EL CABALLERO DE LAS LETRAS
La muerte de Barbey d'Aurevilly debe considerarse, en realidad, hacia finales del siglo XIX, como el verdadero ocaso del Romanticismo. Victor Hugo, que murió antes que él, arrojó ciertamente menos claridad sobre su poniente que este Titán de Normandía que, en el anochecer de su vida, todavía llenaba el horizonte literario con un haz de luz exuberante, dando testimonio de truculentas policromías no menos suntuosas que las de los más hirsutos jóvenes de Francia de 1830.
Este maestro de las metáforas audaces y de las pinturas de tono ardiente, semejantes a los vitrales encendidos por los rayos del sol, tenía la modestia de llamarse a veces el Príncipe de las Tinieblas. Amaba la sombra, no como un artificio, para oponerla al resplandor deslumbrante de su verbo opulento, para duplicar su valor, sino más bien por la razón de que, habiéndose sentido siempre exiliado en un mundo tan diferente y tan distante del que había conocido, se había establecido voluntariamente en el crepúsculo de sus melancolías. Cada día el placer que allí encontraba era mayor, a pesar de sus pretensiones de mundanidad y de su innegable gusto por brillar en los salones con ese arte de la conversación del que fue el inefable maestro.
El romanticismo se desprendía de su persona heroica, de su porte altivo, de su lenguaje nutrido de imágenes audaces y sorprendentes, de sus escritos marcados por todas las cualidades de movimiento, sensibilidad, riqueza y altura sublime que constituían su excepcional originalidad. También emanaba, sobre todo, de su carácter de caballero salido, al parecer, del Ciclo Artúrico y de su espíritu de jactancia, generosidad, gallardía y cuestión de honor, de los que hizo gala todo a lo largo de su vida de escritor sin temor y sin reproche.
No fue, en mi opinión, un romántico retrasado en los círculos del realismo, del naturalismo y del simbolismo naciente, sino un romántico de vanguardia, un prerromántico desenfrenado, a la manera de aquel Lord Byron e incluso de aquel ardiente Alfieri que tan profundamente habían excitado su entusiasmo al principio de su noviciado intelectual.
En cualquier caso, personificó más que nadie en el siglo XIX, en todas las expresiones de su vehemente entidad, al romántico heráldico. Mejor que todos los anarquistas que lucharon defendiendo a Hernani contra la intransigencia de los clásicos, llevó siempre con él y en él la magnificencia estilizada del Romanticismo, con una nobleza de porte que ni Victor Hugo, ni Vigny, ni Gautier mostraron jamás. Él, Barbey d'Aurevilly, era la estatua viviente del romanticismo individualizado. Incluso a pie, de pie, aparecía ecuestre como el condottiero de las ideas épicas, y se mostraba con poderoso aplomo en la vida como el Colleone en su alto pedestal de Venecia. Sólo el potente Verrocchio podría haber ejecutado su efigie monumental a la perfección.
Dominó su tiempo con su dignidad tan incomprendida como su genio. Quiso, en su imperturbable voluntad de preservar su individualismo, permanecer aislado y despreció honores, asambleas, vanidades y distinciones de todo tipo. Nada hubiera podido glorificar su primacía espiritual, ni siquiera, sin duda, el título de Mariscal de las Letras que Balzac había imaginado para elevar a la cima de la jerarquía intelectual a ciertos escritores orgullosos de su raro valor y de su alta estatura moral.
Decía con su orgullo habitual: "Los éxitos de este tiempo han hecho de la gloria una abominable prostituta. ¿No es acaso el destino más hermoso tener genio y permanecer en la oscuridad?
OCTAVE UZANNE
Traducción, para Literatura & Traducciones, de Miguel Ángel Frontán
(continuará)
LE GENTILHOMME DE LETTRES
La mort de Barbey d’Aurevilly doit dater, en réalité, vers la fin du XIXe siècle, le véritable coucher de soleil du Romantisme. Victor Hugo qui disparut avant lui, jeta certes moins de feux sur son déclin que ce Titan de la Normandie qui, au couchant de sa vie, empourpra encore l’horizon littéraire d’un faisceau de lumières opulentes, témoignant de truculentes polychromes non moins fastueuses que celles des plus hirsutes jeunes France de 1830.
Ce maître des audacieuses métaphores et des peintures ardentes de ton, semblables à des vitraux embrasés d’éclats solaires, avait la modestie de se nommer parfois le Prince des Ténèbres. Il aimait l’ombre, non par artifice, dans le but de l’opposer à l’éblouissant éclat radiant de son verbe opulent, afin d’en doubler la valeur, mais, plutôt, par cette raison que s’étant toujours senti exilé dans un monde si différent et si distant de celui qu’il avait connu, il s’était volontiers établi dans le crépuscule de ses mélancolies. Il s’y complaisait chaque jour davantage, malgré ses prétentions à la mondanité et son indéniable goût de briller dans les salons par cet art de la causerie dont il fut l’inexprimable maître.
Le Romantisme transsudait de sa personne héroïque, de son allure altière, de son langage nourri d’images hardies et surprenantes, de ses écrits marqués de toutes les qualités de mouvement, de sensibilité, de richesse, de sublimité qui constituaient son exceptionnelle originalité. Il émanait également, et avant tout, de son caractère de chevalier issu, semblait-il, du Cycle d’Arthur et de son esprit de bravade, de générosité, de galanterie et de point d’honneur dont il témoigna à toutes les heures de sa vie d’écrivain sans peur et sans reproche.
Il était, à mon sentiment, non pas, comme on l’a dit, un romantique attardé dans les milieux du réalisme, du naturalisme et du symbolisme naissant, mais plutôt un Romantique d’avant-garde, un pré-Romantique échevelé dans la manière de ce lord Byron et même de cet ardent Alfiéri qui avaient si profondément exalté ses enthousiasmes au début de son noviciat intellectuel.
En tout cas, il personnifia plus que quiconque au XIXe siècle, dans toutes les expressions de sa véhémente entité, le Romantique héraldique. Mieux que tous les Bousingots qui combattirent à Hernani contre l’intransigeance des classiques, il porta toujours avec lui et en lui la magnificence stylisée du Romantisme, avec une noblesse d’allure dont ne firent jamais montre ni Victor Hugo, ni Vigny, ni Gautier. Lui Barbey d’Aurevilly fut la statue vivante du Romantisme individualisé. Même à pied, debout, il apparaissait équestre comme le condottière des idées épiques, et il s’offrait campé aussi puissamment dans la vie que le Colleone sur son haut piédestal à Venise. Seul le puissant Verrocchio aurait pu réaliser à souhait son effigie monumentale.
Il dominait son temps par sa dignité aussi incomprise que son génie. - Il voulut, dans son imperturbable volonté de ménager son individualisme, rester isolé et dédaigneux des honneurs, des assemblées, des vanités, des distinctions de toute sorte. Rien n’aurait pu glorifier sa primauté spirituelle, pas même, sans doute, ce titre de Maréchal des lettres que Balzac avait imaginé pour porter au plus haut de la hiérarchie intellectuelle certains fiers écrivains de sa rare valeur et de sa haute stature morale.
Il disait avec sa fierté coutumière : « Les succès de ce temps ont fait de la gloire une abominable prostituée. La plus belle destinée, n’est-ce pas d’avoir du génie et de rester obscur ? »