,
Et tu consens pour nous à t'éloigner de lui.
Aimer, c'est tout donner, et se donner soi-même:
Tu voulus le prouver en restant notre appui.
Le Sauveur connaissait ton immense tendresse,
Il savait les secrets de ton cœur maternel...
Refuge des pécheurs, c'est à toi qu'il nous laisse
Quand il quitte la croix pour nous attendre au ciel!
Tu m'apparais, Marie, au sommet du Calvaire,
Debout, près de la Croix, comme un prêtre à l'autel;
Offrant, pour apaiser la justice du Père,
Ton bien-aimé Jésus, le doux Emmanuel.
Un prophète l'a dit, ô Mère désolée:
«Il n'est pas de douleur semblable à ta douleur!»
O Reine des martyrs, en restant exilée,
Tu prodigues pour nous tout le sang de ton cœur!
La maison de saint Jean devient ton seul asile;
Le fils de Zébédée a remplacé Jésus!
C'est le dernier détail que donne l'Evangile:
De la Vierge Marie il ne me parle plus...
Mais son profond silence, ô ma Mère chérie,
Ne révèle-t-il pas que le Verbe éternel
Veut lui-même chanter les secrets de ta vie
Pour charmer tes enfants, tous les élus du ciel?
Bientôt je l'entendrai cette douce harmonie;
Bientôt, dans le beau ciel, je vais aller te voir!
Toi qui vins me sourire au matin de ma vie,
Viens me sourire encor... Mère, voici le soir!
Je ne crains plus l'éclat de ta gloire suprême;
Avec toi j'ai souffert... et je veux maintenant
Chanter sur tes genoux, Vierge, pourquoi je t'aime.....
Et redire à jamais que je suis ton enfant!
Mai 1897.
POR QUÉ TE AMO, MARÍA
Cantar, Madre,
quisiera
por qué te amo .
Por qué tu dulce
nombre
me hace saltar de
gozo el corazón,
y por qué el
pensamiento de tu suma grandeza
a mi alma no puede
inspirarle temor.
Si yo te contemplase
en tu sublime gloria,
muy más brillante
sola
que la gloria de
todos los elegidos juntos,
no podría creer que
soy tu hija,
María, en tu
presencia bajaría los ojos...
Para que una hija
pueda a su madre querer,
es necesario que ésta
sepa llorar con ella,
que con ella comparta
sus penas y dolores.
¡Oh dulce Reina mía,
cuántas y amargas
lágrimas lloraste en el destierro
para ganar mi
corazón, oh Reina!
Meditando tu vida
tal como la describe
el Evangelio,
yo me atrevo a
mirarte y hasta a acercarme a ti.
No me cuesta creer
que soy tu hija,
cuando veo que
mueres,
cuando veo que sufres
como yo.
Cuando un ángel del
cielo te ofrece ser la Madre
de un Dios que ha de
reinar eternamente,
veo que tú prefieres,
¡oh asombroso misterio!,
el tesoro inefable de
la virginidad.
Comprendo que tu
alma, inmaculada Virgen,
le sea a Dios más
grata
que su propia morada
de los cielos.
Comprendo que tu
alma, humilde y dulce valle,
contenga a mi Jesús,
océano de amor.
Te amo cuando
proclamas
que eres la
siervecilla del Señor,
del Señor a quien tú
con tu humildad cautivas.
Esta es la gran
virtud que te hace omnipotente
y a tu corazón lleva
la Santa Trinidad.
Entonces el Espíritu,
Espíritu de amor,
te cubre con su
sombra,
y el Hijo, igual al
Padre,
se encarna en ti...
¡Muchos habrán de ser
sus hermanos
pecadores
para que se le llame:
Jesús, tu primogénito!
María, tú lo sabes:
como tú,
no obstante ser
pequeña, poseo y tengo en mí
al todopoderoso.
Mas no me asuste mi
gran debilidad,
pues todo los tesoros
de la madre
son también de la
hija,
y yo soy hija tuya,
Madre mía querida.
¿Acaso no son mías
tus virtudes
y tu amor también
mío?
Así, cuando la pura y
blanca Hostia
baja a mi corazón,
tu Cordero, Jesús,
sueña estar reposando
en ti misma, María.
Tú me haces
comprender, ¡oh Reina de los santos!,
que no me es
imposible caminar tras tus huellas.
Nos hiciste visible
el estrecho camino
que va al cielo
con la constante
práctica de virtudes humildes.
Imitándote a ti,
permanecer pequeña es
mi deseo,
veo cuán vanas son
las riquezas terrenas.
Al verte ir presurosa
a tu prima Isabel,
de ti aprendo, María,
a practicar la
caridad ardiente.
