miércoles, 16 de abril de 2025

Charles Baudelaire: Poemas en prosa XI. La mujer salvaje y la pequeña amante

À ARSÈNE HOUSSAYE 

Mon cher ami, je vous envoie un petit ouvrage dont on ne pourrait pas dire, sans injustice, qu’il n’a ni queue ni tête, puisque tout, au contraire, y est à la fois tête et queue, alternativement et réciproquement. Considérez, je vous prie, quelles admirables commodités cette combinaison nous offre à tous, à vous, à moi et au lecteur. Nous pouvons couper où nous voulons, moi ma rêverie, vous le manuscrit, le lecteur sa lecture ; car je ne suspends pas la volonté rétive de celui-ci au fil interminable d’une intrigue superfine. Enlevez une vertèbre, et les deux morceaux de cette tortueuse fantaisie se rejoindront sans peine. Hachez-la en nombreux fragments, et vous verrez que chacun peut exister à part. Dans l’espérance que quelques-uns de ces tronçons seront assez vivants pour vous plaire et vous amuser, j’ose vous dédier le serpent tout entier.

J’ai une petite confession à vous faire. C’est en feuilletant, pour la vingtième fois au moins, le fameux Gaspard de la Nuit, d’Aloysius Bertrand (un livre connu de vous, de moi et de quelques-uns de nos amis, n’a-t-il pas tous les droits à être appelé fameux ?) que l’idée m’est venue de tenter quelque chose d’analogue, et d’appliquer à la description de la vie moderne, ou plutôt d’une vie moderne et plus abstraite, le procédé qu’il avait appliqué à la peinture de la vie ancienne, si étrangement pittoresque.

Quel est celui de nous qui n’a pas, dans ses jours d’ambition, rêvé le miracle d’une prose poétique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s’adapter aux mouvements lyriques de l’âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience ?

C’est surtout de la fréquentation des villes énormes, c’est du croisement de leurs innombrables rapports que naît cet idéal obsédant. Vous-même, mon cher ami, n’avez-vous pas tenté de traduire en une chanson le cri strident du Vitrier, et d’exprimer dans une prose lyrique toutes les désolantes suggestions que ce cri envoie jusqu’aux mansardes, à travers les plus hautes brumes de la rue ?

Mais, pour dire le vrai, je crains que ma jalousie ne m’ait pas porté bonheur. Sitôt que j’eus commencé le travail, je m’aperçus que non-seulement je restais bien loin de mon mystérieux et brillant modèle, mais encore que je faisais quelque chose (si cela peut s’appeler quelque chose) de singulièrement différent, accident dont tout autre que moi s’enorgueillirait sans doute, mais qui ne peut qu’humilier profondément un esprit qui regarde comme le plus grand honneur du poëte d’accomplir juste ce qu’il a projeté de faire.

Votre bien affectionné,

C. B.

A ARSÈNE HOUSSAYE

Mi querido amigo, le envío una pequeña obra, de la cual no se podría decir, sin injusticia, que no tiene ni pies ni cabeza, puesto que, al contrario, todo en ella es, al mismo tiempo, cabeza y pies, alternativa y recíprocamente. Considere, se lo ruego, qué admirables comodidades esta combinación nos ofrece a todos, a usted, a mí y al lector. Podemos cortar dónde queramos, yo mi ensoñación, usted el manuscrito, el lector la lectura; porque no dejo que la esquiva voluntad de éste quede pendiendo del hilo interminable de una intriga sutilísima. Saque usted una vértebra, y las dos partes de esta tortuosa fantasía volverán a juntarse sin esfuerzo. Despedácela en numerosos fragmentos, y verá que cada uno puede existir por separado. Con la esperanza de que algunos de estos trozos estarán lo bastante vivos para darle placer y entretenimiento, me atrevo a dedicarle la serpiente completa.

Tengo que hacerle una pequeña confesión. Hojeando, por vigésima vez al menos, el famoso Gaspar de la Noche, de Aloysius Bertrand (¿un libro que usted y yo, y algunos de nuestros amigos, conocemos no tiene todo el derecho a ser llamado famoso?), se me ocurrió la idea de intentar algo análogo, y de aplicar a la descripción de la vida moderna o, más bien, de una vida moderna y más abstracta, el procedimiento que él había aplicado a la pintura de la vida antigua, tan extrañamente pintoresca.

¿Quién de nosotros no ha soñado, en sus días de ambición, con el milagro de una prosa poética, musical sin ritmo y sin rima, lo bastante flexible y lo bastante abrupta como para adaptarse a los movimientos líricos del alma, a las ondulaciones de la ensoñación, a los sobresaltos de la conciencia?

Es sobre todo de la frecuentación de las ciudades inmensas, del entrecruzamiento de sus innumerables relaciones, que nace ese ideal obsesivo. Usted mismo, mi querido amigo, ¿no ha intentado mostrar en una canción el grito estridente del Vidriero, y expresar en una prosa lírica todas las desoladoras sugerencias que ese grito lanza hasta las mansardas, a través de las más altas brumas de la calle?

Pero, para decir la verdad, temo que mi envidia no me haya traído suerte. Apenas comencé el trabajo, me di cuenta de que no sólo me quedaba muy lejos de mi misterioso y brillante modelo, sino incluso que hacía algo (si es que esto puede llamarse algo) singularmente diferente, accidente del cual cualquier otro fuera de mí se enorgullecería quizás, pero que no puede sino humillar profundamente a un espíritu que ve como el más grande honor del poeta realizar únicamente aquello que proyectó hacer.

