GATO
GATO de escaparate, alma que a tanto objeto
disperso le confiere su sueño lento,
y que se presta, tal una conciencia-madre,
a todo un mundo inconsciente.
Cálido y feroz silencio, que se impone
a ese mutismo mutilado,
y que llena el orfanato de las cosas
con un altivo desdén por las caricias…
Tan íntegramente dormida se la ve
entre cristales, lozas y dorados,
que el dibujo lastimero de sus grietas
parece obra de un dolor magistral.
CHAT
CHAT d’étalage, âme qui confère
à tant d’objets épars son rêve lent,
et qui se prête, en conscience-mère,
à tout un monde inconscient.
Silence chaud et fauve, qui s’impose
à ce mutisme mutilé,
et qui remplit l’orphelinat des choses
d’un fier dédain à être caressé…
Elle s’endort d’un air si intégral
entre cristaux, faïences et dorures,
que le dessin plaintif de leurs fêlures
semble signé d’un malheur magistral.
ENTIERRO
ENTRE las máquinas rápidas
que, irritadas y rapaces,
cruzan el recién-vacío
del indomable espacio,
pasa la lenta babosa de un entierro…
Pero más lentos son los astros.
ENTERREMENT
PARMI les machines rapides
qui, agacées et rapaces,
traversent le nouveau-vide
de l’indomptable espace,
passe la lente limace d’un enterrement…
Mais les astres sont plus lents.
DUDA
TIERNA naturaleza, feliz naturaleza,
en que tantos deseos se buscan y entrecruzan,
indiferente y, sin embargo, base
de los consentimientos,
pletórica naturaleza en que se destruye y desgarra
lo que se exalta demasiado pronto,
en la que nace una apariencia de reposo
de la rivalidad entre lo delicioso y lo peor,
naturaleza, que por exceso matas,
siempre extasiada creadora,
que calientas y consumes el vicio
en un mismo brasero:
Dime, oh silenciosa, dime, ¿soy
como un instante de tus frutos?
¿Soy parte del abismo de tu vértigo
en que caen tus noches?
¿Estoy de acuerdo con tus designios inefables?
¿Seré tal vez un grito de tus rebeldías?
Yo, que fui pan, ¿me he caído de la mesa,
sobrante migaja que se seca?
DOUTE
TENDRE nature, nature heureuse, où tant
de désirs se recherchent et s’entrecroisent,
indifférente, et pourtant base
des consentements,
nature trop pleine où se détruit et déchire
ce qui s’exalte trop tôt,
où de la rivalité du délicieux et du pire
naît un semblant de repos,
nature, tueuse par son excès, créatrice,
toujours extasiée,
qui réchauffes et qui consumes le vice
sur un même brasier :
Dis-moi, silencieuse, ô dis-moi, suis-je
comme un instant de tes fruits ?
Fais-je partie de l’abîme de ton vertige
où se jettent tes nuits ?
Suis-je d’accord avec tes desseins ineffables ?
Serais-je de tes révoltes un cri ?
Moi, qui fus pain, suis-je tombé de la table,
miette perdue qui durcit ?
ISBN 978-987-3725-08-1