En casa de Isabel
escucho, de rodillas,
el cántico sagrado,
¡oh Reina de los ángeles!,
que de tu corazón
brota exaltado.
Me enseñas a cantar
los loores divinos,
a gloriarme en Jesús,
mi Salvador.
Tus palabras de amor
son las místicas rosas
que envolverán en su
perfume vivo
a los siglos futuros.
En ti el Omnipotente
obró sus maravillas,
yo quiero meditarlas
y bendecir a Dios.
A san José, que
ignora
el milagro asombroso
que en tu humildad
quisieras ocultar,
tú le dejas llorar
cerca del tabernáculo
donde se oculta y
vela
la divina beldad del
Salvador.
¡Oh, cuánto amo,
María, tu elocuente silencio!
Es para mí un
concierto muy dulce y melodioso,
que canta a mis oídos
la grandeza,
y hasta la
omnipotencia,
de un alma que su
auxilio sólo del cielo espera...
Luego, en Belén, os
veo, ¡oh María y José!,
rechazados por todos.
Nadie quiere acoger
en su posada
a dos pobres y
humildes forasteros.
¡Sólo para los
grandes tienen sitio...!
Y en un establo
mísero, rudo y destartalado,
tiene que dar a luz
la Reina de los cielos
a su Hijo Dios.
¡Madre del Salvador,
qué amable me
pareces, qué grande me pareces
en tan pobre lugar!
Cuando veo al Eterno
envuelto en los pañales
y oigo el tierno
vagido del Verbo entre las pajas,
¿podría yo, María, en
ese instante,
envidiar a los
ángeles?
¡Su Señor adorable es
mi hermano querido!
¡Cómo te amo, María,
cuando en nuestra ribera
abres para nosotros
esa divina Flor!
¡Cómo te amo, Virgen,
cuando escuchas
a los simples
pastores, y a los magos,
y guardas y meditas
todo eso
dentro del corazón!
Te amo cuando te
mezclas con las demás mujeres
que dirigen sus pasos
al templo del Señor.
Te amo cuando
presentas al Niño que nos salva
al venerable anciano
que le toma en sus brazos.
Al principio yo
escucho sonriendo
su cántico, mas
pronto sus acentos
hacen correr mis
lágrimas.
Hundiendo en el
futuro su mirada profética,
Simeón te presenta la
espada del dolor.
¡Oh Reina de los
mártires, la espada dolorosa
traspasará tu pecho
hasta la tarde misma
de tu vida!
Ya te ves obligada
a abandonar el suelo
de tu patria
por escapar, huyendo,
del furor sanguinario
de un envidioso rey.
Jesús duerme
tranquilo
bajo los suaves
pliegues de tu velo
cuando José te
advierte que hay que partir aprisa.
Y es pronto tu
obediencia:
tú partes sin demora
y sin razonamientos.
En la tierra de
Egipto, me parece, ¡oh María!,
que, a pesar de vivir
en la suma pobreza,
lleno de gozo y paz
vive tu corazón.
¿Qué te importa el
destierro? ¿No es, acaso, Jesús
la patria de las
patrias, la más bella?
Poseyéndole a él, tú
posees el cielo.
Mas en Jerusalén, una
amarga tristeza
te envuelve y, como
un mar, tu corazón inunda.
Por tres días Jesús
se esconde a tu ternura,
y entonces si, sobre
tu vida cae
un oscuro,
implacable, riguroso destierro.
Por fin logras
hallarle, y al tenerle,
rompe tu corazón en
transporte amoroso.
Y le dices al Niño,
encanto de doctores:
“Hijo mío, ¿por qué
has obrado así?
Tu padre y yo, con lágrimas,
te estábamos buscando”.
Y el Niño Dios
responde, ¡oh profundo misterio!,
a la Madre querida
que hacia él tiende los brazos:
“¿A qué buscarme,
Madre? ¿No sabías, acaso,
que en las cosas que
son del Padre mío
he de ocuparme ya?”
Me enseña el
Evangelio que sumiso
a María y José
permanece Jesús,
mientras crece en
sabiduría.
¡Y el corazón me dice
con qué inmensa ternura
a sus padres queridos
él obedece siempre!
Ahora es cuando
comprendo el misterio del templo,
las palabras ocultas
del amable Rey mío:
Tu dulce Niño, Madre,
quiere que seas tú el
ejemplo vivo
del alma que le busca
a oscuras, en la
noche de la fe.
Puesto que el Rey del
cielo quiso ver a su Madre
sometida a la noche,
sometida a la
angustia
del corazón,
¿será, acaso, merced
sufrir aquí en la tierra?
¡Oh, sí...! ¡Sufrir amando
es la dicha más pura!
Puede tomar de nuevo
Jesús lo que me ha dado,
dile que por mí nunca
se moleste.