Suyo muy afectuosamente,

CHARLES BAUDELAIRE 


XI

LA FEMME SAUVAGE ET LA PETITE-MAÎTRESSE 

« Vraiment, ma chère, vous me fatiguez sans mesure et sans pitié ; on dirait, à vous entendre soupirer, que vous souffrez plus que les glaneuses sexagénaires et que les vieilles mendiantes qui ramassent des croûtes de pain à la porte des cabarets.

« Si au moins vos soupirs exprimaient le remords, ils vous feraient quelque honneur ; mais ils ne traduisent que la satiété du bien-être et l’accablement du repos. Et puis, vous ne cessez de vous répandre en paroles inutiles : « Aimez-moi bien ! j’en ai tant besoin ! Consolez-moi par-ci, caressez-moi par-là ! » Tenez, je veux essayer de vous guérir ; nous en trouverons peut-être le moyen, pour deux sols, au milieu d’une fête, et sans aller bien loin.

« Considérons bien, je vous prie, cette solide cage de fer derrière laquelle s’agite, hurlant comme un damné, secouant les barreaux comme un orang-outang exaspéré par l’exil, imitant, dans la perfection, tantôt les bonds circulaires du tigre, tantôt les dandinements stupides de l’ours blanc, ce monstre poilu dont la forme imite assez vaguement la vôtre.

« Ce monstre est un de ces animaux qu’on appelle généralement « mon ange ! » c’est-à-dire une femme. L’autre monstre, celui qui crie à tue-tête, un bâton à la main, est un mari. Il a enchaîné sa femme légitime comme une bête, et il la montre dans les faubourgs, les jours de foire, avec permission des magistrats, cela va sans dire.

« Faites bien attention ! Voyez avec quelle voracité (non simulée peut-être !) elle déchire des lapins vivants et des volailles piaillantes que lui jette son cornac. « Allons, dit-il, il ne faut pas manger tout son bien en un jour, » et, sur cette sage parole, il lui arrache cruellement la proie, dont les boyaux dévidés restent un instant accrochés aux dents de la bête féroce, de la femme, veux-je dire.

« Allons ! un bon coup de bâton pour la calmer ! car elle darde des yeux terribles de convoitise sur la nourriture enlevée. Grand Dieu ! le bâton n’est pas un bâton de comédie, avez-vous entendu résonner la chair, malgré le poil postiche ? Aussi les yeux lui sortent maintenant de la tête, elle hurle plus naturellement. Dans sa rage, elle étincelle tout entière, comme le fer qu’on bat.

« Telles sont les mœurs conjugales de ces deux descendants d’Ève et d’Adam, ces œuvres de vos mains, ô mon Dieu ! Cette femme est incontestablement malheureuse, quoique après tout, peut-être, les jouissances titillantes de la gloire ne lui soient pas inconnues. Il y a des malheurs plus irrémédiables, et sans compensation. Mais dans le monde où elle a été jetée, elle n’a jamais pu croire que la femme méritât une autre destinée.

« Maintenant, à nous deux, chère précieuse ! À voir les enfers dont le monde est peuplé, que voulez-vous que je pense de votre joli enfer, vous qui ne reposez que sur des étoffes aussi douces que votre peau, qui ne mangez que de la viande cuite, et pour qui un domestique habile prend soin de découper les morceaux ?

« Et que peuvent signifier pour moi tous ces petits soupirs qui gonflent votre poitrine parfumée, robuste coquette ? Et toutes ces affectations apprises dans les livres, et cette infatigable mélancolie, faite pour inspirer au spectateur un tout autre sentiment que la pitié ? En vérité, il me prend quelquefois envie de vous apprendre ce que c’est que le vrai malheur.

« À vous voir ainsi, ma belle délicate, les pieds dans la fange et les yeux tournés vaporeusement vers le ciel, comme pour lui demander un roi, on dirait vraisemblablement une jeune grenouille qui invoquerait l’idéal. Si vous méprisez le soliveau (ce que je suis maintenant, comme vous savez bien), gare la grue qui vous croquera, vous gobera et vous tuera à son plaisir !

« Tant poëte que je sois, je ne suis pas aussi dupe que vous voudriez le croire, et si vous me fatiguez trop souvent de vos precieuses pleurnicheries, je vous traiterai en femme sauvage, ou je vous jetterai par la fenêtre, comme une bouteille vide. »

 

XI

LA MUJER SALVAJE Y LA PEQUEÑA AMANTE

“Realmente, querida, me cansas sin medida y sin piedad; pareciera, por el modo en que suspiras, que sufres más que las espigadoras sexagenarias y las viejas mendigas que juntan mendrugos de pan a la puerta de las tabernas.

“Si al menos tus suspiros expresaran remordimiento, te harían algún honor; pero sólo manifiestan la saciedad del bienestar y el abatimiento del descanso. Y además, no dejas de prodigar palabras inútiles: “¡Quiéreme mucho! ¡Lo necesito tanto! ¡Consuélame aquí, acaríciame allá!”. Mira, quiero tratar de curarte; quizás encontremos cómo, por unos céntimos, en medio de una fiesta, y sin ir muy lejos.

“Contemplemos atentamente, te lo ruego, esta sólida jaula de hierro en la cual se agita, aullando como un condenado, sacudiendo los barrotes como un orangután exasperado por el exilio, imitando a la perfección a veces los saltos circulares del tigre, a veces el estúpido contoneo del oso polar, ese monstruo peludo cuya forma imita bastante vagamente la tuya.

“Ese monstruo es uno de esos animales que llamamos por lo general ‘ángel mío’, es decir, una mujer. El otro monstruo, el que grita a voz en cuello con un bastón en la mano, es un marido. Ha encadenado a su legítima esposa como a un animal, y la exhibe en los suburbios los días de feria, con permiso de los jueces, demás está decirlo.

