domingo, 12 de enero de 2020

Jean Cocteau y Octavio Paz: Dos poemas de Plain-Chant

DOS POEMAS DE PLAIN-CHANT

Lecho de amor: detente. Bajo tus altas sombras,
al tendernos, zarpamos. Allá abajo se quedan
nuestros pies obedientes. Son caballos que a veces,
lado a lado dormidos, entrelazan sus cuellos.

***

Nada me da más miedo que la calma engañosa
de un semblante dormido;
tu sueño es un Egipto donde tú eres la momia
con su máscara de oro.

¿Qué mira tu mirada bajo el rico atavío
de una reina que muere,
deshecha y repintada por la noche de amor,
negra embalsamadora?

Abandona, oh mi reina, oh mi pato salvaje,
los siglos y los mares;
vuelve a flotar aquí, reconquista tu rostro
que se hunde hacia dentro.
Traducción de OCTAVIO PAZ.
Versiones y diversiones, México, 1973.



Lit d’amour, faites halte. Et, sous cette ombre haute,
Reposons-nous : parlons ; laissons là-bas au bout,
Nos pieds sages, chevaux endormis côte à côte,
Et quelquefois mettant l’un sur l’autre le cou.

***

Rien ne m’effraye plus que la fausse accalmie
D’un visage qui dort  ;
Ton rêve est une Égypte et toi c’est la momie
Avec son masque d’or.

Où ton regard va-t-il sous cette riche empreinte
D’une reine qui meurt,
Lorsque la nuit d’amour t’a défaite et repeinte
Comme un noir embaumeur ?

Abandonne, ô ma reine, ô mon canard sauvage,
Les siècles et les mers  ;
Reviens flotter dessus, regagne ton visage
Qui s’enfonce à l’envers.