Puede, si a bien lo
tiene, esconderse de mí,
me resigno a
esperarle
hasta que llegue el
día sin ocaso
en el que para
siempre se apagará mi fe...
Yo sé que en Nazaret,
Virgen llena de gracia,
viviste pobremente
sin ambición de más.
Ni éxtasis ni raptos
ni milagros
tu vida hermosearon,
¡Reina de los electos!
Muchos son en la
tierra los pequeños,
y ellos pueden alzar,
sin miedo, a ti los ojos.
Por el común camino,
oh Madre incomparable,
caminas tú,
guiándonos al cielo!
Vivir contigo quiero,
Madre amada,
a la espera del
cielo,
seguirte en el
destierro día a día.
En tu contemplación
yo me hundo absorta,
y de tu inmenso
corazón descubro
los abismos de amor.
Tu maternal mirada
desvanece mis miedos,
y me enseña a llorar,
y me enseña a reír.
Lejos de despreciar
las fiestas de la tierra,
las fiestas que son
santas,
tú, Madre, las
comparte y bendices.
Al ver que los
esposos de Caná
no pueden ocultar al
gran apuro
en que se encuentran
por faltarles vino,
con maternal
solicitud acudes
al Salvador, tu Hijo,
de su poder divino
esperando la ayuda.
Jesús parece rechazar
tu súplica
en un primer momento:
“Mujer, ¿qué nos
importa esto a ti y a mí?”
Mas de su corazón
allá en el fondo
madre suya te llama,
y para ti y por ti
Jesús realiza
su milagro primero.
Te veo un día, Madre,
en la colina,
entre los pecadores
que escuchan la palabra
de aquel que más
nadie
desea recibirles a
todos en el cielo.
Alguien dice a Jesús
que quieres verle.
Entonces él, Hijo
divino tuyo, ante la gente
muestra lo
inmensamente que nos ama:
“¿Quién es mi hermano
—dice—, quién mi hermana,
y mi madre quién es,
sino el que cumple
mi voluntad en todo?”
Al escucharle, tú,
Virgen Inmaculada,
¡oh Madre, la más
tierna!,
no te entristeces,
antes bien te alegras
de que nos haga
comprender entonces
que aquí abajo, en la
tierra, nuestra alma
se hace familia suya.
¡Oh, sí, te alegras,
Virgen, de que él nos dé su vida,
el tesoro infinito de
su divinidad!
¿Cómo no amarte y
bendecirte, viendo
en ti tanto amor,
tanta humildad?
Tú nos amas, María,
como Jesús nos ama,
por nosotros aceptas
verte alejada de él.
Amar es darlo todo,
darse incluso a sí mismo:
quisiste demostrarlo
quedando con nosotros
como fuerte y visible
ayuda nuestra.
¡Conocía Jesús tus
íntimos secretos
y la inmensa ternura
de tu divino corazón
de madre!
Te nos dejó a
nosotros,
como refugio fiel de
pecadores,
cuando, para
esperarnos en el cielo,
abandonó la cruz.
Te me apareces,
Virgen,
en la sombría cumbre
del Calvario,
de pie junto a la
cruz,
igual que un
sacerdote en el altar,
ofreciendo tu
Víctima,
tu Jesús amadísimo,
nuestro dulce
Emmanuel,
para desenfadar la
justicia del Padre.
Un profeta lo dijo,
¡oh Madre desolada!:
“¡No hay dolor
semejante a tu dolor!”
¡Oh Reina de los
mártires, quedando en el destierro,
prodigas por nosotros
toda la sangre de tu
corazón!
La casa de San Juan
se hace tu único asilo,
de Zebedeo el hijo
reemplaza a tu Jesús...
Y es éste ya el
último detalle
que nos da el
Evangelio,
de la Virgen María no
vuelve ya a hablar más.
Pero, Madre querida,
su silencio profundo
¿acaso no revela
que el Verbo eterno
—él mismo— cantar quiere
de tu vida los
íntimos secretos,
para gozosa gloria de
tus hijos,
los santos moradores
de la patria del cielo?
Yo escucharé muy
pronto esa dulce armonía,
iré muy pronto a
verte en el hermoso cielo.
Tú que viniste a
sonreírme, Madre,
en la suave mañana de
mi vida,
ven otra vez a
sonreírme ahora...,
pues ha llegado ya de
mi vida la tarde.
No temo el resplandor
de tu gloria suprema,
he sufrido contigo,
y ahora quiero
cantar en tus
rodillas, Virgen, por qué te amo
¡y repetir por
siempre y para siempre
que yo soy hija
tuya...!
SANTA TERESA DEL NIÑOJESÚS Y DE LA SANTA FAZ
Versión de EMETERIO GARCÍA SETIÉN