“¡Presta mucha atención! Mira con qué voracidad (¡quizá no simulada!) destroza los conejos vivos y las aves chillonas que le arroja su cuidador.  ‘Vamos —le dice—, no tienes que comértelo todo en un solo día’, y, tras estas sabias palabras, le arranca cruelmente la presa, cuyas tripas desenrolladas se quedan un instante enganchadas en los dientes del animal feroz —de la mujer, quiero decir.

“¡Vamos, un buen bastonazo para calmarla!, ya que mira con terrible avidez la comida arrebatada. ¡Santo cielo!, el bastón no es un bastón de comedia, ¿has oído cómo sonó la carne, a pesar del pelo postizo? Por eso ahora los ojos se le salen de las órbitas, grita con más naturalidad. Rabiosa como está, todo su cuerpo echa chispas, como el hierro en el yunque.

“¡Tales son las costumbres conyugales de esos dos descendientes de Eva y Adán, esas obras de tus manos, oh Dios mío! Esa mujer es indiscutiblemente desdichada, aunque después de todo, quizás, los placeres excitantes de la gloria no le sean desconocidos. Hay desdichas más irremediables, y sin compensación. Pero, en el mundo al que fue arrojada, nunca pudo creer que la mujer mereciera otro destino.

“¡Ahora volvamos a ocuparnos de nosotros, mi queridísima! Viendo los infiernos que pueblan el mundo, ¿qué quieres que piense de tu bonito infierno, tú que sólo descansas sobre telas tan suaves como tu piel, que sólo comes carne cocida, y que tienes un criado hábil que se encarga de cortar los trozos?

“¿Y qué pueden significar para mí todos esos pequeños suspiros que hinchan tu pecho perfumado, robusta coqueta? ¿Y todas esas poses aprendidas en los libros, y esa incansable melancolía, hecha para inspirar en el espectador un sentimiento muy distinto de la lástima? Realmente, a veces me dan ganas de enseñarte lo que es la verdadera desdicha.

“Viéndote así, mi bella delicada, con los pies en el fango y los ojos lánguidos vuelta hacia el cielo, como para pedirle un rey, se te tomaría, ciertamente, por una joven rana que estuviera invocando el ideal. Si desprecias la viga (cosa que ahora soy, como bien lo sabes), ¡cuidado con la grulla que te comerá, te tragará y te matará como le plazca!

“Por muy poeta que yo sea, no soy tan ingenuo como te gustaría creer, y si me cansas demasiado a menudo con tus preciosos lloriqueos, te trataré como a una mujer salvaje, o te tiraré por la ventana como una botella vacía”.

Traducción, para Literatura & Traducciones, de Carlos Cámara y  Miguel Ángel Frontán

 

NOTA de Massimo Colesanti

En una carta a Poulet-Malassis fechada el 15 de diciembre de 1859, Baudelaire incluye La Femme sauvage (sermon à une petite-maîtresse) entre sus proyectos de poema. No creemos que pretendiera versificar el texto de este poema, que tiene autonomía propia; en cualquier caso, el proyecto no se realizó, y quizá podamos decir que afortunadamente, porque el tono, al menos aquí, es demasiado violento y sarcástico, como observa Pichois (Oeuvres Complètes, La Pléiade, I, p. 1315). El episodio aquí presentado es un clásico espectáculo de exhibición de monstruos, habitual en las ferias de la época, también descrito por Gérard de Nerval entre otros en un artículo, Les comédiens ambulants. Études de mœurs, aparecido en el Musée des familles en diciembre de 1848, y que Baudelaire pudo haber leído. En cualquier caso, más allá del episodio presentado, Baudelaire vuelve a expresar aquí, en este “sermón”, su misoginia, sobre todo al final. Para estas palabras en itálicas, y para todo el penúltimo párrafo, Baudelaire remite naturalmente a la conocida fábula de La Fontaine, Les Grenouilles qui demandent un roi (III, 4).

 

XI

WILD WOMAN AND LITTLE DARLING

“Really, my dear, you endlessly and without pity wear me out; one would suppose, to hear you sigh, that your sufferings are worse tan those of the gleaners or the old beggar women who dig out crusts of bread from dance hall garbage cans.

“If at least your sighs expressed remorse, they might do you honor; but they convey merely a surfeit of well-being and despondency from sleeping too much. And then, you never cease breaking out uselessly, ‘Love me more! I have such need of love! Console me, caress me, this way, that way!’ Now hold on. I’m going to try and cure you; maybe for a few pennies at a fair, without going to any great trouble.

“Do note, please, in this iron cage—bounding, howling like the damned, shaking the bars like an orangutan exasperated by exile, imitating to perfection, sometimes the circular sulk of the tiger, at other times the stupid waddle of a polar bear—a hairy monster whose form suggests, vaguely, yours.

“This monster is one of those animals generally addressed as ‘my angel!’ that is to say, a woman. That other monster, the one yelling at the top of his voice, stick in hand, is a husband. He has imprisoned his legitimate wife like a beast, and displays her in the suburbs on days of the fair—with, it goes without saying, permission of the authorities.

“Now pay attention! see with what voracity (not necessarily simulated) she rips apart live rabbits and still clucking fowl that her keeper throws her. ‘Take it easy,’ he yells, ‘mustn’t eat up everything in one day,’ and, with that good advice, cruelly rakes back the spoil, uncurled guts caught for an instant on a tooth of this ferocious beast—I mean to say, the woman’s.

