viernes, 3 de agosto de 2018

Stéphane Mallarmé y Alfonso Reyes: Aparición

APPARITION

La lune s'attristait. Des séraphins en pleurs
Rêvant, l'archet aux doigts, dans le calme des fleurs
Vaporeuses, tiraient de mourantes violes
De blancs sanglots glissant sur l'azur des corolles.
— C'était le jour béni de ton premier baiser.
Ma songerie aimant à me martyriser
S'enivrait savamment du parfum de tristesse
Que même sans regret et sans déboire laisse
La cueillaison d'un Rêve au coeur qui l'a cueilli.
J'errais donc, l'oeil rivé sur le pavé vieilli
Quand avec du soleil aux cheveux, dans la rue
Et dans le soir, tu m'es en riant apparue
Et j'ai cru voir la fée au chapeau de clarté
Qui jadis sur mes beaux sommeils d'enfant gâté
Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées
Neiger de blancs bouquets d'étoiles parfumées.



APARICIÓN

La luna se afligía. Dolientes serafines
Vagando —ocioso el arco— en la paz de las flores
Vaporosas, vertían de exánimes violines
Por los azules cálices blanco lloro en temblores.
—De tu beso primero era el bendito día.
Como en martirizarme mi afán se complacía,
Se embriagaba a conciencia con ese desvaído
Aroma en que —sin lástimas y sin resabio— anega
La cosecha de un sueño al alma que lo siega.
Yo iba mirando al suelo, errante y abstraído,
Cuando —con los cabellos en sol— toda sonriente,
En la calle, en la tarde, te me has aparecido.
Y creí ver el hada del casco refulgente
Que cruzaba mis éxtasis de niño preferido,
Dejando siempre, de sus manos entrecerradas,
Nevar blancos racimos de estrellas perfumadas.


Traducción de ALFONSO REYES.