SONNET D’ÉTÉ
Nous habiterons un discret boudoir,
Toujours saturé d'une odeur divine,
Ne laissant entrer, comme on le devine,
Qu'un jour faible et doux ressemblant au soir.
Une blonde frêle en mignon peignoir
Tirera des sons d'une mandoline,
Et les blancs rideaux tout en mousseline
Seront réfléchis par un grand miroir.
Quand nous aurons faim, pour toute cuisine
Nous grignoterons des fruits de la Chine,
Et nous ne boirons que dans du vermeil ;
Pour nous endormir, ainsi que des chattes
Nous nous étendrons sur de fraîches nattes ;
Nous oublierons tout, — même le soleil !
SONETO DE VERANO
Viviremos en un tocador discreto,
Colmado siempre de un delicioso aroma,
Que, como comprenderás, dejará sólo entrar
Una luz tenue y semejante a la noche.
Una rubia terna, en peinador coqueto,
Arrancará los sones de una mandolina,
Y las blancas cortinas de buena muselina
Se reflejarán en un gran espejo.
Cuando tengas hambre, por todo alimento
Roeremos unos frutos de la China,
Y no beberemos sino en plata dorada.
Para dormirnos igual que las gatas,
Nos tenderemos sobre frescas esteras,
Y de todo nos olvidaremos —¡hasta del sol!
Versión de LUIS ANTONIO DE VILLENA