“Here we go! a good whack of the stick to calm her down! Since her terrible eyes dart covetously towards the food taken away. Good God! the stick is no music hall slapstick, have you heard her flesh pop, despite the false hair? And, eyes starting from their sockets, now she howls more naturally. In her rage, she throws out sparks like beaten iron.

“Such are the conjugal relations of these two descendants of Eve and Adam, these works of your hand, O my God! This woman is, to a certainty, unhappy, though perhaps to her the titillations of glory are, when you come right down to it, not unknown. There are sorrows more irremediable, and without compensation. But in the world where she has been thrown, it would never occur to her to suppose that a woman might merit a different fate.

“And us, now, my precious! Seeing the hells that populate the world, how should I react to your pretty little hell? you who sleep on stuff soft as your skin, who eat only roasted meat carefully carved by servants.

“And what could they mean to me, you well-fed flirt, all these sighs that inflate your perfumed bosom? And all the affectations you’ve gotten out of books, and this tireless melancholy, meant to inspire the spectator with a feeling quite other than pity? It has truly from time to time given me the urge to teach you what real unhappiness is.

“And to see you, my so delicate beauty, your feet in muck and your eyes turned nebulously skyward, as if beseeching a king, you’re the very image of a young frog invoking the ideal. If you don’t like your King Log (which at the moment, as you know, I am) watch out for the crane who will crunch you up, gulp you down, kill you at his pleasure.

“Poet that I am, I’m not the dupe you’d like to think me, and if you wear me out too often with your precious whining, I will treat you like a wild woman, or else throw you out the window, like an empty bottle.”

Translated by KEITH WALDROP 

 

XI

LA DONNA SELVAGGIA E LA RAFFINATA

«Mi hai veramente annoiato da morire, cara mia, senza pietà; a sentirti sospirare, si direbbe che soffri più delle spigolatrici sessantenni e delle vecchie mendicanti che raccattano tozzi di pane alla porta delle osterie.

Certi sospiri ti farebbero un po’ onore se esprimessero, che so io, un rimorso; ma rivelano invece la sazietà del benessere e l’oppressione del riposo. E poi non smetti mai di tirar fuori parole inutili: “Amami molto! Ne ho tanto bisogno! Consolami di qua, accarezzami di là!”. Senti, voglio proprio cercare di guarirti. Ci riusciremo forse con due soldi, in una fiera, senza andare moltolontano.

Guarda, su, guarda quella solida gabbia di ferro nella quale si agita quel mostro peloso dalla forma piuttosto vagamente simile alla tua! Urla come un dannato, scuote le sbarre come un orango esasperato dall’esilio, imita alla perfezione ora i balzi circolari della tigre ora lo stupido dondolio dell’orso bianco.

Beh! Quel mostro è una di quelle bestie che in genere si chiamano “angelo mio”, cioè una moglie. E l’altro mostro, quello che grida a squarciagola con un bastone in mano, è un marito. Ha incatenato la moglie legittima come una bestia e la va mostrando nei sobborghi, nei giorni di fiera, e naturalmente col permesso delle autorità.

Guarda, guarda con che voracità (forse, non simulata) lei sbrana conigli vivi e volatili pigolanti che le getta il suo cornac. “Via!”, le dice, “non bisogna divorare tutto in un giorno!”, e mentre pronuncia queste sagge parole le strappa crudelmente la preda, ma le budella srotolate restano per un momento appese ai denti della belva, voglio dire della donna.

Visto con che occhi tremendi d’ingordigia dardeggia il cibo sottrattole? E giù una buona bastonata per calmarla! Mio Dio! Il bastone non è uno di quelli da commedia! Hai sentito come risuona sulle carni, nonostante il pelo posticcio? Per questo ora ha gli occhi di fuori e urla più naturalmente. Nella sua rabbia scintilla tutta, come un ferro battuto.

Queste sono le abitudini coniugali di quei due discendenti di Èva e Adamo, opera delle tue mani, mio Dio! Quella donna è indiscutibilmente infelice, benché dopo tutto non ignori i piaceri titillanti della gloria. Ci sono sciagure più irrimediabili e senza compenso. Ma nel mondo in cui è stata gettata, non ha mai potuto credere che la donna meriti altro destino.

E ora a noi due, cara preziosa! Con tutti gli inferni di questo mondo, che vuoi che pensi del tuo leggiadro inferno, di te che riposi solo su stoffe morbide come la tua pelle, di te che mangi solo carne cotta, di te che hai pure un abile domestico che ha cura di somministrarti i bocconi?

E cosa vuoi che significhino per me tutti questi sospiri che ti gonfiano il petto profumato, gagliarda puttanella? E tutte queste smancerie imparate nei libri? E questa instancabile malinconia, fatta per ispirare a chi ti guarda un sentimento qualunque, ma non certo la pietà? Avrei una voglia d’insegnarti cos’è la vera sventura!

A vederti cosi, mia bella delicata, con i piedi nel fango e gli occhi svenevoli rivolti al cielo, come per chiedergli un re, mi sembri proprio una ranocchia che invoca il suo ideale. E disprezzalo pure il travicello (che sono io ora, come sai bene), ma attenta alla gru che ti mangerà, t’ingoierà e ti ammazzerà a piacer suol

Sono un poeta, sì, ma non così minchione come vorresti credere! E se mi annoi troppo spesso con i tuoi preziosi piagnistei, ti tratterò come la donna selvaggia o ti butterò dalla finestra come una bottiglia vuota!».

  Traduzione de MASSIMO COLESANTI

lunes, 14 de abril de 2025

Anna de Noailles y Enrique Díez Canedo: Será largo el crepúsculo

IL FERA LONGTEMPS CLAIR CE SOIR

 

Il fera longtemps clair ce soir, les jours allongent.

La rumeur du jour vif se disperse et s’enfuit,

Et les arbres, surpris de ne pas voir la nuit,

Demeurent éveillés dans le soir blanc, et songent...

 

Les marronniers, sur l’air plein d’or et de lourdeur,

Répandent leurs parfums et semblent les étendre ;

On n’ose pas marcher ni remuer l’air tendre

De peur de déranger le sommeil des odeurs.

 

De lointains roulements arrivent de la ville...

La poussière qu’un peu de brise soulevait,

Quittant l’arbre mouvant et las qu’elle revêt,

Redescend doucement sur les chemins tranquilles ;

 

Nous avons tous les jours l’habitude de voir

Cette route si simple et si souvent suivie,

Et pourtant quelque chose est changé dans la vie ;

Nous n’aurons plus jamais notre âme de ce soir...

ANNA DE NOAILLES


 

SERÁ LARGO EL CREPÚSCULO...

 

Será largo el crepúsculo. Ya va creciendo el día.

Los rumores diurnos huyen y se dispersan;

sorprendidos los árboles no ven llegar la noche,

siguen despiertos en la tarde blanca, y piensan.

 

Los castaños, al aire denso, cuajado en oro,

sus perfumes exhalan y parecen oírlos;

y nos da miedo andar, mover el aire tierno,

para no despertar los aromas dormidos.

 

Vienen de la ciudad sordos ecos lejanos...

El polvo, levantado por un soplo del viento,

deja el árbol agónico, triste, que revestía,

y otra vez cae, pausado, sobre el camino quieto.

 

Vemos un día y otro, por costumbre, el camino

que impasibles cruzamos en tantas ocasiones,

pero no sé qué cosa cambia en nuestra existencia:

ya nunca más tendremos el alma de esta noche.

ENRIQUE DÍEZ CANEDO


viernes, 4 de abril de 2025

Alfonso Reyes: Culto a Mallarmé (Tercera parte bis)

 

CULTO A MALLARMÉ

III-bis. ERRORES DE LA PROXIMIDAD

 

     Banville pidió a Mallarmé un monólogo para Coquelin, La siesta del fauno, poema escrito en Tournon, en cuyo ambiente flota el recuerdo de un cuadro de Boucher; fue leído, durante unas vacaciones, a Banville y a Coquelin, que fingieron interesarse mucho, aunque lamentaron que faltara en el poema “la anécdota necesaria que el público exige siempre, por lo cual aquello sólo podría interesar a los poetas”. Tampoco importa la incomprensión de su amigo Théodore Aubanel.

    Yo no quisiera hablar mal de Aubanel, pero ¿por qué su amistad para Mallarmé —tan confiado, tan cabal, tan bien nacido, que no vacila en calificar de “admirable” la Vénus d’Arles de Aubanel— anda siempre dando excusas, avergonzada de frecuentar al “fantástico profesor de inglés” , al “lírico loco” , y haciendo lástima de las “extravagancias y abstracciones” de aquel “excelente muchacho” , de aquel “espíritu distinguido”? Todas estas lamentables palabras se encuentran en las cartas de Aubanel a su amigo Legré.

    En Aviñón, verano de 1870, Mallarmé leyó unos fragmentos del Igitur a Mistral, a Villiers de l’Isle-Adam y a Catulle Mendès. Nuevo fracaso.

    —No hay duda —repetía Mendès—, Mallarmé se resiente de su vida de privaciones en Londres. ¡Se ha vuelto loco! Pero es justo decir en descargo de Catulle Mendès que, cuando recuerda aquella lectura en el informe que presentó al Ministro de Instrucción Pública sobre Le mouvement poétique français de 1867 à 1900 (París, Impr. Nationale, 1903, páginas 135-141), no lo hace sin cierta nobleza, sin cierta profunda melancolía y un franco sentimiento de veneración para la persona y la obra de Mallarmé.

    Mendès había conocido a Mallarmé en 1864. Mendès vivía entonces en Choisy-le-Roi, en casa de su padre, y lo acompañaba Villiers de l’Isle-Adam, quien por entonces escribía Elën. Mallarmé se presentó con una carta de Emmanuel des Essarts. Dejaron a Villiers entregado a su manuscrito, y salieron ambos a pasear a orillas del Sena. La discreta melancolía de Mallarmé se insinuó en el corazón de Mendès, quien acabó de sentirse suyo cuando el delicado joven de ojos transparentes y manos femeninas, tras de hacerle con sencillez y como sin dar importancia a la cosa el relato de las penurias y trabajos que acababa de pasar en Londres, donde se mantenía dando clases de francés, comenzó a recitarle sus primeros versos, con aquella voz que acariciaba. Mendès mostró todo a Villiers, que compartió su entusiasmo. Y no hubo más por el momento. Mallarmé se fue a la Provenza, y durante siete años estuvo comunicando por carta, a sus amigos, proyectos, tanteos, esperanzas: daba a entender que se ocupaba en una obra trascendental, sin querer declarar del todo, con una graciosa coquetería, en qué consistía su descubrimiento. Por desgracia Genoveva Mallarmé no dejó nunca a Mendès publicar estas cartas. Villiers y Mendès no dudaban, a juzgar por lo que ya habían conocido de él, que Mallarmé estaría preparando grandes sorpresas. Muchas veces invitados para ir a verlo, aprovecharon los primeros ahorros y se presentaron en Aviñón.

    La cena, a la que también asistía Mistral, fue breve. Y vino la fatal lectura de los fragmentos de Igitur. No sabemos lo que haría Mistral, aunque parece que más tarde opinó que un poco de brusquedad y una buena reprimenda a tiempo, además de la saludable influencia del sol provenzal (no podía faltarnos este adminículo) hubieran bastado para enderezar a aquel pecador. Y en efecto, ¿qué hacía bajo los claros fuegos del Sur aquel hijo del septentrión, verdadera nube perdida, en quien la lucha de atmósferas estalla al fin con aquellos gritos de alucinado contra el azul del cielo? ¿Qué haría sino “se boucher le nez devant l’azur”?

 

          La serena ironía del Azul sempiterno

         agobia —en su indolencia bella como las flores—

         al poeta impotente, que maldice su genio,

         a través de un desierto estéril de dolores.

 

    Villiers de l’Isle-Adam se limitaba a seguir la lectura con unas risillas alentadoras, aunque un poco forzadas. Eran una simple manifestación de su embarazo, pero más tarde se arrepintió de ellas porque le parecieron excesivamente aprobatorias. A los otros dos podemos perdonarles. A éste no le perdonaremos nunca.

    El pobre de Mendès, alegando la fatiga del viaje, se fue a acostar, y al otro día tomó el tren de París, sin que Mallarmé —tan perfecto en todo— le hablara una sola palabra del poema.

    ¡Cómo! —se preguntaba Mendès—. ¿Y en esto, en esta obra cuyo asunto mismo nunca acaba de declararse, en este estilo donde ciertamente el arte no falta, pero en que las palabras, como por un compromiso ¡ay! sistemático, abandonan su sentido propio; en esto, pues, había de parar tan largo y concentrado esfuerzo?

    Y Mendès volvió a París con dos tristezas más en el fondo: una, el sentirse alejado del hombre a quien quería y estimaba; otra (y es la más hermosa) el temor de haber sembrado la duda en el ánimo de su amigo, por su actitud ostensiblemente reprobatoria. Pero Mendès era, como dicen en España, bastante “listo” para comprender al mismo tiempo que ya en el ánimo de Mallarmé no quedaba sitio para la duda. En adelante, seguirá solo su camino, hipnotizado por su alto ideal, y sin necesitar de aprobaciones ajenas. Ni siquiera necesitará alejarse de sus amigos de la primera hora.

    (Villiers puso en sus manos el cuidado póstumo de sus papeles literarios, y el velar por los intereses de su hijo, y  Mendès se conservó su amigo hasta el fin.) Pero, en adelante, su trato con los otros no pasará de ser una serie de transacciones corteses. Vale la pena de meditar sobre este momento trágico, místico, en la vida de los poetas: llega la hora de embarcarse solo, enteramente solo. Sin cuidarse más que “del blanco afán de nuestra vela”. Y Mendès se deshace en excusas para ante su propia conciencia: No —viene a decir—, yo no creo equivocarme, aunque lo desearía por lo mucho que quise al amigo y lo mucho que respeto la memoria del poeta. ¿Seré incomprensivo? ¿No podré salir de mis hábitos de pensamiento? Porque, en verdad, aunque Mallarmé sea hermético, nunca lo es por charlatanería, y nunca es incongruente. Él tiene su idea: él se propone algo; de él diremos como de Hamlet: “Hay método en su locura”. Y sabemos por Léon Daudet que uno de los recursos de Mendès para atraerse la simpatía de los jóvenes era llevarlos a un rincón de la sala de Víctor Hugo, y allí explicarles los misterios de Mallarmé.

    Tan amargo para los camaradas, Leconte de Lisle juzgaba así:

    Musset es un prosador más que un poeta; Lamartine, poeta intermitente; Víctor Hugo, tan pueril, como sublime; Barbier, carnero con piel de león; Ronsard, versificador de provincia; Autran, bardo marsellés; Bouilhet, despojo último del romanticismo; Zola, un granuja forrado de pedante; Baudelaire, un siniestro farsante; ¿y Mallarmé? ¡Mallarmé es la esfinge de Batignolles!

    Lo proximidad produce errores de perspectiva. Maestro del Simbolismo, Mallarmé para otros no es más que el apogeo del Parnasismo (así lo declaraba Laforgue). En cuanto a Charles Cros (Revue du Monde Nouveau) oídlo: —Mallarmé no es más que un Baudelaire destrozado, cuyos pedazos no han podido juntarse.

   Todavía Poizet recuerda este punto de vista cuando dice, en resumen, que después de Hugo, el esfuerzo sobrehumano de Baudelaire por dar un paso más le costó a éste la felicidad y la razón y que ya a Mallarmé sólo le quedaba hacer lo que hizo: un apéndice a Las Flores del mal. Cierto que pone más en su sitio las figuras cuando compara a Baudelaire con un ángel caído, y a Mallarmé con un dios proscrito que hubiera traído a la tierra los elementos de la energía interior para fabricarse un cielo aparte.

    Jean Moréas, cuando fundó la Escuela Románica, decía despectivamente:

    —El Simbolismo, ese movimiento que yo he inventado en cierto modo… (a reserva de declarar a la hora de la muerte —¡él que tanto anduvo entre escuelas!— que no cabía en las escuelas literarias).

    Otras veces, en la conversación, se deslizaba a decir que Verlaine era “un buen poetilla a la manera de Juan Segundo” y que Mallarmé era “un buen traductor de inglés”.

    René Ghil, preocupado con presentarse a sí mismo como la contrafigura de Mallarmé y con dar carta de ciudadanía en las letras a su “poesía científica”, cree, por una parte (aunque generosamente se lo perdona) que Mallarmé omitió de propósito la mención de la “Escuela René Ghil” en su examen sobre las diversas técnicas del tiempo; y por otra parte, asegura que Mallarmé siguió los preceptos de dicha escuela en cuanto a la “instrumentación verbal”, en un preludio a la Herodiada” de unos sesenta versos que llegó a mostrarle, y que supone a Mallarmé capaz de haber hecho desaparecer después por ojeriza o antipatía literaria. (¿No será esa “Antigua obertura a la Herodiada, unos cien versos, que publicó la Nouvelle Revue Française —1° de noviembre de 1926— y que, según el doctor Bonniot, Mallarmé pensaba rehacer del todo?)

    Según Claudel, el mismo Mallarmé nos daría muestra de estos errores de proximidad, con aquella “incomprensión total de Rimbaud’?. Léase sin embargo la página de las Divagaciones [Medallones y retratos] sobre Rimbaud: “…niño precoz e impetuosamente muy azotado por el ala de la literatura, que, antes de tener casi tiempo para existir, agotó en sí tempestuosas y magistrales fatalidades, sin recursos ante el futuro”.

    Valéry esclarece así la antinomia: Mallarmé, lógico simbolista dado al análisis de las formas, que llega a reducir las leyes físicas a unas cuantas ecuaciones prodigiosamente logradas; Rimbaud, hombre al modo de Crookes o de Curie, que obtienen la captación sensible de fenómenos inefables, que los enriquecen con nuevos hechos el mundo. Rimbaud, descubridor de la armonía de las sensaciones, no se opone a Mallarmé. Rimbaud es un dominio, Mallarmé es un sistema. Y un dominio no se opone a un sistema: son especies de orden diferente.

   Si Mallarmé no acaba de entender a Rimbaud (en quien Claudel ve sobre todo un iluminado, un herido por el rayo de la gracia), es porque Mallarmé prefiere a todas las cosas, según las palabras de una carta con que saludó el primer libro de René Ghil, “la tentativa de no producir nada, así sean maravillas, como efecto del simple azar”. Duda de la legitimidad moral del dinero ganado a la ruleta, y en tal sentido su actitud es una alta lección de lo que llama Juan Ramón Jiménez ética-estética. No cree en la amistad gratis; no le parece honorable concebir en lo irreal.

   ¡Hoy nos es tan fácil, de lejos, ver a Mallarmé aislado, libre de toda esta maraña de escuelas y clasificaciones, al menos en lo que de él nos interesa!

    ¿Otro ejemplo? (que unos llamarán incomprensión y otros comprensión): en 1883, Mallarmé dice a Verlaine: —Sagesse es admirable; pero ¿por qué no continuar las Fiestas galantes? Henry Fouquier se decía representante del buen juicio francés. Escribía unas veintitrés crónicas semanales para diversos periódicos, sobre numerosos asuntos literarios que no entendía. Ni siquiera conocía los nombres de los poetas y de los pintores que juzgaba: A Verlaine le llamaba Verlain; a Laforgue, Lafargue; a Odilon Redon, Odilon Renot. Atribuía a Mallarmé el Traité du verbe de Glu… A la muerte de Verlaine se le ocurrió escribir: “¡Lástima que no haya muerto en el hospital!” A la muerte de Mallarmé escribió en Le Temps un artículo que Gide calificó de indecente y que arrancó a Rémy de Gourmont una observación curiosa: Fouquier cita fragmentos de La penúltima, a título de ejemplo de la demencia de Mallarmé, y Gourmont hace notar que las líneas con que comienza el poema de Mallarmé son tan poco “delirantes” que hasta corresponden a las que emplea Th. Ribot en su Psicología de la atención. En efecto, dice Ribot: “A todo el mundo le ha sucedido sentirse perseguido por un aire musical o por una frase insignificante, que vuelven y vuelven obstinadamente sin ninguna razón especial” (capítulo III, 1). Y dice Mallarmé: “¿Palabras desconocidas cantaron alguna vez entre vuestros labios, jirones malditos de una frase absurda? Y yo salí de mi casa con aquella sensación que daría un ala —arrastrada y leve— al deslizarse sobre las cuerdas de un instrumento, etcétera, etcétera.”

   Paul Masson, el célebre mistificador que también firmaba Lemice-Terrieux, escribe en sus Regards Littéraires d’un Yoghi (La Plume, 1896):

Hace poco, recorriendo una estrofa de Mallarmé, estuve a punto de comprenderla. Hecha la verificación del caso, resultó que mi texto tenía una errata.

 

    Pocos saben que la Nouvelle Revue Française hizo, en 15 de noviembre de 1908, una primera salida en falso, antes de la segunda y definitiva del 19 de febrero de 1909, de suerte que hay dos números 1. La primera vez, Léon Bocquet, en una información publicada bajo el titulo “Contra Mallarmé”, reprodujo cierto artículo de Jean-Marc Bernard. André Gide se indignó, y dijo que exigía la expulsión de Bocquet, porque no podía consentir en que se atacara a Mallarmé, siquiera a título informativo, en una revista donde el nombre de Gide figuraba entre los directores. Otro de los directores, Eugène Montfort, tomó el partido de Bocquet, y optó por retirarse y continuar la publicación de Les Marges. En el segundo número 1, aparece una notita bajo el mismo título: “Contra Mallarmé”, y firmada con las iniciales A. G., en que se declara ayunos de todo sentido crítico a Bernard y a Bocquet.

    Jean-Marc Bernard puede tener cierta gracia en sus epigramas (Oeuvres completes, Au Divan, 1923), pero éste no es de los más felices:

 

Mallarmé doit être marri:

En obtenant pour garniture

Messieurs Royère et Valéry,

Il fait de l’ostréiculture.

 

   Se explica que alguien pueda equivocarse con algunos de los primeros versos de Mallarmé (sobre todo, versos sueltos) y atribuirlos a Baudelaire. Se explica menos, pero también es disculpable, que Paul Morand haya dado por ahí como de Verlaine este verso de Mallarmé: Ayant peur de mourir lorsque je couche seul.

miércoles, 2 de abril de 2025

Ezra Pound y Li Po: Carta de la mujer del mercader del río

 

THE RIVER-MERCHANT’S WIFE: A LETTER

 

While my hair was still cut straight across my forehead

I played about the front gate, pulling flowers.

You came by on bamboo stilts, playing horse,

You walked about my seat, playing with blue plums.

And we went on living in the village of Chōkan:

Two small people, without dislike or suspicion.

At fourteen I married My Lord you.

I never laughed, being bashful.

Lowering my head, I looked at the wall.

Called to, a thousand times, I never looked back.

 

At fifteen I stopped scowling,

I desired my dust to be mingled with yours

Forever and forever, and forever.

Why should I climb the look out?

 

At sixteen you departed

You went into far Ku-tō-en, by the river of swirling eddies,

And you have been gone five months.

The monkeys make sorrowful noise overhead.

 

You dragged your feet when you went out.

By the gate now, the moss is grown, the different mosses,

Too deep to clear them away!

The leaves fall early this autumn, in wind.

The paired butterflies are already yellow with August

Over the grass in the West garden;

They hurt me.

I grow older.

If you are coming down through the narrows of the river Kiang,

Please let me know beforehand,

And I will come out to meet you

As far as Chō-fū-Sa.

By EZRA POUND

After LI PO

CARTA DE LA MUJER DEL MERCADER DEL RÍO

 

Cuando usaba aún el pelo corto sobre la frente

Y jugaba en el portón recogiendo flores,

Viniste montado en una caña de bambú

Y trotaste alrededor de mí, sentada, jugando con ciruelas azules.

Y seguimos viviendo en la aldea de Chokan,

Dos chiquilines sin antipatía ni malicia.

A los catorce años me casé contigo, Mi Señor.

Jamás reí, era tan tímida.

Bajando la cabeza, miraba a la pared.

Por más que me llamaran nunca me volví a mirar.

 

A los quince dejé de ser adusta.

Deseaba que mis cenizas se mezclaran con las tuyas

Para siempre, siempre, siempre.

¿Por qué tuve que subir al mirador?

 

A los dieciséis partiste

Hacia el lejano Ku-to-yen, por el río de locos remolinos,

y has estado ausente cinco meses.

Los monos hacen arriba un doloroso estrépito.

 

Arrastrabas los pies cuando te fuiste.

El musgo crece ahora en el portón

¡Demasiado tupido para arrancarlo!

Las hojas caen prematuras este ventoso otoño;

Las mariposas apareadas amarillean ya en agosto

Sobre la hierba del jardín del oeste.

Me hacen daño. Envejezco.

Si regresas a través de las gargantas del Kiang

Házmelo saber, por favor, anticipadamente:

E iré a encontrarle

En Cho-fu-sa.

RIHAKU

(LI PO)

Traducción de CARLOS VIOLA SOTO

sábado, 15 de marzo de 2025

San Juan de la Cruz y Roy Campbell: Otras coplas a lo divino


Tras de un amoroso lance,

Y no de esperanza falto,

Volé tan alto, tan alto,

Que le di a la caza alcance.

 

Para que yo alcance diese

A aqueste lance divino,

Tanto volar me convino,

Que de vista me perdiese;

Y con todo, en este trance

En el vuelo quedé falto;

Mas el amor fue tan alto,

Que le di a la caza alcance.

 

Cuando más alto subía,

Deslumbróseme la vista,

Y la más fuerte conquista

En escuro se hacía;

Mas por ser de amor el lance

Di un ciego y oscuro salto,

Y fui tan alto, tan alto,

Que le di a la caza alcance.

 

Cuanto más alto llegaba

De este lance tan subido,

Tanto más bajo y rendido

Y abatido me hallaba.

Dije: No habrá quien alcance;

Y abatíme tanto, tanto,

Que fui tan alto, tan alto.

Que le di a la caza alcance.

SAN JUAN DE LA CRUZ

 

OTHER VERSES WITH A DIVINE MEANING BY THE SAME AUTHOR

 

Not without hope did I ascend

Upon an amorous quest to fly

And up I soared so high, so high,

I seized my quarry in the end.

 

As on this falcon quest I flew

To chase a quarry so divine,

I had to soar so high and fine

That soon I lost myself from view.

With loss of strength my plight was sorry

From straining on so steep a course.

But love sustained me with such force

That in the end I seized my quarry.

 

The more l rose into the height

More dazzled, blind, and lost I spun.

The greatest conquest ever won

I won in blindness, like the night.

Because love urged me on my way

I gave that mad, blind, reckless leap

That soared me up so high and steep

That in the end I seized my prey.

 

The steeper upward that I flew

On so vertiginous a quest

The humbler and more lowly grew

My spirit, fainting in my breast.

I said ‘None yet can find the way’

But as my spirit bowed more low,

Higher and higher did I go

Till in the end I seized my prey.

 

By such strange means did I sustain

A thousand starry flights in one,

Since hope of Heaven yet by none

Was ever truly hoped in vain.

Only by hope I won my way

Nor did my hope my aim belie,

Since I soared up so high, so high,

That in the end I seized my prey.

ROY CAMPBELL